Don Simpson († 1996) et Jerry Bruckheimer ont produit ensemble une dizaine de films. "Flashdance" est leur première collaboration et sera suivie par les films suivants :
Avant son association avec Don Simpson, Jerry Bruckheimer avait produit seul ou coproduit les films suivants :
Après le décès de Don Simpson en 1996, Jerry Bruckheimer reprendra sa carrière en solo.
On peut également citer "60 secondes chrono" (2000), "Bad Company" de Joel Schumacher (2002), "Bad Boys 2" de Michael Bay (2003), "Le Roi Arthur" d'Antoine Fuqua (2004), "Benjamin Gates et le Trésor des Templiers" (2004) et sa suite "Benjamin Gates et le Livre des secrets" (2007), "Délivre-nous du mal" de Scott Derrickson (2014), "Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar" de Joachim Rønning et Espen Sandberg (2017) et "Gemini Man" d'Ang Lee (2019).
Il était une fois la face sombre de Hollywood
Arnaud Bordas, 5 juin 2009, Le Figaro Magazine
Soirées de fin de tournage avec alcool, drogue et sexe à volonté, liens ambigus de certaines stars avec la mafia, scandales financiers : les coulisses de « l'usine à rêves » ne sont pas toujours reluisantes. Récit.
Il fut l'une des figures les plus importantes du cinéma hollywoodien des années 80-90. Avec son complice, Jerry Bruckheimer, il produisit des succès fracassants comme "Flashdance", "Le flic de Beverly Hills", "Top Gun", "Bad Boys", "Esprits rebelles" ou "Rock". Le 19 janvier 1996, vers 1 heure du matin, épuisé par une vie placée sous le signe de l'argent, de la drogue, du stress et des mœurs les plus extrêmes, Don Simpson, 52 ans, s'écroule sur le carrelage de ses toilettes. Mort. L'ascension et la chute de ce nabab pas comme les autres, retracées dans l'ouvrage "Box-office" de Charles Fleming, est particulièrement symptomatique du microcosme hollywoodien, de sa violence et de sa démesure. Redoutablement énergique, créatif, intelligent, généreux et franc, mais aussi narcissique, instable, paranoïaque, mythomane, obsédé, arrogant, tyrannique et autodestructeur, Don Simpson, élevé dans les quartiers difficiles d'Anchorage, en Alaska, avait gravi les échelons de la gloire à la seule force de sa volonté. Très impliqué dans la fabrication de ses films, il inventa la formule du high concept, qui consistait à trouver une idée de film qui puisse se résumer en une phrase. Si Bruckheimer était le calculateur froid et bosseur du duo, ne cachant pas le mépris qu'il avait pour son public, Simpson, lui, aimait vraiment ce qu'il faisait.
Ayant apporté au studio Paramount quelques-uns des plus gros succès des années 80, il connut l'apogée de sa carrière entre 1986 et 1987, avec "Top Gun" et "Le flic de Beverly Hills 2". Les soirées de débauche (avec cocaïne, sexe et alcool à volonté) qui suivaient les journées de tournage de ces deux blockbusters participèrent à édifier la légende sulfureuse de Simpson. Grisé par les centaines de millions de dollars amassés grâce à ses films, le producteur s'immergea peu à peu dans un monde nocturne, fait de filles faciles, de bad boys (comme le détective corrompu récemment condamné Anthony Pellicano, qui « arrangea » de nombreuses affaires pour le compte de Simpson) et de soirées décadentes. Sa luxueuse villa hollywoodienne, véritable caverne d'Ali Baba des substances illicites, voyait défiler de nombreuses prostituées, toutes rabattues par Mme Alex et Heidi Fleiss, les deux plus grandes maquerelles hollywoodiennes de cette période. Obsédé par son apparence et complexé par son physique, le tycoon pratiquait la musculation à hautes doses, faisait appel aux services des chirurgiens esthétiques les plus réputés et dépensait des fortunes en vêtements de marque et en voitures de luxe.
Ce train de vie éreintant ne dura pas : en 1990, "Jours de tonnerre", sorte de "Top Gun" situé dans le milieu des courses automobiles, connaît un tournage catastrophique, suivi d'une sortie en salles décevante. Il marque le début de la fin pour Simpson. Convaincu d'être une star, il comptait sur "Jours de tonnerre" pour s'imposer en tant qu'acteur. Abattu par sa prestation pitoyable, peu concerné par les nouveaux projets de sa propre société, il sombre peu à peu dans la déprime. Il ne travaille quasiment plus, laissant son associé Jerry Bruckheimer faire tourner leur entreprise sans lui, alors même qu'ils ont rejoint le giron du studio Disney. Il ingurgite anxiolytiques et antidépresseurs, consomme de grandes quantités de cocaïne et se nourrit jour et nuit de hamburgers et de beurre de cacahuète. On connaît la suite.
L'histoire tragique de Don Simpson ne peut être mise sur le seul compte de la décadence hollywoodienne propre aux années 80-90. Cette ivresse du pouvoir et des vices y afférant est née avec la Mecque du cinéma. Comme le montre Tim Adler dans "La mafia à Hollywood", les sommes d'argent astronomiques manipulées par l'industrie du cinéma ont toujours nourri la volonté de puissance des uns et des autres. Dès les débuts des grands studios, la pègre s'intéresse aux profits impressionnants qu'ils dégagent et les stars raffolent déjà des plaisirs interdits. En 1916, le pape de la magie noire, Aleister Crowley, qui connaît bien ce milieu, décrit Hollywood comme « la faune du cinéma composée de malades fous de cocaïne ».
En réalité, ce sont bel et bien les patrons des studios qui ont ouvert les portes de leur industrie au crime organisé. Dans les années 30, ils emploient les services de nombreux porte-flingues du milieu pour briser les grèves qui paralysent les plateaux et, à l'issue de leur mission, les gangsters finissent par se retourner contre leurs employeurs. Les décennies suivantes consacreront les noces funestes du crime et de l'image. Tandis que Jean Harlow poursuit une liaison avec le gangster Longy Zwillman, Joan Crawford utilise carrément les services de la pègre pour faire disparaître un film pornographique qu'elle avait tourné à ses débuts ! À la même époque, le légendaire Bugsy Siegel - réputé le gangster le plus élégant de son époque, c'est lui qui créa Las Vegas - sort avec des actrices comme Lana Turner ou Ava Gardner, fréquente des ma gnats du cinéma comme Jack Warner ou Louis B. Mayer et des stars comme Gary Cooper, Clark Gable ou Cary Grant. Quant à la blonde Kim Novak, le studio Columbia va jusqu'à faire appel au mafieux Mickey Cohen pour la dissuader de poursuivre sa liaison jugée scandaleuse avec l'acteur noir Sammy Davis Jr...
L'anecdote qui montre le mieux cette collusion entre les milieux du cinéma et du crime figure dans le film "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, lorsqu'un producteur, après avoir refusé d'engager dans son film un chanteur ami de la mafia, se réveille dans son lit avec, près de lui, la tête coupée de son cheval préféré.
Quand la mafia se recycle dans le cinéma porno
Cette histoire fut en fait inspirée par la manière dont Frank Sinatra, très proche de gangsters comme Lucky Luciano ou Sam Giancana et qui construisit sa carrière avec l'appui de la mafia, obtint le rôle qui allait lui valoir un Oscar dans "Tant qu'il y aura des hommes", en 1953... Avec l'accession de John F. Kennedy à la présidence des États-Unis, tandis que Marilyn Monroe passera des bras de Sam Giancana à ceux de « Mister President », Sinatra s'éloignera peu à peu de ses amis gênants.
Dans les années 70-80, jusque-là très active au sein même des studios, la mafia se recycle dans l'industrie naissante du film pornographique, où elle empochera des centaines de millions de dollars, puis dans la finance (elle sera impliquée dans le scandale du rachat de la MGM par le financier véreux Giancarlo Parretti).
Et aujourdhui ? Réduite à l'état de petite entreprise provinciale comme on le voit dans la série "Les Soprano", la mafia s'est éloignée de Hollywood. C'est en tout cas ce qu'assure Tim Adler. Une affirmation dictée par l'observation des faits ou par la prudence ?