titre original | "American Gigolo" |
année de production | 1980 |
réalisation | Paul Schrader |
scénario | Paul Schrader |
photographie | John Bailey |
musique | Giorgio Moroder |
production | Jerry Bruckheimer |
interprétation | Richard Gere, Lauren Hutton |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Variation admirable sur le thème de la régénérescence morale par l'amour. Et puis, quelle spectatrice n'a pas rêvé de s'offrir Richard Gere ?
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Après les deux réussites artistiques que furent "Blue Collar" et "Hardcore", films où le fond ne cède en rien à l'esthétique, Paul Schrader, sous la houlette de Jerry Bruckheimer, bascule brutalement dans le clinquant des années 80. Pour preuve, Giorgio Moroder, le roi du disco, succède à Jack Nitzsche qui avait mis en musique les deux premiers opus du réalisateur débutant.
C'est donc sur l'air tressautant de "Call Me" (Blondie) que l'on fait connaissance avec Julian Kaye (Richard Gere), jeune gigolo au charme androgyne, qui ravit de ses faveurs tarifées toutes les femmes fortunées qui désirent se promener dans les endroits chics de L.A. au bras d'un beau jeune homme aux manières distinguées. Julian a beau nous montrer son bel appartement, ses nombreuses tenues assorties et sa musculature saillante qu'il entretient comme un ouvrier polirait son outil de travail, il n'en demeure pas moins un prostitué qui dépend de commanditaires cyniques, qui quelquefois l'envoient sur des coups pas toujours gratifiants, la caste des gens fortunés un peu blasés goûtant les plaisirs où domination et soumission sont la règle.
Très autocentré et grisé par un succès dont il n'a pas saisi le côté factice, Julian s'imagine indestructible. Il vérifiera douloureusement la fragilité de son statut quand une sale affaire lui tombera dessus. Schrader, qui n'aime rien tant que les chemins de croix suivis d'une rédemption douloureuse, est à son affaire, en profitant au passage, bon puritain qu'il est, pour dénoncer la vacuité de la vie luxueuse de la société huppée de la côté Ouest. Mais trop enclin à magnifier le charisme de son acteur qui va percer durablement après ce rôle (refusé dans un premier temps par l'agent de John Travolta), il ne retrouve pas la force narrative de "Blue Collar" ou de "Hardcore", son récit assez répétitif tournant un peu à vide.
Avec le recul, on peut trouver le jeu de Richard Gere assez outrancier et le voir beaucoup plus convaincant dans des rôles antérieurs comme dans "Les Chaînes du sang" ou encore "Les Moissons du ciel". Mais la superficialité de l'époque lui a permis, grâce à ce rôle, de devenir une icône sexuelle, image dont il a eu du mal à se défaire même l'âge mûr venu.
Aujourd'hui le film n'a de réelle valeur que comme témoignage d'une époque. Si vous voulez voir Schrader à son meilleur, il vaut mieux en revenir à ses deux premiers films réalisés sans la surcharge visuelle qui plombera un peu son travail par la suite.
Le générique de "American Gigolo" conçu par Dan Perri