titre original | "The Lone Ranger" |
année de production | 2013 |
réalisation | Gore Verbinski |
scénario | Justin Haythe, Ted Elliott et Terry Rossio |
photographie | Bojan Bazelli |
musique | Hans Zimmer |
interprétation | Johnny Depp, Armie Hammer, Tom Wilkinson, Helena Bonham Carter, Barry Pepper, Damon Herriman |
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Flop monumental.
‘Pseudo’ western post-moderne produit par Disney et Jerry B. En fait, un "Pirates des Caraïbes" au Far West. Si on veut bien d’Helena Bonham Carter en maquerelle à la jambe de bois, ça s’arrête là !
Depp - lessivé - est peinturluré en mort-vivant, la durée (c’est la pandémie actuelle) est insupportable, la construction en flashbacks nullissime, le scénario inexistant…
Pour les auteurs de cette horreur, le western se résume à Sergio Leone avec son ultraviolence sadique et ses dérives baroques (innombrables références au mythique "Il buono, il brutto, il cattivo").
Quelques décors somptueux quand même (le lupanar géant, la ville de l’Ouest), mais le budget monstrueux (qui n’apparaît pas forcement toujours à l’écran) précipita le désastre industriel.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Gore Verbinski et Johnny Depp sont devenus complices depuis que l'acteur a un peu relâché sa collaboration avec Tim Burton qui commençait à tourner en rond. Les ambitions du duo sont davantage tournées vers l'entertainment et cela s'est matérialisé avec la franchise "Pirates des Caraïbes" initialisée sous l'égide des studios Disney. "Lone Ranger", tiré d'un personnage de radio né en 1933 et repris en série télévisée entre 1949 et 1957, s'inscrit exactement dans la même démarche. Ce type de pari très coûteux est toujours risqué, mais il peut s'avérer juteux s'il parvient à générer des suites.
Le pari a été ici raté, et l'on peut penser que "Lone Ranger, naissance d'un héros" sera l'unique numéro de cette franchise mort-née. La raison en est somme toute assez simple. Du duo constitué entre Lone Ranger (Armie Hammer) et Tonto (Johnny Depp), aucun des deux n'est assez charismatique pour enthousiasmer le public et lui donner envie de suivre les aventures sur plusieurs épisodes. Johnny Depp notamment, en indien mutique avec son oiseau mort sur le crâne, avait toutes les chances de décevoir les fans des frasques colorées de Jack Sparrow. Il faut bien avouer que l'acteur lui-même paraît un peu s'ennuyer derrière son maquillage. Ce n'est pas Armie Hammer, honnête acteur sans grande personnalité, qui peut relever le défi. À partir de là, peu de chance de remporter la mise.
Pourtant, le film ne manque pas d'atouts avec son côté référentiel qui voit Verbinski se balader quelque part entre John Ford pour le goût des grands espaces (Monument Valley si cher à John Ford et John Wayne) et Sergio Leone pour l'approche des personnages. On appréciera aussi la poursuite finale en chemin de fer, avec son jeu d'équilibrisme qui rappelle le temps du muet et les péripéties des Buster Keaton, Charlie Chaplin et Harold Lloyd. La beauté des paysages à couper le souffle permet aussi de combler les quelques longueurs du film.
Un film à réhabiliter malgré tout, qui ne dépare pas, loin de là, dans la production décérébrée actuelle et à qui le temps rendra sans doute justice.

La chronique de Seb Lecocq