titre original | "Thief" aka "Violent Streets" |
année de production | 1981 |
réalisation | Michael Mann |
scénario | Michael Mann |
photographie | Donald E. Thorin |
musique | Tangerine Dream |
production | Jerry Bruckheimer et Ronnie Caan |
interprétation | James Caan, James Belushi, Willie Nelson, Tuesday Weld, Robert Prosky, Dennis Farina, William Petersen |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Un portrait attachant de truand à la recherche du gros coup pour se ranger. Pas très bon acteur, James Caan lui donne, avec l'aide du scénario, une certaine épaisseur psychologique. La mise en scène de Mann renoue avec la grande tradition du thriller.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"Le Solitaire", le premier film de Michael Mann, marque la naissance d'un cinéaste dont le style visuel est aujourd'hui reconnu comme une référence. Cette variation sur le monde des perceurs de coffres-forts apporte une rupture dans l'approche du genre, à ce point décisive qu'elle sera en grande partie reprise par William Friedkin quatre ans plus tard dans "Police fédérale, Los Angeles", faisant accomplir à ce dernier une évolution radicale par rapport au style documentaire de "French Connection" qui lui avait ouvert grand la voie du succès et de la reconnaissance critique.
Michael Mann, c'est une approche essentiellement visuelle et musicale du cinéma où les dialogues ne sont là que pour dire l'essentiel. Il s'inscrit dans une lignée de réalisateurs tels Jean-Pierre Melville avant lui ou Nicolas Winding Refn aujourd'hui, pour qui le comment importe plus que le pourquoi des choses. Frank (James Caan) n'est pas un héros haut en couleurs comme autrefois les Bogart ou Cagney, mais juste un type sorti de prison devenu un artisan indépendant qui évite de se lier affectivement de quelque manière que ce soit pour ne pas replonger.
L'entrée en matière de Mann magistrale, rythmée au son de la musique robotique et planante de Tangerine Dream, propose clairement l'assimilation de Frank avec un travailleur des hauts fourneaux qui doit gagner son argent à la sueur de son front. Mann repousse donc d'entrée les archétypes habituels du genre qui drapent généralement le héros de tous les attributs de la séduction. Frank est, au contraire, plutôt frustre et maladroit. Sa conduite prudente ajoutée à son caractère réservé sont le meilleur gage de sa sécurité.
Dérogeant par amour à ses préceptes précieusement observés jusqu'alors, Frank va alors entamer son chemin de croix. Par ce cheminement, Mann rejoint la tradition du genre qu'il n'entend pas bouleverser, mais juste imprégner de ses partis pris esthétiques. Le film offre donc un alliage parfait entre tradition et innovation qui fera le succès des films noirs à venir de Michael Mann ("Heat", "Collatéral", "Miami Vice"). James Caan est bien sûr parfait dans ce rôle tout à la fois minéral et instinctif, tout comme Robert Prosky, grand acteur de théâtre débutant ici à l'écran qui se montre parfait en chef mafieux dégoulinant de mièvrerie calculée.
Ceux qui se sont emballés pour l'opus aérien et froid que constituait "Drive" de Nicolas Winding Refn pourront, en regardant "Le Solitaire", mesurer tout ce que le film du Danois, sans doute un peu surfait, doit à son aîné.
La photographie étant au centre du cinéma de Michael Mann, il convient de saluer le travail du chef-opérateur Donald Thorin.
Une version remastérisée en Blu-ray agrémentée d'un livret iconographique de Michael Henry Wilson est disponible chez Wild Side Video.
Bande-annonce modernisée du "Solitaire" © Dan McBride