D'après la série télévisée
titre original | "Miami Vice" |
année de production | 2006 |
réalisation | Michael Mann |
scénario | Michael Mann |
photographie | Dion Beebe |
costumes | Janty Yates |
interprétation | Colin Farrell, Jamie Foxx, Gong Li, Naomie Harris, Ciarán Hinds |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Mann soigne image et bande-son, finissant par créer une atmosphère onirique et établir une tension permanente.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Avec "Miami Vice", qui est seulement son neuvième long métrage à près de 63 ans, Michael Mann va disposer du plus gros budget de sa carrière. Très soucieux de l’aspect esthétique de ses films, il va pouvoir, avec cette transposition à l’écran de la série culte "Miami Vice" dont il a été le créateur et le producteur, aller au bout de ses ambitions.
Tourné entièrement en numérique, le film conserve certes l’ossature narrative de la série (le scénario est directement inspiré l’épisode 16 de la première saison), mais ne reprend pas la coolitude qui se dégageait des deux acteurs de la série, notamment de Don Johnson remplacé par l’acteur irlandais Colin Farrell, beaucoup plus sombre, et qui visiblement ne semble pas à l’aise dans les costumes trop grands pour lui de l’inspecteur James « Sonny » Crockett.
L’intérêt de Mann semble s’être porté ailleurs, notamment dans la gestion des scènes d’action et dans la magnificence esthétique qu’il obtiendra des paysages terrestres et surtout maritimes de Miami. Sans doute très occupé avec son directeur de la photographie Dion Beebe, tout juste oscarisé pour "Mémoires d’une geisha" de Rob Marshall et qu’il a côtoyé sur "Collatéral", son plus gros succès, Mann a visiblement relâché sa direction d’acteurs. Preuve de l’influence de Dion Beebe, Gong Li (par ailleurs excellente), actrice principale de "Mémoires d’une geisha", est intégrée au générique.
Le résultat de ce parti pris ne s’est pas fait attendre, Avec sa vision désincarnée de l’humanité supplantée par les machines, aussi rutilantes soient-elles, "Miami Vice" peut se résumer à un long video clip où Michael Mann étale toute sa maîtrise technique. Les spectateurs n’ont pas été dupes qui n’ont pas répondu à l’appel, le film parvenant seulement à rembourser son budget. Ce qui n’est pas si mal après ce qui vient d’être écrit.
La suite de la carrière du réalisateur génial du "Solitaire", du "Sixième sens" ou de "Heat" se résumant à deux films sans grand intérêt, montre sans doute que déjà quand il tournait "Miami Vice", Michael Mann n’avait plus grand-chose à exprimer. Très intelligent, il le savait sans doute avant tout le monde. Hollywood qui s’attarde rarement en chemin en a rapidement pris acte.
La critique de Pierre
Bon, ben c'est de la balle, et je crois que c'est mon Michael Mann préféré depuis "Heat" (11 ans déjà) :
- "Révélations" et "Ali" étaient bons, mais je préfère Mann dans son élément naturel, à savoir les flics et les truands (même si lui se défend de revenir volontairement à ce genre-là, je n'en crois pas un mot) ;
- "Collatéral" était visuellement splendide, mais sur un mauvais scénario, ce qui n'est pas le cas ici.
On peut recenser à l'infini toutes les caractéristiques de l'auteur dans ce "Miami Vice" : musique affiliée ambient, la ville, la nuit, la ville la nuit, l'amour impossible, la mer (superbe plan de Colin Farrell matant la plage au loin au milieu d'une conversation avec un indic), le détail du travail des policiers... on y est encore demain.
Bref, au rayon des nouveautés dans l'univers de Mann, Gong Li est excellente dans un rôle inhabituel pour elle, et son idylle avec le Farrell, particulièrement convaincante et émouvante (moi, je frissonne à la fin).
C'est un des tous meilleurs films de l'année à coup sûr.
Quelques bémols :
- une absence de méchant marquant, mais le suspense du film est assuré par l'histoire des agents undercover et le risque permanent qu'ils soient démasqués ;
- un filming caméra à l'épaule, qui me fait regretter le Michael Mann première manière, avec ses plans hyper composés.
Présentation de "Miami Vice" par Jean-Baptiste Thoret au Centre des arts d'Enghien-les-Bains
dans le cadre du cycle "Pleins feux sur le cinéma américain" en 2014-2015