titre original | "Collateral" |
année de production | 2004 |
réalisation | Michael Mann |
photographie | Dion Beebe |
musique | James Newton Howard |
interprétation | Tom Cruise, Jamie Foxx, Jada Pinkett Smith, Mark Ruffalo, Javier Bardem |
La critique de Pierre
Un super film, dont le scénario n'égale pas le génie de sa mise en scène, et c'est dommage. Mais de grands moments typiques Michael Mann : la scène de la boîte, inoubliable, le club de jazz, tous les moments avec juste le taxi qui roule, le loup sans yeux (référence à Gans), tous les choix musicaux (j'achète la B.O. dans les heures qui arrivent), les éclairages de folie sur les visages. On aurait presque pu se contenter des images urbaines avec la musique.
Peut-être effectivement le meilleur film de l'année, faut que je mature le truc.
Franchement, quel autre réalisateur américain a autant de talent ??? ET NE ME SORTEZ PAS BURTON !!!
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Avec "Collatéral", Michael Mann se replonge dans l'ambiance du thriller urbain qui lui a jusqu'alors permis de donner le meilleur de lui-même. Ses tentatives d'apprivoiser d'autres univers se sont, il faut bien l'avouer, révélées beaucoup moins convaincantes ("La forteresse noire", "Le dernier des Mohicans", "Ali").
Au sortir d'"Ali" qui, trois ans plus tôt, a été un échec commercial et critique, le réalisateur saisit l'occasion qui lui est offerte de se remettre au travail via Russell Crowe avec qui il a tourné "Révélations" (1999) et qui est sur le point de s'engager sur le projet d'adaptation d'un scénario de Stuart Beattie relatant l'étrange pérégrination d'un chauffeur de taxi (Jamie Foxx) chargeant un tueur à gages dans New York devant accomplir cinq contrats en une nuit. Mais Russell Crowe part sur un autre projet et laisse Michael Mann en panne d'un acteur principal pour tenir le rôle du tueur.
C'est alors Tom Cruise qui débarque pour ce qui sera sans aucun doute l'une de ses meilleures prestations. Mann déporte l'action à Los Angeles et s'embarque pour un nouveau tournage tumultueux. L'entente avec Cruise est paradoxalement sans nuages, c'est donc avec l'équipe technique que les choses se gâteront. Au bout de trois semaines, le chef-opérateur Paul Cameron est débarqué et le chef éclairagiste Phil Walker démissionne dans la foulée.
Le résultat final plus que satisfaisant au niveau du box-office, permettant à Mann de retrouver une grande part de sa crédibilité, est un peu plus mitigé quant à son appréciation critique. Si la performance de Tom Cruise est en tout point remarquable, véritable fauve à la sensualité troublante tendu vers son objectif, et si l'approche visuelle de Mann est encore une fois époustouflante, rendant parfaitement l'horizontalité tentaculaire de L.A. filmée de nuit dans des tons abricots, on peut émettre quelques réserves sur la rigueur scénaristique.
Un peu relâché aux coutures, le scénario exige du spectateur qu'il se laisse convaincre d'invraisemblances qui auraient pu largement être contournées, le propos initial suffisamment fort et simple ne réclamant aucune des circonvolutions un peu hasardeuses que Mann n'a pas corrigées du script de Stuart Beattie. On pense notamment à la scène entre Javier Bardem et Jamie Foxx à ce point irréaliste qu'elle en devient superfétatoire. Il faut donc concentrer son regard sur un Tom Cruise complètement habité pour suivre avec le plus grand plaisir cette déambulation mortifère parfaitement rythmée par la composition hypnotique de James Newton Howard.
S'il retrouve un peu de la magie de son cinéma avec ce film curieusement bancal et inabouti, Michael Mann signait avec "Collatéral" son chant du cygne, n'ayant pas laissé un souvenir impérissable avec ses trois productions suivantes ("Miami Vice", "Public Enemies" et "Hacker"). D'ailleurs, depuis le flop monumental de "Hacker" en 2015, le parfois génial mais aussi parfois déroutant Michael Mann semble un peu en retrait.
Les logos Paramount et DreamWorks détournés pour "Collatéral"
Très sobre, ce logo détourné en noir et blanc renforce le côté "polar noir" du film, à la photographie duquel un hommage est ainsi rendu. La séquence est strictement identique à la version couleur : aucune fioriture n'entache l'animation.