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"Mondwest"

Le premier film de Michael Crichton

Mondwest - affiche

titre original "Westworld"
année de production 1973
réalisation Michael Crichton
scénario Michael Crichton
interprétation Yul Brynner, James Brolin, Richard Benjamin, Dick Van Patten, Norman Bartold
 
suite "Les Rescapés du futur" de Richard T. Heffron, 1976

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Michael Crichton est en premier lieu un écrivain spécialisé dans les romans de science-fiction apocalyptiques. Il est passé rapidement à la réalisation pour mettre en scène ses propres scénarios à plusieurs reprises. Ses films ont toujours été dignes d'intérêt. Il a accédé à la célébrité mondiale grâce à la mise en chantier par Steven Spielberg de son roman "Jurassic Park" qui, en plus d'ouvrir la voie à une nouvelle ère pour les effets spéciaux, a réactivé l'intérêt des spectateurs pour les films de dinosaures.

"Mondwest", son premier film, peut être vu comme la prémonition du devenir de notre société de consommation qui est de plus en plus artificielle, refusant toute idée de risque. Il s'agit ici d'offrir à de riches bourgeois la possibilité d'assouvir toutes leurs pulsions refoulées (meurtres, orgies) dans un parc d'attraction proposant un voyage dans le temps à trois époques reculées réputées pour la dureté de leurs mœurs : le Far West, l'empire romain et le Moyen-Âge. On voit donc de petits bourgeois étriqués, sans doute brimés par leur chef dans les grandes cités, venir s'encanailler dans ce paradis artificiel où l'on peut tuer et violer des robots conçus par l'homme et gérés à distance par toute une armada de techniciens anticipant les désirs de leurs chers clients.

Seulement, l'homme qui joue une fois de plus à l'apprenti sorcier, oublie que les êtres opprimés peuvent se révolter contre leur propre créateur. Le thème est vieux comme le cinéma et a été maintes fois repris depuis "Frankenstein". Les choses vont donc progressivement et imperceptiblement se dérégler jusqu'à ce que les robots prennent leur totale indépendance et tuent les clients du parc d'attraction. Crichton parvient admirablement à faire monter la tension, tout en parsemant son film de moments plus drolatiques où ils se moquent de ces petits bourgeois qui finissent, après bien des hésitations et des craintes, par se prendre au jeu.

La prestation de Yul Brynner en robot devenu fou est proprement stupéfiante, au point que l'on peut se dire qu'il ressemble vraiment à un robot, alors que généralement, c'est plutôt en sens inverse que la comparaison s'opère. On peut être sûr que le poltron incarné par le très convaincant Richard Benjamin ne se fera plus reprendre au piège.

La même problématique sera reprise vingt ans plus tard, de manière encore plus spectaculaire, par Steven Spielberg avec "Jurassic Park" adapté d'un autre roman de Michael Crichton le bien-nommé.

La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains

Une bande de larves issues de la société de consommation capitaliste américaine (notamment Dick Van Patten et Norman Bartold, juste splendides) cherchent à assouvir leurs pulsions les plus basses (à savoir soif de sexe et de violence) dans un parc animé par des cyborgs.

Tout finira par se détraquer. Et c’est un vestige de l’ancien temps des studios (Yul Brynner déguisé en Chris des "Sept Mercenaires" !) qui fera tout pour leur faire la peau !

Mondwest - Les sept mercenaires
Yul Brynner dans "Mondwest" / Yul Brynner dans "Les Sept Mercenaires"

"Mondwest", c’est la préhistoire, avant "Terminator", "Jurassic Park" (adaptation du roman éponyme de Crichton) et les effets spéciaux numériques. C’est aussi un premier film remarquable. Une suite (ridicule), des ersatzs minables ("Welcome to Blood City") et même deux séries télé suivront. Production difficile (manque d’argent, révision du script quotidienne, pression sur le cinéaste débutant…). Au final, des effets spéciaux super fauchés, mais une rigueur dans la narration magistrale et une utilisation brillante du 2.35, Crichton - et le spectateur lui dit merci - s’entourant aussi d’un essaim de beautés propres à donner le vertige…

Comme "Duel" ou "Massacre à la tronçonneuse", le film abandonne son héros (Richard Benjamin moustachu et excellent), traumatisé et complètement seul.

Acteur hyper viril parfois superbe ("Les Dix Commandements", "Les Boucaniers", "La Griffe"…) et parfois médiocre ("Taras Bulba", "Villa Rides", "Catlow"…), Yul Brynner est tout simplement magnifique en robot tueur.

Chef-d’œuvre super camp à la narration magistrale, mais aussi critique impitoyable de la société de consommation américaine.

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Remarquable film de science-fiction sur le monde des robots que reprendra Crichton, metteur en scène et scénariste, dans "Runaway, l'évadé du futur". Un coup de maître : transformer le Yul Brynner des "Sept Mercenaires" en robot. Cette fois, Brynner est excellent !

L'avis des frères Coen

C'est l'"Avatar" du western ! Un film où les cow-boys sont des robots assassins ! On a toujours adoré ce genre de séries B. On aime davantage Yul Brynner ici que dans "Les Sept Mercenaires". Pareil avec Dean Martin : on le préfère dans "Texas, nous voilà", une comédie western avec Alain Delon, que dans "Rio Bravo", un très bon film, il faut le reconnaître. Notre truc, ce sont les films qui sortent de l'ordinaire par leur fantaisie ou leur folie. "Johnny Guitar", par exemple, est un western totalement délirant, avec des acteurs complètement cinglés : Joan Crawford, Sterling Hayden... On est persuadé qu'il a été produit pour détendre une atmosphère alors trop lourde à Hollywood. Il fallait casser les codes et se lâcher.

Références

- Référence aux "Sept Mercenaires" : cf. plus haut.
- Référence dans "Iron Man 3" : « You like that, Westworld? » (Tony Stark à Eric Savin).

Delos, the vacation of the future, today!

Dans un futur proche (1983), la robotique ayant atteint des progrès considérables, les riches touristes ont désormais la possibilité de passer des vacances originales dans le parc d'attractions Delos. Ce complexe de loisirs, dans lequel des androïdes remplacent les humains, permet à ses visiteurs en mal de sensations fortes et de dépaysement de se retrouver à l'époque de leur choix - romaine, médiévale ou conquête de l'Ouest (The Westworld, 1880).
On remarquera l'allusion aux quatre mondes de Disneyland : Adventureland, Frontierland, Fantasyland et Tomorrowsland, Disney s'étant lui-même inspiré des expositions universelles comme celle de Chicago en 1893 qui offrait aux visiteurs la découverte de « mondes » (Orient, Inde, etc.). C’est d'ailleurs en découvrant le buste animatronique d’Abraham Lincoln dans un parc Disney que Michael Crichton eut l’idée de "Mondwest".

Les trois couleurs du logo représentent respectivement les trois univers que sont le Far West (bleu), le Moyen-Age (rouge) et la Rome antique (jaune).

Mondwest - affiche alternative
Affiche alternative de "Mondwest" © Matt Ferguson

Mondwest - générique

FilmsFantastiques.com, L'Encyclopédie du Cinéma Fantastique
La chronique de Gilles Penso