Menu Fermer

"Les Chiens de paille"

« This is where I live. This is me. I will not allow violence against this house. »

Les chiens de paille - affiche

titre original "Straw Dogs"
année de production 1971
réalisation Sam Peckinpah
scénario David Zelag Goodman et Sam Peckinpah, d'après un roman de Gordon Williams
photographie John Coquillon
musique Jerry Fielding
interprétation Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan, David Warner (non crédité)
 
version suivante "Chiens de paille" de Rod Lurie, 2011

Le titre du film

Il s'agit d'une référence au chapitre cinq du "Tao tö King" ("Livre de la Voie et de la Vertu"), texte majeur du taoïsme que la tradition attribue à Lao Tseu :
« Le ciel et la terre sont inhumains, ils utilisent des milliers d'êtres pour faire le chien de paille.
L'homme sacré est inhumain, il utilise une multitude de noms pour faire le chien de paille. »
Une autre traduction de ce passage :
« Le ciel et la terre n'ont point d'affection particulière. Ils regardent toutes les créatures comme le chien de paille.
Le Saint n'a point d'affection particulière ; il regarde tout le peuple comme le chien de paille. »
Des chiens de paille étaient utilisés lors de sacrifices religieux dans la Chine ancienne.

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Premier film de Sam Peckinpah à n'être pas un western, "Les Chiens de paille" repose cependant, de manière transposée, sur les schémas et thèmes propres au genre, à commencer par la lutte armée pour la défense et l'intégrité d'un territoire. Tout comme le cinéaste lui-même en a fait l'expérience quand il a cherché à vivre hors des États-Unis, le protagoniste découvre que la violence est partout. Le sujet réside alors dans la façon dont celui-ci va l'appréhender. Détournant le médiocre roman en faveur de l'autodéfense qui a servi de base au scénario, Peckinpah s'ingénie à démonter - avec un sens de la mise en scène, une maîtrise de la construction et un art du montage consommés - les mécanismes de l'escalade de la violence et à révéler le processus de fascisation dans lequel s'enferme le héros qui, à une violence primaire, épidermique, naturelle, oppose une violence froide, raisonnée, scientifique.

Références dans la littérature française

Le film est évoqué par Christian Authier dans son roman "L'Ouverture des hostilités" (2022) : « Au collège d'abord puis surtout au lycée et durant les premières années de fac, ils ne s'étaient privés de rien. Christophe et Frédéric voyaient au moins trois films par semaine au cinéma. Si La Guerre des étoiles, contrairement à la plupart de leurs condisciples, les avait laissés de marbre, la découverte de Voyage au bout de l’enfer, d'Apocalypse Now, de Manhattan, de Raging Bull, de Shining ou de La Guerre du feu les avait marqués durablement. Les sorties étaient riches, mais les reprises permettaient de combler certaines lacunes et curiosités. Ils avaient vu ainsi, avec quelques années de retard, des films au parfum de soufre comme L'Exorciste, Les Chiens de paille, Délivrance ou Taxi Driver, interdits au moins de treize ans. L'interdiction aux moins de dix-huit ans, frappant notamment Portier de nuit ou Orange mécanique, excitait d'autant plus leur appétit. De toute façon, le film de Kubrick n'était jamais programmé à Toulouse. » (extrait du chapitre 7)

Le film est également cité par Tanguy Viel dans son livre "Hitchcock, par exemple" (2010) :
« J'ai en sainte horreur, je dois le dire, le cinéma de David Lynch et de Stanley Kubrick. Trop de boursouflures, trop de contre-plongées fatigantes, trop de nains rieurs et de recoins surexposés. Dès que je parle de cet effrayant duo de réalisateurs, j'ai même une certaine tendance à l'énervement. Je m'énerve, en vérité, contre le démon kubricko-lynchien qui sévit dans le monde de la cinéphilie et qui serait prêt à placer cinq Stanley Kubrick et cinq David Lynch dans les dix meilleurs films de tous les temps. Dans ma liste à moi, bien sûr, il n'y en a pas.
Dans ma liste à moi, il y a Les Chiens de paille de Sam Peckinpah. Il y a Le Dictateur de Chaplin. Il y a Le Sacrifice de Tarkovski. Il y a aussi Johnny Guitare de Nicholas Ray et Vous ne l'emporterez pas avec vous de Frank Capra. Il y aussi Les Amants crucifiés de Mizoguchi et Mission : impossible de Brian De Palma. Il y a The Party, de Blake Edwards et Une étoile est née de George Cukor. Il y a aussi Le Limier de Mankiewicz et même Rabbi Jacob. Il y a Pandora et Rashomon et Théorème. Entre autres. Sauf qu'à la fin, quand j'ai compté ma liste de mes dix films préférés, il y en avait vingt-trois. Je me suis dit : mon jeune ami, tu ne peux quand même pas envoyer à une revue de cinéma aussi prestigieuse qui te fait l'honneur de publier tes préférences, tu ne peux quand même pas lui envoyer un top twenty-three quand on te demande un top ten. »

Blu-ray et DVD The Criterion Collection des "Chiens de paille"
Dustin Hoffman et Sam Peckinpah sur le tournage des "Chiens de paille"

Les chiens de paille - affiche

Les chiens de paille - générique

Couverture de l'ouvrage collectif "Sam Peckinpah"
éditions Capricci, 2015
Les critiques de films de Citizen Poulpe
La critique de Bertrand Mathieux