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"L'Honneur des Prizzi"

honneur des Prizzi - affiche

titre original "Prizzi's Honor"
année de production 1985
réalisation John Huston
scénario Richard Condon, d'après son propre roman
photographie Andrzej Bartkowiak
musique Alex North
interprétation Jack Nicholson, Kathleen Turner, Robert Loggia, Anjelica Huston, Stanley Tucci
 
récompense Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Anjelica Huston

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Un divertissement sur la Mafia où Jack Nicholson, en minable mafioso, est ballotté entre deux femmes dont il n'est que le jouet, comme il l'est aussi d'une vieille momie au ton doucereux et moralisateur, son "parrain". Le ton se fait vite satirique et le suspense reste entier jusqu'à la fin.

Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon

L'anti-"Parrain". John Huston piétine le mythe de la Mafia, ses codes et ses lois avec un humour colérique et décapant. De ce rassemblement de marionnettes tyranniques, de crétins avides de pouvoir, il fait un pamphlet sur la corruption des valeurs, une allégorie d'une stupéfiante jeunesse sur l'Amérique moderne.

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

John Huston était un iconoclaste irrévérencieux et l’âge n’avait rien changé à l’affaire. Pour son avant-dernier film avant de rejoindre trois ans plus tard Boggie (Humphrey Bogart) et son père Walter aux paradis des buveurs, le réalisateur du "Faucon maltais" (1941) et de "Quand la ville dort" (1950) revenait au film noir pour donner sa propre vision de l’univers de la mafia italienne en réponse au "Parrain" de Francis Ford Coppola.

Là où l'enfant terrible du Nouvel Hollywood lui-même d'origine italienne donnait une dimension tragique quasi mystique aux mœurs barbares de ces petites frappes à la recherche permanente de respectabilité trahie par leur goût irrépressible du chic grandiloquent, Huston l'Irlandais désenchanté moquera le ridicule de leur soi disant code d'honneur, prétexte fallacieux à beaucoup de leurs exactions criminelles.

Quoi de mieux pour rire jaune de tout cet apparat qu'un Jack Nicholson en tueur à gages aux lèvres exagérément lippues opposé à une Kathleen Turner, Diane chasseresse vénéneuse dans un duel à mort qui va permettre à Huston de démontrer que, derrière cet ordonnancement de façade, tout le monde est prêt à trahir tout le monde.

Le grand Jack reprend une partie des mimiques de Jack Torrance, l'écrivain paranoïaque  du "Shining" de Stanley Kubrick, pour notre plus grand plaisir. Un Kubrick à qui Huston rend clairement hommage en copiant sur un mode adagio les rapines sanglantes d'Alex (Malcolm McDowell) et de sa bande dans "Orange mécanique" lors de l'exécution des basses œuvres de Charley Partanna (Jack Nicholson).

Huston s'amuse et nous avec de ce pied de nez à la nouvelle génération d'Hollywood à qui il reproche sans doute de se prendre un peu trop au sérieux. À près de 80 ans, le vieux routier a formidablement défendu l'honneur de ses compagnons d'armes que furent les Ford, Preminger, Hawks ou Wilder, pour la plupart condamnés à l'inaction à la fin de leur carrière. Sidney Lumet adoptera la même démarche en 2007 avec le formidable "7h58 ce samedi-là".

honneur des Prizzi - affiche polonaise
Affiche polonaise de "L'Honneur des Prizzi" © Mieczyslaw Wasilewski
Affiche tchèque de "L'Honneur des Prizzi" © Zdenek Ziegler (1986)

honneur des Prizzi - générique