titre original | "2001: A Space Odyssey" |
année de production | 1968 |
réalisation | Stanley Kubrick |
scénario | Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke, d'après une nouvelle de ce dernier |
photographie | Geoffrey Unsworth |
production | Stanley Kubrick |
récompense | Oscar des meilleurs effets visuels pour Stanley Kubrick |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Chef-d'œuvre de la science-fiction et chef-d'œuvre tout court. « L'exploration de l'espace devient pour l'homme, à son insu, une quête de ses origines et de sa propre nature. Sur ce thème audacieux, Kubrick a offert au public sensibilisé par le programme Apollo la première superproduction spatiale, des effets spéciaux révolutionnaires et une si audacieuse réussite que ce film, généralement considéré depuis sa sortie comme le plus grand film de science-fiction, est devenu dans un référendum le plus grand film de l'histoire du cinéma. » (J. Goimard, Encyclopédie de poche de science-fiction.)
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Méditation grandiose - mais non dépourvue d'humour et d'ironie - sur les origines de l'homme et sa destinée. Une expérience audiovisuelle sans précédent. La science-fiction cinématographique atteint enfin l'âge adulte.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Avec le temps, "2001 : L'Odyssée de l'espace" est devenu, avec "Shining" (1980), le film emblématique de la filmographie relativement ramassée, mais très éclectique de Stanley Kubrick (12 films en 45 ans). D'autres chefs-d'œuvre comme "L'Ultime Razzia" (1956), "Les Sentiers de la gloire" (1957), "Lolita" (1962), "Docteur Folamour" (1964) ou "Orange mécanique" (1971) peuvent être préférés, mais ce sont bien ces deux films qui parlent le plus aux nouvelles générations. "2001 : L'Odyssée de l'espace" a certes été incompris par une partie de la critique à sa sortie, mais personne ne lui a jamais contesté d'avoir fait passer dans l'âge adulte le film de science-fiction. Les nombreux films récents liés de près ou de loin à la conquête spatiale comme "Moon" (Duncan Jones, 2009), "Prometheus" (Ridley Scott, 2012), "Gravity" (Alfonso Cuaron, 2013), "Interstellar" (Christopher Nolan, 2014), "Seul sur Mars" (Ridley Scott, 2015) ou encore "Premier contact" (Denis Villeneuve, 2016) ont tous une dette envers le travail de Stanley Kubrick qui encore aujourd'hui n'a pas à rougir face à ses successeurs au niveau visuel alors qu'il ne bénéficiait pas en 1966 de la formidable évolution des effets spéciaux qui a bouleversé la production cinématographique du nouveau siècle qui commence.
En 1964, au sortir de "Docteur Folamour", son pamphlet virulent sur de dévoiement de la menace atomique par les deux grandes puissances alors en pleine guerre froide, Kubrick est au sommet de sa gloire. Avide d'un nouveau projet, il se met donc en recherche un sujet et contacte l'écrivain Arthur C. Clarke après avoir lu "La Sentinelle", une de ses nouvelles, pour lui proposer d'écrire ensemble un livre de science-fiction qui servirait de base au scénario de son prochain film. L'aventure "2001 : L'Odyssée de l'espace" est alors commencée. Avec Kubrick, le processus de création est complexe et très méticuleux comme à son habitude. Il s'entoure de tous les conseils possibles, notamment scientifiques et techniques, pour que son film soit le plus crédible possible malgré son caractère futuriste. Le tournage achevé, le montage commence en mars 1968 et le film sort le 4 avril 1968 pour sa première à Los Angeles.
On connaît la suite de l'histoire, qui fait que plus le temps passe, plus la confirmation de l'aspect visionnaire de "2001 : L'Odyssée de l'espace" renforce le culte autour du film. En effet, au-delà de toutes ses prouesses techniques, narratives et visuelles, sans parler du parti pris à contre-courant de sa partition musicale qui lui permettent de ne pas se démoder, le film de Kubrick est avant tout une réflexion métaphysique sur le sens de la vie et sur la place de l'homme au sein de l'univers. Donc pour toujours intemporel, le film propose de nombreux sujets de réflexion quant à la destinée du genre humain aussi bien passée que future.
Ce n'est pas un hasard si c’est à l'aube de l'humanité que nous transporte le premier des quatre actes du film. Le monolithe noir, parallélépipède parfait, que l'on retrouve dans chacun d’eux, symbolise peut-être la connaissance infinie qui cherche à guider les pas de l'homme et à lui fixer ses limites. Face à une extinction possible, le singe ayant vu en premier le monolithe comprend que c'est en donnant la mort qu'il pourra survivre. Quatre millions d'années plus tard, alors qu'il est profondément enterré dans le sol lunaire comme en sommeil, c’est l'homme qui vient le déterrer, avec la suffisance d'un savoir peut-être acquis grâce au monolithe lui-même. C'est alors vers Jupiter indiqué par les rayonnements du monolithe que l'homme, toujours avide de comprendre et incapable d'accepter sa condition de mortel, croit pouvoir trouver la clef de l'énigme. À l'approche de l'astre lointain, le monolithe en orbite précipite la cabine dans un champ spatio-temporel qui ramène l'astronaute sur terre dans un salon de style XVIIIe siècle où il assiste à sa propre décrépitude accélérée. Le monolithe noir apparaît alors une dernière fois face au lit où l'astronaute agonise, le transformant en fœtus comme pour offrir à l'homme une deuxième chance qu'il lui faudrait saisir en reprenant tout à zéro sur de nouvelles bases.
Les interprétations sont multiples et Kubrick a bien pris soin de ne jamais donner de clef tout en parsemant son film d'indices explicites sur ce qu'il pense de la voie suivie jusqu'alors. Par exemple, la présence du robot HAL 9000 et sa rébellion nous alertent bien en amont sur les dangers à venir de l'intelligence artificielle. Le débat qui s'entame sur le sujet depuis quelques années alors que le progrès ouvre tous les champs possibles, prendra-t-il en compte la réflexion de ceux qui comme Kubrick s'inquiètent sur les frontières à ne pas franchir ? On peut en douter. Le monolithe viendra-t-il alors une troisième fois au secours de l'homme ? À voir.
Pour une cinémathèque idéale
"2001 : L'Odyssée de l'espace" fait partie de la liste "100 films pour une cinémathèque idéale" établie en 2008 et éditée en livre par les éditions des Cahiers du cinéma. Il y figure à la 43e place.
♦ Fiche pédagogique : Creation as an initiatory journey in 2001: a Space Odyssey
Discipline : anglais - Niveau : lycée
Le générique de "2001 : L'Odyssée de l'espace"
La chronique de Gilles Penso