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"Halloween 3 : le sang du sorcier"

Halloween 3 - affiche

titre original "Halloween III: Season of the Witch"
année de production 1982
réalisation Tommy Lee Wallace
scénario Tommy Lee Wallace
photographie Dean Cundey
musique John Carpenter et Alan Howarth
production John Carpenter et Debra Hill
interprétation Tom Atkins, Dan O'Herlihy
 
épisodes précédents • "Halloween, la nuit des masques", John Carpenter, 1978
• "Halloween 2", Rick Rosenthal, 1981
 
épisodes suivants • "Halloween 4 : le retour de Michael Myers", Dwight H. Little, 1988
• "Halloween 5 : la revanche de Michael Myers", Dominique Othenin-Girard, 1989
• "Halloween 6 : la malédiction de Michael Myers", Joe Chappelle, 1995
• "Halloween : 20 ans après", Steve Miner, 1998
• "Halloween : résurrection", Rick Rosenthal, 2002

La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains

L'exemple parfait du film totalement vampirisé par son producteur.

Des thèmes typiquement carpenteriens : le héros malgré lui, la petite ville américaine devenue le portail du mal, une critique acerbe du capitaliste avec, ici, la télévision en ligne de mire !

Une utilisation adroite du 2.35, un rythme lent et une très belle partition atmosphérique d'Alan Howarth et Carpenter lui-même.

Si les effets gores semblent gratuits et l'interprétation inégale, "Halloween 3" annonce clairement "Invasion Los Angeles" et "L'Antre de la folie".

Une minuscule série B horrifique, mais faite avec intelligence.

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

John Carpenter n'était pas favorable à ce qu'"Halloween" devienne une franchise. Il avait accepté du bout des lèvres de participer à la première suite en se contentant d'en écrire le scénario, laissant la réalisation à Rick Rosenthal. Malgré le manque de conviction de Carpenter et les critiques défavorables, le film fut très rentable. Inutile de préciser qu'Irwin Yablans et Moustapha Akkad se manifestèrent très rapidement pour la mise en chantier d'un troisième épisode.

John Carpenter et son amie productrice Debra Hill, guère plus partants, acceptent au final d'accoler leurs noms au projet à la condition que désormais, chaque épisode offre une variation autour du thème d'Halloween et ne mise plus uniquement sur la peur du croquemitaine incarné par Michael Myers. Dino De Laurentiis, qui se charge de la distribution du film, se laisse convaincre que l'idée de Carpenter serait une manière attractive de diversifier le propos. Le scénario est confié à Nigel Kneale, le père de la série britannique "Quatermass" très appréciée de Carpenter, et c'est son ami d'université Tommy Lee Wallace qui se charge de la mise en scène, profitant de l'occasion pour faire ses débuts derrière la caméra.

Exit donc Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) et Michael Myers, pour remonter aux origines celtes de la fête Halloween, qu'un magnat de l'industrie du jouet (Dan O'Herlihy) entend remettre au goût du jour via une puce introduite dans des masques conçus pour transformer les charmantes têtes blondes de tous les États-Unis en autant de petits Michael Myers par procuration. L'idée de base, qui apparente ce troisième épisode au "Village des damnés" de Wolf Rilla (1960), dont Carpenter réalisera un remake avec Christopher Reeve en 1995, est plutôt réjouissante en cette période où le slasher est devenu la recette magique pour tout film censé donner le frisson.

L'entame parfaitement maitrisée dans l'esprit des "Envahisseurs" lance de la meilleure manière qui soit les affaires, introduisant le docteur Daniel Challis, interprété par le solide Tom Atkins (acteur récurrent des films de John Carpenter), qui va mener l'enquête pour comprendre le meurtre de l'un de ses patients arrivé le soir même hagard, ânonnant : « Ils vont nous tuer tous. Chacun d'entre nous. » Accompagné de la fille du petit commerçant sauvagement assassiné, il remonte jusqu'à la petite ville de Santa Mira où sont fabriqués les masques qui envahissent les petits écrans à quelques jours de la fête d'Halloween. La ville semble sous l'emprise du directeur de l'usine, Conal Cochran (Dans O'Herlihy impeccable), aussi patelin en public qu'il semble inquiétant dans la manière dont il administre son personnel et ses clients.

On peut le constater, on est très loin de ce qui fut aux origines du film mythique de John Carpenter. Les spectateurs n'ont pas beaucoup apprécié la démarche, faisant subir un sérieux coup d'arrêt au succès enregistré par les deux premiers épisodes. On reviendra très vite au schéma initial pour ne plus jamais l'abandonner. Pourtant, le temps faisant toujours son effet, "Halloween 3 : le sang du sorcier" validera la volonté de John Carpenter de prendre des chemins de traverse pour renouveler son concept initial. Le film distille une angoisse diffuse qui prend toute sa force grâce à la mise en scène de Tommy Lee Wallace, qui joue parfaitement de l'ambivalence consubstantielle à la fête d'Halloween qui veut que l'on s'amuse tout en se grimant en croquemitaine.

Longtemps considéré comme un accident au sein de la saga désormais riche de onze films, ce troisième épisode fait aujourd'hui figure de curiosité bienvenue, surpassant la monotonie née de l'enchaînement des suites et reboots jusqu'à l'arrivée de Rob Zombie  en 2007, qui proposa une plongée déroutante dans la psyché gravement perturbée de Mike Myers.

La critique de Pierre

Produit par Carpenter et Debra Hill (productrice de toute la saga), "Halloween 3" a pour originalité d'être le seul épisode de la série dans lequel n'apparaît pas le personnage Michael Myers. D'ailleurs, franchement, ce film n'appartient à aucune série ! C'était surtout une tentative de Carpenter de mettre en place une franchise type "Contes de la crypte" au cinéma (Myers apparait tout de même lors d'une diffusion du "Halloween" original sur un écran télé).

Le pitch : c'est l'histoire d'un médecin (Tom Atkins), de garde de nuit à l'hôpital lorsqu'un patient arrive terrifié, un masque d'Halloween dans la main, hurlant « ils vont tous nous tuer ». Effectivement, le type se fait tuer la nuit même par un drôle de mec inexpressif, qui se suicide de manière impassible juste après. Le médecin va enquêter avec la fille du mort dans une petite ville des environs, alors qu'une mystérieuse publicité pour des masques d'Halloween envahit les ondes constamment...

Bon, ce film a mauvaise réputation (3,2 par les IMDébiles), et j'avais cru comprendre que Carpenter s'en était désintéressé. Franchement, une chose est certaine, ça sent le Carpenter à plein nez, ce truc. D'abord, la musique (qui n'est pas la fameuse des épisodes précédents), composée par Carpenter, est absolument démente. Globalement, ça ressemble à mort à celle de "The Thing" et ça met dès le départ dans une ambiance plutôt dark.

Ensuite, c'est vraiment une série B (avec effets spéciaux pourris à la fin), très influencée par les films des années 50 (que Carpenter adore). Bref, on sent que derrière Tommy Lee Wallace, ancien assistant de Carpenter et ici metteur en scène, il y a bien le réalisateur de "Prince des ténèbres".

Mais il y a aussi un gros problème : Tom Atkins, dans le rôle principal du médecin. Désolé, mais ça ne passe pas. À aucun moment, ce type ne fait héros. C'est certainement un bon second couteau, mais on ne gobe JAMAIS sa pseudo-idylle avec la jeune meuf (mais qu'est-ce qu'elle lui trouve ?). Bref, une grosse erreur de casting très dommageable.

On se rattrape un peu avec le méchant, Dan O'Herlihy ("Point limite", "RoboCop"), plutôt convaincant dans le rôle du sorcier auquel se réfère le titre français.

Bref, j'aurais eu envie de mettre 3 étoiles, mais c'est tout de même un peu trop lent et anecdotique au final. Pour autant, il y a une bonne ambiance, quelques effets gores et un vrai amour de la série B là-dedans, qui me laissent au final globalement content.

En tout cas, le film s'est ramassé grave au box-office, et Michael Myers réintégrera la série dès le numéro 4.

Affiches alternatives de "Halloween 3"

Affiche alternative © Christopher Shy
© Graham Humphreys
Affiche alternative © Matt Ryan Tobin

Le générique de "Halloween 3" conçu par John Wash

Halloween 3 - générique

Halloween 3 - générique

FilmsFantastiques.com, L'Encyclopédie du Cinéma Fantastique
La chronique de Gilles Penso