America Research Station, Outpost #31
titre original | "The Thing" |
année de production | 1982 |
réalisation | John Carpenter |
scénario | d'après la nouvelle "Who Goes There?" ("Le ciel est mort") de John W. Campbell Jr. |
photographie | Dean Cundey |
musique | Ennio Morricone |
maquillage | Rob Bottin |
interprétation | Kurt Russell, Keith David, Richard Dysart, Donald Moffat, Charles Hallahan, Wilford Brimley |
version précédente | "La Chose d'un autre monde" de Christian Nyby, 1951, États-Unis |
préquelle | "The Thing" de Matthijs van Heijningen Jr., 2011, Canada/États-Unis |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Des effets spéciaux spectaculaires, beaux et excellemment réalisés ne doivent pas faire oublier que le film contient son propre message, différent de celui de Nyby, le maccarthysme en moins. La fin est admirable. Deux hommes viennent de sauver l'humanité et s'apprêtent à mourir de froid. Musique parfaitement adaptée.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Depuis près de 40 ans, trône au sommet de la filmographie de John Carpenter "The Thing", remake de "La Chose d'un autre monde" (1951) d'Howard Hawks. Devenu désormais culte, le film a bénéficié du canal vidéo au sommet de sa forme entre 1985 et 2000 pour se frayer un chemin dans le cœur des amateurs de films de genre. Venant après le choc "Alien" de Ridley Scott, le film sort juste deux semaines après "E.T. l'extra-terrestre" de Steven Spielberg qui, par la déferlante de bons sentiments qu'il suscita, ne plaça pas les spectateurs dans les conditions favorables pour plébisciter un film si radical, tant sur le fond que sur la forme.
À la tête du plus gros budget de toute sa carrière (15 millions de dollars), John Carpenter, parvenu au sommet depuis "Halloween", décide de revenir à l'essence profonde de la nouvelle de John W. Campbell Jr., "Who Goes There?", faisant de la paranoïa collective l'axe central de "The Thing". Au-delà des magnifiques maquillages et effets spéciaux du tout jeune Rob Bottin (22 ans !), c'est bien son parti pris narratif qui confère encore aujourd'hui toute sa force à ce chef-d'œuvre du film d'horreur et d'anticipation. Le mal entrant dans la petite station arctique américaine sous la forme a priori anodine d'un chien, va vite fracturer l'unité de l'équipe de douze scientifiques, dont Carpenter nous présente tout d'abord la convivialité potache qui en régit la vie quotidienne, remède émollient contre l'isolement.
Mais le ver est déjà dans le fruit, magnifiquement introduit dans une scène d'ouverture d'anthologie où un hélicoptère menaçant pourchasse sur la banquise un chien loup que rien ne semble pouvoir arrêter. L'ensemble est rythmé par la musique hypnotique d'Ennio Morricone, qui délaisse pour une fois les effets baroques et virevoltants qui ont fait sa réputation mondiale. Les choses, dès lors, s'enchainent très vite, et c'est comme un cancer foudroyant qui ronge le groupe. En effet, le monstre d'allure informe possède la faculté, après une attaque, de prendre très rapidement l'apparence physique de sa victime. Cette capacité à absorber les organismes pour en pervertir la structure sera par la suite interprétée comme une métaphore sur le Sida (Carpenter ne démentira pas), qui commence à l'époque du film à décimer la communauté homosexuelle masculine.
Complètement à son aise grâce à une longue période de préparation, John Carpenter fait monter crescendo la tension, pour ne plus laisser le spectateur respirer jusqu'à une fin plutôt ouverte, mais ne laissant présager rien de bon pour le devenir de l'humanité, étant pour le coup fidèle au pessimisme qui prédomine chez plus grands auteurs de récits dystopiques ou de science-fiction.
Ainsi s'ouvre la trilogie de l'apocalypse de John Carpenter, qui se poursuivra avec "Prince des ténèbres" et "L'Antre de la folie". L'universalité des peurs que réveille "The Thing" assure à son réalisateur, surtout par les temps qui courent, de ne jamais tomber complètement dans l'oubli. Juste retour des choses.
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