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"Get on Up, James Brown : une épopée américaine"

Chadwick Boseman is James Brown

Get on Up - affiche

titre original "Get on Up"
année de production 2014
réalisation Tate Taylor
scénario Jez Butterworth et John-Henry Butterworth
photographie Stephen Goldblatt
musique Thomas Newman
interprétation Chadwick Boseman, Dan Aykroyd, Viola Davis, Octavia Spencer

Le titre du film

Il s'agit d'une référence aux paroles de la chanson "Get Up (I Feel Like Being a) Sex Machine" - plus connue sous le nom "Sex Machine" - de James Brown : « Get up, (get on up) Get up, (get on up) Stay on the scene, (get on up), like a sex machine, (get on up). »

Le fait de donner au biopic d'un musicien un titre faisant référence à une chanson culte est devenu assez courant : "Control", "Bohemian Rhapsody", "Rocketman", "Walk the Line", "I Wanna Dance with Somebody" sont autant d'autres exemples de cette option choisie plutôt que celle d'utiliser le prénom de l'artiste ("Judy", "Whitney", "Ray", "Jimi: All Is by My Side", "Nina", "Elvis") ou son surnom ("Bird") ou encore tout simplement son nom ou celui du groupe ("Les Doors", "Les Runaways").

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Aucune star morte ne semble pouvoir échapper aujourd'hui à la mode du biopic, ressource inépuisable trouvée par les studios hollywoodiens pour venir au secours de la panne d'inspiration scénaristique qui les frappe depuis plus de vingt ans.

Le phénomène touche en premier les stars du rock, dont les vies chahutées au rythme du fameux "sex, drugs and rock'n'roll" fournissent tous les éléments de scandale propres à attirer les fans toujours prompts à revoir sur l'écran leurs idoles disparues telles que les journaux les ont présentées au temps de leur gloire. C'est ainsi qu'Elvis Presley, Jerry Lee Lewis ("Great Balls of Fire!"), Jim Morrison ("Les Doors"), Ray Charles ("Ray"), Johnny Cash ("Walk the Line"), Kurt Cobain ou encore Ian Curtis ont eu les faveurs de voir leurs vies passées au tamis glamour mais aussi parfois trash de l'usine à rêves.

La maladie a même gagné la France, Serge Gainsbourg et notre Cloclo national ayant eu eux aussi le droit à leur biopic. Viendra bientôt le tour de Jimi Hendrix. James Brown, le parrain de la soul, ne pouvait donc pas manquer à l'appel. C'est Tate Taylor, le réalisateur du très consensuel mais néanmoins méritoire "La Couleur des sentiments", qui s'est collé à la tâche.

On connait les limites de l'exercice, souvent décrié car mécontentant tout le monde, en premier les fans qui crient au sacrilège de voir ainsi l'objet de leur dévotion trop souvent dépouillé de son art pour n'être présenté que comme un être immature, souvent tyrannique, au passé familial douloureux ayant tout à la fois trouvé refuge dans l'art pour étancher sa soif de revanche mais aussi assouvir son narcissisme.

Même s'il tente de faire preuve d'originalité en cassant le rythme chronologique du récit, l'entrecoupant de flashbacks sur l'enfance chaotique de Brown, justifiant ainsi ses accès de paranoïa, sa violence conjugale et sa soif de pouvoir, Tate Taylor retombe dans les clichés habituels qui tentent d'expliquer le génie et les déviances par les traumatismes de l'enfance. De ce point de vue, le film est tout à la fois naïf et commercialement opportuniste. Sur la forme, l'image, par trop ripolinée de Stephen Goldblatt, est aux antipodes de l'esprit funk selon Mister Dynamite, qui exsudait la sueur et le sexe.

Chadwick Boseman, acteur de télévision propulsé vedette pour sa vague ressemblance avec Brown, donne assez bien le change lors des prestations du soul man sur scène. Notamment avec une parfaite reprise des fameux pas de danse de Brown, ancêtres du moonwalk de Michael Jackson, et ce, malgré une allure longiligne qui cadre mal avec la force brute animale qui émanait du chanteur minotaure.

On passe donc assez loin de l'objectif, et le public ne s'y est pas trompé qui, aux États-Unis, n'a pas permis au film de couvrir ses frais (40 millions de dollars). Encore un projet qui aurait peut-être dû rester dans les tiroirs.

Couverture du numéro d'août 2014 du magazine American Cinemtographer