Rami Malek is Freddie Mercury
titre original | "Bohemian Rhapsody" |
année de production | 2018 |
réalisation | Bryan Singer |
interprétation | Rami Malek, Mike Myers |
récompenses | • Oscar du meilleur acteur pour Rami Malek |
• Oscar du meilleur montage pour John Ottman | |
• Oscar du meilleur montage de son | |
• Oscar du meilleur mixage de son |
Le titre du film
"Bohemian Rhapsody" est le nom d'une des plus célèbres chansons du groupe de rock britannique Queen. Écrite par Freddie Mercury, elle fut enregistrée pour l'album "A Night at the Opera" sorti en 1975.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Le biopic musical, qui puise largement dans l'histoire toute récente du rock, aime à se repaître des vies de stars qui, telles Jim Morrison ("Les Doors"), Janis Joplin, Jerry Lee Lewis ("Great Balls of Fire"), Sid Vicious, James Brown ("Get on Up") ou Kurt Cobain, ont, à maintes reprises, fait la une des journaux pour leurs comportements jugés scandaleux. Farrokh Bulsara alias Freddie Mercury, chanteur à la voix d'or du groupe Queen décédé du Sida en 1991, était donc lui aussi appelé à voir son nom apparaître au générique d'un film du genre.
Depuis 2010, il semblait évident que ce serait Sacha Baron Cohen, l'acteur iconoclaste ("Borat", "Brüno", "The Dictator"), qui incarnerait Freddie Mercury. Si une certaine ressemblance physique est à mettre au compte de l'acteur, c'est surtout le sens du spectacle et de la démesure qui rapproche de manière évidente les deux hommes. Baron Cohen clame alors à qui veut l'entendre que ce rôle sera celui de sa vie et que personne d'autre que lui ne pourra rendre la vérité complexe du chanteur. Il fait le siège des trois membres restants du groupe qui, au départ plutôt réticents, se laissent convaincre. L'affaire exclusivement anglaise avec la présence du producteur Graham King semble plutôt bien engagée.
Mais assez rapidement, des divergences de vues se font jour quant à la tonalité du film que Cohen entend centrer sur l'homosexualité mal vécue de Mercury et sur ses excès en tous genres. Soucieux de préserver l'image de leur leader, Brian May, Roger Taylor et John Deacon ne sont pas mécontents de voir Sacha Baron Cohen s'exclure du projet en juillet 2013. Après une période de flottement qui verra une deuxième tentative autour de Dexter Fletcher (réalisateur) et de Ben Whishaw (acteur) avorter, le projet passe sous bannière américaine par l'intermédiaire de la 20th Century Fox.
Bryan Singer, abonné aux blockbusters, devient le réalisateur et Rami Malek, jeune acteur de séries télévisées d'origine égyptienne ("Mr. Robot"), endosse le rôle principal. À l'arrivée, le film retrace plutôt doctement la carrière du groupe, de sa création au fameux concert du Live Aid du 16 juillet 1985, apothéose scénique de Queen alors que Mercury n'est pas encore diagnostiqué atteint du Sida. La performance de Rami Malek, récompensée d'un Oscar, est certes confondante de mimétisme, ainsi que les reproductions de concert parfaitement maîtrisées, mais manque assurément le grain de folie qu'aurait apporté Sacha Baron Cohen à l'entreprise.
Validé par les membres du groupe, le scénario d'Anthony McCarten reflète peut-être la réalité de leurs rapports avec Mercury et une partie méconnue de son caractère intime. Si tel est le cas, la légende semble plus belle que la réalité. On peut alors se demander s'il était vraiment utile de lever cette partie du voile qui ramène forcément le personnage en deçà de l'image sulfureuse qu'il s'était construite à toute force dès le succès venu.
Bien que décrié par une bonne partie de la critique, qui ne retient souvent que la performance de Rami Malek, le film engrange près d'un milliard de dollars de recettes, s'affirmant comme le plus gros succès de l'histoire pour un biopic musical. Merci donc à Freddie Mercury qui, de là-haut, a pu vérifier que sa popularité est intacte.