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"Outrages"

Dommages de guerre

Outrages - affiche

titre original "Casualties of War"
année de production 1989
réalisation Brian De Palma
scénario David Rabe
photographie Stephen H. Burum
musique Ennio Morricone
montage Bill Pankow
interprétation Michael J. Fox, Sean Penn, John C. Reilly, John Leguizamo, Ving Rhames

L'avis de Quentin Tarantino

C’est le plus grand film sur la guerre du Viêtnam. "Apocalypse Now" serait à ranger dans une autre catégorie, tant le film de Coppola dépasse le cadre de cette guerre.

De Palma adapte un tout petit fait divers, qui a dû se produire à plusieurs occasions, au Viêtnam ou ailleurs. Elia Kazan s’en était d’ailleurs inspiré pour "Les Visiteurs". Il avait réalisé un film intimiste. De Palma traite, lui, le même fait divers de façon épique, dans le style opératique qui est sa signature depuis "Obsession" et "Blow Out".

Des soldats capturent une jeune Viêtnamienne. Avant son assassinat, chaque membre de l’unité, à l’exception d’un seul, la torture et la viole. La lâcheté associée au courage forcé du personnage interprété par Michael J. Fox - qui ne participe pas au viol et dénonce ses camarades - sont très émouvants.

"Outrages" présente la séquence de viol la plus traumatisante de l’histoire du cinéma. C’est aussi l’une des meilleures prestations de Sean Penn, terrifiant en sergent meneur de bande.

Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon

Brian De Palma sort de son registre habituel et réussit son meilleur film, évitant presque tous les pièges (voyeurisme, exploitation de la violence) inhérents au sujet.

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Comme si tout n'avait pas été dit sur la mauvaise conscience américaine au Viêtnam, De Palma soulève un problème d'éthique guerrière : même en temps de guerre, un meurtre est un meurtre. Mais en regard des méthodes de l'ennemi, ce "surcroît de barbarie", dénoncé par un vain moraliste qui met en scène une guerre plus fantasmée que vécue, paraît dérisoire. La réalité est qu'un traître est un traître, surtout en temps de guerre. Et les atrocités de celle-ci permettent à De Palma de donner libre cours à son goût, brillamment illustré, pour la violence et le sang.

Référence dans la littérature française

"Outrages" est cité sous son titre original par Pierre Safar dans son roman "Travelling fatal" (2025) :
« Le soir, j'invitai Fournier à dîner, qui déprimait en raison de la fermeture imminente du Prométhée. Pour le distraire, je lui fis découvrir chez moi Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese, qu'il n'avait jamais vu. [...]
Fournier fut enthousiasmé par le film et m'en fit toute une analyse dans le contexte de l'œuvre du réalisateur :
« Chez Scorsese, c'est toujours pareil. Tous ses personnages ont le même dilemme : est-ce que je dois sauver ma peau en dénonçant mes amis ? [...] »
Fournier avait raison. Mais la thématique était loin, dans le cinéma américain, de se limiter à ce réalisateur-là. Quel était le nom d'un des premiers succès de John Ford, en 1935 ? C'était The InformerLe Mouchard, en français. En discutant, Fournier et moi tracions une ligne droite depuis les premiers grands succès américains, jusqu'à aujourd'hui, dans laquelle on retrouvait tous les grands films où ce type de dilemme avait été abordé : Serpico de Sidney Lumet (faut-il dénoncer ses collègues policiers qui acceptent des pots-de-vin ?), Wall Street d'Oliver Stone (faut-il dénoncer son mentor qui a commis des activités financières illégales ?), Casualties of War de Brian De Palma (faut-il dénoncer un soldat héroïque qui vous a sauvé la vie, parce qu'il a commis un acte impardonnable ?). »

Outrages
Couverture de l'ouvrage "Outrages, de Daniel Lang à Brian De Palma"
Nathan Réra, éditions Rouge Profond, collection Raccords, 2021

Photos du tournage de "Outrages"

Outrages - générique