titre original | "The Visitors" |
année de production | 1972 |
réalisation | Elia Kazan |
scénario | Chris Kazan |
production | Chris Kazan |
interprétation | James Woods, Steve Railsback |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Tourné pour un budget quarante fois moindre que celui de son film précédent ("L'Arrangement"), "Les Visiteurs" marque pour Kazan l'occasion de se faire une nouvelle jeunesse tout en restant fidèle à ses thèmes de prédilection.
Tout à la joie de tourner avec une équipe ultra-réduite et pour un budget ridicule (le film est tourné en super 16 mm, le scénariste et le producteur ne sont autres que son fils Chris), il resserre l'action en un lieu unique, la concentrant sur quelques heures, focalisant l'attention du spectateur sur des personnages qui sont à la fois eux-mêmes représentatifs de courants de pensée ou d'attitudes plus larges.
À nouveau pionnier à l'âge de 62 ans, il se souvient qu'il a été l'un des premiers à parler de l'antisémitisme et du racisme anti-Noirs, et n'hésite pas cette fois à être le premier à parler directement de la guerre du Viêtnam et de ses conséquences désastreuses sur ceux qui ont eu à combattre là-bas.
C'était bien avant "Voyage au bout de l'enfer" et autres "Rambo", c'était pendant que la guerre faisait rage que Kazan, le retourneur de couteaux dans les plaies, a osé en parler, avec sa sincérité dérangeante, non dépourvue d'ambiguïtés.
Cette histoire déplaisante (deux jeunes gens viennent se venger de celui qui les a dénoncés... en violant sa compagne) démontre combien cette guerre a détraqué de jeunes Américains qui, sans cela, eussent été d'honnêtes citoyens sans histoires. Kazan, toujours soucieux d'aller droit à l'essentiel, dit au gouvernement américain : "Attention, toute violence exercée contre autrui finit par se retourner contre soi ; prenez garde, ne créez pas une génération perdue !"
Un film au réalisme inquiétant qui débouche sur la tragédie. Une œuvre libre où Kazan se montre une fois encore dénicheur de talents : avec "Les Visiteurs", il aura révélé au monde entier James Woods et Steve Railsback.