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"Les Indésirables"

Les Indésirables

titre original "Pocket Money"
année de production 1972
réalisation Stuart Rosenberg
scénario Terrence Malick
photographie László Kovács
musique Alex North
interprétation Paul Newman, Lee Marvin

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Une sorte de remise en cause du western, dont les héros sont ici des paumés, constamment roulés et peu portés sur la bagarre. Le parti pris pourrait agacer, mais il y a Paul Newman et Lee Marvin.

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

En ce début des années 1970, Paul Newman, qui vient de triompher dans "Butch Cassidy et le Kid" de George Roy Hill (1969), est au sommet de sa gloire. Il a entamé depuis ses débuts un compagnonnage avec quelques réalisateurs comme Martin Ritt, George Roy Hill et Stuart Rosenberg qui, avec "Luke la main froide" (1967), lui a offert l’un de ses rôles les plus emblématiques et sa quatrième nomination à l'Oscar du meilleur acteur. Devenu l'archétype du mâle à la séduction décontractée, Paul Newman n'aura dès lors cesse de déjouer cette image qui parfois le gêne un peu aux entournures. Ce seront "Juge et Hors-la-loi" de John Huston (1972), "Buffalo Bill et les Indiens" de Robert Altman (1976), "Le Policeman" de Daniel Petrie (1981) ou encore "Le Verdict" de Sidney Lumet (1982).

"Les Indésirables" de Stuart Rosenberg est le premier de la série où, accompagné de Lee Marvin, il s'amuse, à partir d'un scénario écrit par Terrence Malick juste avant que celui-ci ne passe à la réalisation avec "La Balade sauvage" (1973), à tailler en pièces leurs réputations respectives de mâles dominants. L'histoire est minimaliste, construite autour de l'univers rustre et viril des marchands de bestiaux évoluant aux abords de la frontière mexicaine.

Jim Kane (Paul Newman) est l’un de ces cowboys reconvertis au convoyage moderne où la voiture et le train ont définitivement remplacé les chevaux. Kane est dans une mauvaise passe, déjà sur la corde raide depuis que son troupeau vient d'être mis en quarantaine. Tiraillé entre ses dettes et une pension alimentaire à verser à son ex-femme, il n'a d'autre choix que de remettre sa naïveté entre les mains d'un escroc qui lui propose d'acheter en son nom des bêtes de combat au Mexique afin de les convoyer jusqu'au Texas. Arrivé sur place, il retrouve Leonard (Lee Marvin), l’un de ses copains presque aussi looser que lui. Dès lors, on suit le parcours erratique des deux hommes qui semblent davantage se satisfaire de leurs retrouvailles que de se préoccuper de la réussite de leur affaire, dont ils ont bien compris qu'il s'agissait d'une arnaque qui ne leur rapportera pas un kopek.

Stuart Rosenberg, comme ses deux acteurs, se complaît à l'observation des paysages désertiques et des mœurs des paysans mexicains. D'où le rythme particulièrement anémique qu'emprunte ce road movie très curieux qui, de manière tout à fait logique, a énervé la critique et perturbé les fans des deux acteurs.

Ce n'est certes pas un chef-d'œuvre que la balade poussiéreuse de ces deux indésirables, cowboys improbables d'un Ouest recomposé, mais leurs caractères débonnaires attirent plutôt la sympathie, et c'est sans déplaisir qu'on les rejoindrait sur ce quai de gare désertique qui conclut ce film unique en son genre à ne surtout pas recommander aux adeptes inconditionnels des films d'action.

Stuart Rosenberg et Paul Newman

"Les Indésirables" est la troisième collaboration du réalisateur avec l'acteur, après "Luke la main froide" et "WUSA". Suivra "La Toile d'araignée".