« Nothing's riding on this except the, uh, first amendment to the Constitution,
freedom of the press, and maybe the future of the country. »
titre original | "All the President's Men" |
année de production | 1976 |
réalisation | Alan J. Pakula |
scénario | William Goldman, d'après le livre de Carl Bernstein et Bob Woodward |
photographie | Gordon Willis |
musique | David Shire |
direction artistique | George Jenkins et George Gaines |
interprétation | Dustin Hoffman, Robert Redford, Jason Robards, Jack Warden, Martin Balsam, Hal Holbrook, F. Murray Abraham, Ned Beatty, Jane Alexander, Nicolas Coster, Lindsay Crouse |
récompenses | • Oscar du meilleur scénario adapté |
• Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Jason Robards | |
• Oscar du meilleur mixage | |
• Oscar de la meilleure direction artistique |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
La fameuse affaire du Watergate portée à l'écran avec, en prime, un remarquable documentaire sur les méthodes de travail de la presse américaine. C'est filmé comme un thriller et en a l'efficacité.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
La démission de Richard Nixon le 9 août 1974 suite à l'affaire du Watergate alors que sa destitution était inévitable, demeure encore aujourd'hui le plus gros scandale de l'histoire politique américaine. "Les Hommes du président", sorti sur les écrans à peine deux ans (9 avril 1976) après la conclusion de la procédure de destitution, éclaire de manière captivante et très pédagogique cette affaire d'écoutes illégales et de pratiques barbouzes au plus haut sommet du pouvoir.
Robert Redford, démocrate convaincu qui s'est toujours intéressé aux choses politiques, avait déjà interprété un sénateur en campagne dans "Votez McKay". Il a très promptement acquis les droits du livre écrit par Carl Bernstein et Bob Woodward, les deux journalistes du Washington Post ayant révélé l'affaire et mené l'enquête jusqu'à son terme avec l'aide de la fameuse "Gorge profonde" (allusion au film pornographique éponyme, contemporain à l'affaire qui fit lui aussi scandale aux États-Unis), dont on a appris en 2005 qu'il s'agissait en fait de Mark Felt, ex-numéro 2 du F.B.I. Redford demande à William Goldman qu'il connaît bien de lui écrire un scénario capable de transposer cette histoire complexe à l'écran. Les versions se succèdent, avec notamment l'intervention de Bob Woodward et de sa compagne Nora Ephron (future scénariste et réalisatrice). Une polémique s'installe pour la paternité du scénario, qui revient finalement à William Goldman.
Si Redford s'attribue le rôle de Bob Woodward, il pense dans un premier temps à Al Pacino pour celui de Carl Bernstein, avant de se raviser pour Dustin Hoffman. Alan J. Pakula, qui compte à son actif seulement quatre réalisations, mais au sein desquelles figurent "Klute" et surtout "À cause d'un assassinat", semble tout à fait apte à conduire un film que l'on peut qualifier d'historique, tout en lui conférant la dose de suspense suffisante pour ne pas embrouiller, puis finir par endormir les spectateurs au bout des deux heures de projection. Secondé par son fidèle chef opérateur Gordon Willis, il parvient à rendre le sujet digeste même pour les spectateurs européens qui ne sont pas spécialement familiers des arcanes de la politique américaine.
Il faut certes s'accrocher par instants, mais le formidable casting qui entoure les deux "journalistes" contribue grandement à la réussite de la volonté de Pakula d'exposer les enjeux contradictoires qui tenaillent une équipe rédactionnelle parfaitement consciente du volcan sur lequel son journal est assis. Jason Robards (récompensé d'un Oscar du meilleur second rôle), Martin Balsam et Jack Warden, qui ont roulé leur bosse chez Peckinpah, Hitchcock ou Lumet, sont parfaitement à leur affaire pour cornaquer les deux journalistes un peu fougueux. Hal Holbrook, qui incarne la fameuse "Gorge profonde", Ned Beatty, Jane Alexander et Lindsay Crouse dans des rôles périphériques, assurent la jointure. Robert Redford et Dustin Hoffman, quant à eux, sont parfaitement complémentaires malgré une approche du métier d'acteur radicalement différente.
Les égos ont su s'effacer derrière un scénario ancré dans une actualité tragique qui obligeait chacun à la réserve. Le travail de Alan J. Pakula doit donc être souligné, qui a su éviter le piège du film statique, car trop bavard, qui était posé devant lui. Quarante ans plus tard, le savant découpage qui rythme l'alternance des scènes au journal et celles d'investigation est toujours aussi efficient. Un classique qui démontre la capacité du cinéma américain, par-delà les paillettes et l'entertainment, à se confronter à des sujets d'actualité difficiles.
"Gorge profonde"
C'est ainsi que les deux journalistes enquêtant sur l'affaire du Watergate pour le Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, avaient baptisé leur mystérieux informateur.
Le fameux indic' ne révèlera sa véritable identité qu'en 2005 : il s'agissait de Mark Felt, directeur adjoint du F.B.I. au moment des faits. Pendant trois décennies, on spécula sur l'identité de la source de Woodward, et c'est par le détour d'un article de son avocat John O'Connor dans le magazine Vanity Fair que Felt divulgua son secret. « Je suis le type qu'ils appelaient Gorge profonde », déclara-t-il alors à O'Connor. Avant 2005, Mark Felt avait démenti plusieurs fois être "Gorge profonde", même si sa position au F.B.I. lui donnait le profil idéal ; Nixon lui-même le soupçonnait.
Il a été surnommé par le New York Times "la plus célèbre source anonyme de l'histoire américaine".
Le générique des "Hommes du président" conçu par Dan Perri