titre original | "The League of Extraordinary Gentlemen" |
année de production | 2003 |
réalisation | Stephen Norrington |
scénario | d'après le roman graphique éponyme d'Alan Moore et Kevin O'Neill |
photographie | Dan Laustsen |
musique | Trevor Jones |
interprétation | Sean Connery, Naseeruddin Shah, Peta Wilson, Tony Curran, Stuart Townsend, Shane West, Jason Flemyng |
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Désastre industriel de sinistre mémoire. Massacré par la critique, mais succès commercial (grâce notamment au marché vidéo et à l’apparition du Blu-ray).
Avec "L'épée du vaillant", le pire film de la carrière de Sean Connery. Il est résigné, empâté et passablement fatigué en Allan Quatermain de 73 ans. Les conflits gravissimes entre le producteur-star et son réalisateur ont entraîné d’énormes retards et transformations qui confèrent à l’ensemble une impression de chaos indescriptible. Personnages disparus après tournage, effets spéciaux hideux (la transformation de Hyde est à ce titre un sommet), errances narratives... Après cette expérience traumatisante, Stephen Norrington abandonnera sa carrière de réalisateur.
Le résultat final est totalement inclassable et à la limite de l’œuvre dadaïste. Nemo est devenu un maharaja karateka, Tom Sawyer un maniaque de la gâchette, Jekyll un incroyable Hulk, Dorian Gray le comte Dracula... On aime aussi le Nautilus de 30 mètres de haut passant, en silence, à travers les canaux de Venise. Les scènes d’actions (illisibles, convulsives, interminables) sont légions et donnent la nausée.
À la fin de cette grosse machine à fric violemment débile, Quatermain tombe la moustache. Sean Connery aussi. Il prend sa retraite du côté de Málaga et termine sa carrière (extraordinaire) sur cet immonde nanar.
Absolument tragique.
Les personnages
Le film réunit un certain nombre de personnages de la littérature populaire du XIXe siècle :
- Capitaine Nemo, personnage créé par Jules Verne dans "Vingt mille lieues sous les mers" ("A rogue") ;
- Rodney Skinner, l'homme invisible, personnage inspiré du Griffin créé par H. G. Wells ("A scientist") ;
- Tom Sawyer, membre des services secrets américains, personnage créé par Mark Twain ("A spy") ;
- Allan Quatermain, personnage créé par Henry Rider Haggard dans "Les mines du roi Salomon" ("A hunter"), déjà mis en scène dans, entre autres, "Allan Quatermain et les mines du roi Salomon" et "Allan Quatermain et la cité de l'or perdu" ;
- Mina Harker, personnage créé par Bram Stoker dans "Dracula" ("A vampire"), déjà mis en scène dans "Dracula" ;
- Dr. Henry Jekyll / Edward "Mister" Hyde, personnage créé par Robert Louis Stevenson dans "L'étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde" ("A beast"), déjà mis en scène dans "Mary Reilly" et réapparu plus tard dans "Van Helsing" ;
- Dorian Gray, personnage créé par Oscar Wilde dans "Le portrait de Dorian Gray" ("An immortal") ;
- Pr. James Moriarty, ennemi juré de Sherlock Holmes, personnage créé par Arthur Conan Doyle, déjà mis en scène dans "Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express" et "Le secret de la pyramide".
Les membres de la Ligue dans le film ne correspondent pas tous à ceux de la bande dessinée originale. Ainsi, Mina Harker est un vampire dans le film, mais pas dans la bande dessinée, où elle a d'ailleurs repris son nom de jeune fille (Murray). La Ligue version comic ne compte dans ses rangs ni Dorian Gray, ni Tom Sawyer (ajouté au film pour plaire au public américain). Enfin, Griffin, le personnage original de Wells dans "L'homme invisible", est remplacé par Rodney Skinner, un personnage inventé pour le film.
Alan Moore, le scénariste du roman graphique éponyme, se déclara mécontent de l'adaptation qui diffère largement de l'original et vécut très difficilement le procès dont le script du film fit l'objet, estimant qu'il aurait mieux été traité s'il avait « violé puis tué un car entier d'enfants handicapés mentaux après les avoir drogués à l'héroïne ».
Steampunk
Le steampunk est à l'origine un genre littéraire, sous-genre de la science-fiction uchronique, dont l'intitulé a été forgé par allusion au cyberpunk par l'auteur K. W. Jeter à titre de boutade. Pour cette raison, il est parfois plus approprié de parler de « rétrofuturisme » pour désigner le mouvement. L'expression steampunk, qui signifie littéralement punk à vapeur, parfois traduite par futur à vapeur, est un terme inventé pour qualifier un genre de la littérature de science-fiction né à la fin du XXe siècle, dont l'action se déroule dans l'atmosphère de la société industrielle du XIXe siècle ; le terme fait référence à l'utilisation massive des machines à vapeur au début de la révolution industrielle, puis à l'époque victorienne. Mais le style steampunk quitta rapidement la seule sphère de la littérature pour s'étendre à d'autres domaines de création et d'expression.
Le logo de la 20th Century Fox détourné pour le film
Suite à l'apparition très classique du logo "20th" des studios de la Fox, les images se fondent petit à petit sur la première scène du film. Le ciel s'assombrit de plus en plus, le logo devient de moins en moins visible, mais en y regardant de plus près, on devine qu'il se transforme en une enseigne lumineuse sur les toits d'une ville. C'est fort bien intégré à la photographie générale du film : l'enseigne "20th Century Fox" et sa texture cuivrée et salie par le temps se fondent remarquablement bien avec le reste du décor.
Le logo de la 20th Century Fox détourné pour la bande-annonce du film
Pour sa bande annonce, la Fox se sert astucieusement de son O pour permettre un fondu superbe sur l'enjoliveur du véhicule, effet très réussi.
La chronique de Gilles Penso