titre original | "Carlito's Way" |
année de production | 1993 |
réalisation | Brian De Palma |
scénario | David Koepp, d'après des romans de Edwin Torres |
photographie | Stephen H. Burum |
interprétation | Al Pacino, Sean Penn, Penelope Ann Miller, Viggo Mortensen, John Leguizamo, Luis Guzmán, James Rebhorn, Adrian Pasdar, Paul Mazursky |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
« Un film sur un tigre qui aurait décidé de devenir végétarien » : ainsi a-t-on résumé ce thriller qui contient quelques numéros de haute technique comme la course de Carlito à travers le métro de New York. Al Pacino retrouve avec plaisir le metteur en scène qui l'avait dirigé dans "Scarface".
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Surprenante réussite de Brian De Palma dans un registre inattendu pour lui : le policier nostalgique, placé sous le sceau d'un échec tout hustonien. Ce truand sur le retour que joue (superbement) Pacino, est comme paralysé par la fatigue, le doute, l'absence de ressort. S'il veut changer de vie, ce n'est pas pour souscrire à un quelconque moralisme. Simplement, il n'a plus la pêche. Autour de lui, une Amérique à la dérive, corrompue, rongée de l'intérieur par la drogue, incapable de maîtriser ses pulsions à l'image du personnage de Sean Penn, dont il faut saluer la mémorable composition. De Palma ponctue cette déambulation de quelques trouées de violence, magistralement filmées, se payant même le luxe de surclasser largement, avec le règlement de compte dans la gare, une de ses propres séquences dans "Les Incorruptibles".
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Après "Scarface" et "Les Incorruptibles", Brian De Palma pense avoir tourné la page du film de gangsters, ayant largement contribué à en rénover les codes. C'était sans compter avec la pugnacité du duo formé par Al Pacino et le producteur Martin Bregman, que De Palma connait bien pour avoir travaillé avec eux sur "Scarface", depuis devenu culte. Les deux hommes souhaitent adapter, en un seul scénario rédigé par David Koepp, "Carlito's Way" et "After Hours", deux romans d'Edwin Torres, ancien juge de la Cour suprême de New York.
Si Abel Ferrara ou John McKenzie ont été un moment envisagés pour la réalisation, il semble que De Palma s'imposait depuis le début dans l'esprit de Pacino. L'idée, pourtant classique, de l'impossible rédemption des truands sortant de prison et la voix off prévue au scénario, qui fait parler le héros post mortem comme dans les deux chefs-d'œuvre incontournables de Billy Wilder que vénère De Palma, "Assurance sur la mort" (1944) et "Boulevard du crépuscule" (1950), ont fini par le décider.
Bien lui en a pris, car "L'Impasse", pourtant reçu assez froidement à sa sortie par le public, déçu de ne pas voir une suite de "Scarface", s'avère sans doute une des œuvres les plus maîtrisées du réalisateur, qui ne sombre à aucun moment dans son pêché mignon de l'emphase visuelle qui a contribué à son succès, mais aussi à son classement sûrement injuste au rang de petit maître derrière ses camarades de promotion, Martin Scorsese et Francis Ford Coppola.
Pacino, davantage dans la retenue à l'image de son réalisateur, livre ici une de ses plus brillantes interprétations. Une rigueur de bon aloi, qui permet à l'acteur italo-américain d'entrer pleinement dans la maturité et qui sera sa marque fabrique dans des films de genre tels que "Heat" ou encore le trop méconnu "Donnie Brasco".
Le thème de l'impossibilité pour le truand d'échapper à sa condition est ici vécu en dilemme shakespearien par un Carlito (Al Pacino) rattrapé par un code de l'honneur devenu désuet, qui finira par le conduire là où il s'était juré de ne plus aller. C'est sans doute le temps passé en prison qui constitue le véritable talon d'Achille de ces malfrats repentis qui, à leur sortie, paraissent à tout coup des dinosaures dans un milieu où les mœurs évoluent très vite, trop vite. Incapable de s'adapter à son nouvel environnement et mu par un fantasme de reconversion illusoire échafaudé dans le cocon malsain que constitue l'univers carcéral, Carlito, comme beaucoup d'autres avant lui, se révélera au final une proie facile.
De Palma filme cette course perdue d'avance en virtuose, pianotant sur toute la gamme d'un genre qu'il connait parfaitement tant au niveau narratif que formel. La photographie de Stephen H. Burum et la musique de Patrick Doyle (conseillé par Régis Wargnier, ami de De Palma) encadrent parfaitement cette marche funèbre révélée d'emblée. Si Pacino inonde l'écran d'une présence souvent extatique, il n'est pas seul avec à ses côtés un Sean Penn, frisotté, complètement halluciné et mauvais génie du vieux gangster redevable. Luis Guzmán ("Boogie Nights"), John Leguizamo ("Summer of Sam"), Viggo Mortensen débutant ("Le Seigneur des anneaux") et Penelope Ann Miller complètent harmonieusement la distribution.
Heureusement, le film a depuis été largement réhabilité, notamment par les Cahiers du Cinéma. À placer dans le trio majeur de la filmographie du grand réalisateur, "L'Impasse" ravira tous les admirateurs de l'immense Al Pacino.
Disco years
La bande originale de "L'Impasse" comprend, pour sa partie non instrumentale, des titres suivants :
- "You Should Be Dancing", The Bee Gees
- "Got to Be Real", Cheryl Lynn
- "(Shake Shake Shake) Shake Your Booty", KC & The Sunshine Band
- "That's the Way (I Like It)", KC & The Sunshine Band
- "Rock the Boat", The Hues Corporation
- "Disco Inferno", Ed Terry
- "Rock Your Baby", Ed Terry
- "TSOP - The Sounds of Philadelphia", MFSB
- "Lady Marmalade", Patti LaBelle
El Paraiso Club, le paradis après le coucher du soleil
El Paraiso est le nom de la boîte de nuit à New York de Carlito Brigante, interprété par Al Pacino dans "L'Impasse". C'est également le nom de la sandwicherie où travaille Tony Montana, également interprété par Pacino, dans "Scarface" du même Brian De Palma... |