Boogie wonderland
titre original | "Boogie Nights" |
année de production | 1997 |
réalisation | Paul Thomas Anderson |
scénario | Paul Thomas Anderson |
photographie | Robert Elswit |
interprétation | Mark Wahlberg, Luis Guzmán, Burt Reynolds, Julianne Moore, John C. Reilly, Don Cheadle, Heather Graham, William H. Macy, Philip Seymour Hoffman, Philip Baker Hall, Alfred Molina |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Après le succès d’estime remporté par son polar malin sur le monde du jeu ("Double mise"), Paul Thomas Anderson se décide à écrire un scénario original inspiré du court métrage qu’il avait réalisé à 17 ans pendant ses études où était présentée une interview fictive de John Holmes, acteur pornographique réputé pour la taille de son sexe, mort du Sida en 1988. À travers ce portrait, Anderson entend évoquer une époque (les années 1970-80) sous l’angle original d’une industrie aux contours hors normes qui, d’abord en pleine euphorie, va se voir obligée de repenser son système de production et de distribution pour s’adapter à l’arrivée de la cassette vidéo.
Le jeune homme en quête de reconnaissance qui va découvrir que sa réussite peut venir du trésor qui se trouve niché dans son pantalon devait être interprété par Leonardo DiCaprio, qui renonce finalement après avoir signé son contrat pour monter à bord du "Titanic". Sur son conseil, Anderson fait appel à Mark Wahlberg, qui commence à peine sa carrière d’acteur. Le résultat sera tout à fait concluant.
Mais la véritable bonne surprise du film est l’arrivée de Burt Reynolds dans le rôle de Jack Horner, le metteur en scène débonnaire, mais sans guère de scrupules, qui va cornaquer les débuts de celui qui va se faire connaître sous le nom d’emprunt de Dirk Diggler (Mark Wahlberg). L’acteur, alors au creux de la vague après avoir été l’égal de Clint Eastwood dans les années 1970 et 80, se saisit parfaitement de l’occasion pour montrer que passée l’époque où sa puissance jouait à plein pour séduire le public dans des films de genres typiquement américains, il en a encore sous le pied pour changer de registre. Charmeur à l’échine souple, il est celui qui va traverser toute cette période où sexe et drogue forment un cocktail dévastateur, sans trop de dommages. L’académie des Oscars a raté, en 1998, l’occasion de récompenser celui qui fut un acteur important, trop souvent sous-estimé.
Le jeune réalisateur très imprégné de l’atmosphère de l’époque, décrit parfaitement la faune qui déambule sur les plateaux de tournage, puis le soir dans les fêtes orgiaques qui n’ont rien à voir avec le repos du guerrier. Beaucoup s’y perdent, tout comme le jeune Dirk Diggler complètement grisé par un succès forcément éphémère. On découvre pour la première ou deuxième fois dans l’univers de Paul Thomas Anderson les Philip Seymour Hoffman, Julianne Moore, Alfred Molina, John C. Reilly et William H. Macy, qui brilleront dans les années qui suivront sous d’autres cieux. "Boogie Nights", qui porte bien son nom, ne serait pas tout à fait le même sans la bande-son concoctée par Michael Penn qui reprend une grande partie des tubes de l’époque pour rythmer cette épopée aussi joyeuse que dévastatrice quand les effets pernicieux des abus de toutes sortes viennent réclamer leur dû.
On le sait, Anderson voue une admiration sans borne à Robert Altman, cherchant à plusieurs reprises et quelquefois maladroitement à lui rendre hommage. "Boogie Nights" a certainement été le film dont Altman aurait été cinématographiquement le plus proche.
Les films de Paul Thomas Anderson © Faboolis