titre original | "Equus" |
année de production | 1977 |
réalisation | Sidney Lumet |
scénario | Peter Shaffer, d'après sa propre pièce éponyme de 1973 |
photographie | Oswald Morris |
musique | Richard Rodney Bennett |
interprétation | Richard Burton, Peter Firth |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"Equus" n'est pas considéré comme un des fleurons de la filmographie de Sidney Lumet à cause de son aspect trop théâtral et du rôle peu crédible confié à Richard Burton d'un psychiatre qui se laisse manipuler par un jeune patient dont les origines du conflit intérieur apparaissent de façon un peu trop évidente lors de quelques scènes explicites.
Tout ceci est vrai, mais il n'empêche qu'"Equus" mérite sans doute d'être revu d'un œil moins sévère. Il s'agit certes d'une adaptation théâtrale, mais Lumet en a signé bien d'autres, et celle-ci est franchement assumée par les partis pris de mise en scène qui mettent en valeur l'affrontement entre le patient et son malade, chacun s'adressant souvent face à la caméra, interpellant ainsi directement le spectateur.
Si le trauma du jeune homme donne lieu à plusieurs scènes spectaculaires, parfois un peu trop démonstratives, il ne constitue sûrement pas l'intérêt premier du film. Ce qui nous émeut, bien sûr, c'est la performance de Richard Burton (nommé pour l'Oscar du meilleur acteur), déjà bien abîmé par sa vie d'excès, qui donne magnifiquement chair au tourment de Martin Dysart qui s'interroge sur le sens de sa pratique à travers l'absolutisme déroutant de ce jeune homme qui, même perturbé par une éducation castratrice, va au bout de ses fantasmes. Si soigner la psyché ne revenait au final qu'à contraindre une personnalité à se fondre dans le cadre rigide imposé par une psychiatrique uniquement garante du bon ordre moral ? C'est la question lancinante qui hante l'esprit de Dysart lui-même en proie à la dépression.
C'est la souffrance de cet homme qui transparaît à travers "Equus", et même si le film se réduit un peu à cette seule observation, il n'en revêt pas moins un aspect tragique touchant par l'identification que l'on peut y voir avec l'acteur qui arrive, lui aussi, au bout d'un chemin décadent, sept ans seulement avant sa mort. Après ce film, la carrière de Burton sombrera dans l'anonymat des participations au nom d'un passé glorieux.
Sidney Lumet, réalisateur d'adaptations de pièces de théâtre
Lumet, avec "Equus", signe sa onzième et avant-dernière adaptation de pièce de théâtre pour le grand écran, après "Douze hommes en colère", "Les Feux du théâtre", "L'Homme à la peau de serpent", "Vu du pont", "Long voyage vers la nuit", "La Colline des hommes perdus", "La Mouette", "Last of the Mobile Hot Shots", "Les Yeux de Satan" et "The Offence". Plus tard, il réalisera "Piège mortel".