titre original | "Bone Tomahawk" |
année de production | 2015 |
réalisation | S. Craig Zahler |
scénario | S. Craig Zahler |
interprétation | Kurt Russell, Patrick Wilson, Matthew Fox, Richard Jenkins, David Arquette, Sid Haig, Sean Young |
récompense | Grand prix au festival international du film fantastique de Gérardmer 2016 |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
S. Craig Zahler, artiste éclectique (musicien, auteur de chansons, de romans et de nouvelles), passe pour la première fois à la réalisation en tentant le pari osé et rarement réussi de marier le western avec un autre genre cinématographique. La dernière tentative de Jon Favreau, "Cowboys et Envahisseurs" (2011) avec Daniel Craig et Harrison Ford aux allures de blockbuster avait montré les limites de l'exercice. Idem pour l'adaptation de la mythique série télévisée "Les Mystères de l'Ouest" réalisée par Barry Sonnenfeld en 1999 avec Will Smith et Kevin Kline ("Wild Wild West").
On peut en déduire que l'univers très codifié du western se prête assez peu aux variations et aux mélanges. Introduire du gore comme l'avait initié en 2008 un petit film indépendant fauché de J.T. Petty, "Les créatures de l'Ouest", était peut-être le seul bon filon. C'est cette voie qu'a choisi d'emprunter le réalisateur débutant pour son coup d'essai. Ayant écrit lui-même son scénario, il a su être convaincant et a réussi à rassembler un casting solide autour de son projet avec, à sa tête, Kurt Russell, figure emblématique de la filmographie de John Carpenter, qui n'en est pas à son coup d'essai dans la lutte contre les créatures "zombiesques" ou venues d'ailleurs, ayant fait partie du chef-d'œuvre encore trop méconnu qu'est "The Thing".
Long de 2h10, le film propose en trois actes la descente aux enfers d'une petite communauté confrontée à une tribu d'indiens troglodytes que deux pillards (David Arquette et Sid Haig) ont malencontreusement fait sortir de leurs trous en profanant leur cimetière. Très contemplatif, le choix narratif et esthétique de Zahler prend à contre-pied la trépidation visuelle actuelle faite de mouvements de caméra saccadés et de raccourcis déroutants. C'est justement ce qui fait tout le prix de ce film surprenant, qui parvient à nous imprégner de la peur sourde qui envahit ces hommes plutôt instruits et bien élevés qui partent vers un inconnu qu'ils pressentent comme fatal.
Zahler, qui a retenu les leçons des grands maîtres du genre horrifique, sait que l'attente habilement entretenue est la meilleure recette pour tenir le spectateur en haleine, à la condition que le climax final soit à la hauteur de celle-ci. L'engagement est tenu, l'arrivée dans le repère des indiens tortionnaires est proprement dantesque, livrant en vingt minutes un déchaînement de violence rarement atteint.
Le film n'est cependant pas sans défaut, notamment dans les portraits psychologiques que l'on aurait souhaité plus élaborés et dans certaines incohérences qu'il aurait été facile d'éviter. Mais assurément, Zahler possède un tempérament qui doit lui permettre d'aller plus loin avec davantage de maîtrise. À noter la courte apparition de Sean Young, ex-réplicante de "Blade Runner".
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
L'accueil plus que favorable fait à cette immondice ne peut que soulever le dégoût le plus total.
À moins que notre époque gorgée de pornographie et d'ultra violence cinématographique ait finalement rendu légitime ce genre de production répugnante.
Il faut, en vérité, détester le cinéma pour commettre une œuvre pareille. Et ne pas avoir compris grand chose au western non plus...
La platitude insupportable de la mise en scène (il semble que la suppression des claps de début et de fin constitue l'unique travail sur le montage), les longueurs exécrables et les invraisemblances (le blessé qui gravit des montagnes) recouvrent un message pro-catho extrémiste écœurant et hypocrite.
La blonde béatifiée (qui se débrouille fort bien lit !) ne sera pas dévorée vivante et le beau curé aryen parviendra à massacrer les anthropophages impies.
Personnages sans aucune épaisseur, déballage pervers et racoleur d'une ultra violence gratuite. Ultra violence qui semble être (selon les exégètes de partout) la marque brillante de son auteur !
On rendra justice uniquement aux acteurs (irréprochables), mais on vomira tout le reste.
Abject et parfaitement dégueulasse.
La chronique de Gilles Penso