Los Angeles, 2019
titre original | "Blade Runner" |
année de production | 1982 |
réalisation | Ridley Scott |
scénario | David Webb Peoples, d'après le roman "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" de Philip K. Dick |
photographie | Jordan Cronenweth |
musique | Vangelis |
interprétation | Harrison Ford, Sean Young, Rutger Hauer, Daryl Hannah, M. Emmet Walsh, Joanna Cassidy, Joe Turkel |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Visuellement splendide, comme toutes les œuvres de Ridley Scott, ce film introduit la magie du film noir des années 1940 dans une bande de science-fiction : Deckard n'est pas sans faire penser aux "privés" de Chandler ou Hammett. Mais le film, grâce au sujet inspiré de Philip K. Dick, est aussi une réflexion sur le problème de la conscience : peut-elle se communiquer ? Le répliquant Batty n'est-il pas en définitive plus humain que ceux qui le traquent ? Aux images de Ridley Scott et au scénario de Philip K. Dick, il faut ajouter les effets spéciaux de Douglas Trumbull, pour se faire une idée de la richesse du film.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Magnifique, sublime, envoûtant, inquiétant, sensuel, visionnaire !!! Que dire d’autre après la vision de ce chef-d’œuvre de la science-fiction présenté dans son final cut version 2007, inspiré d’un livre de Philip K. Dick (mort quelques jours avant la sortie du film) réputé non transposable à l’écran, au titre lui-même improbable : "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?"
Pour un profane de la science-fiction, on peut dire que ce long clip de Ridley Scott a de quoi réconcilier les plus réfractaires avec un genre qui s’adresse à une frange malgré tout limitée de spécialistes. L’image est sublime et nous donne à voir un monde devenu complètement cosmopolite qui semble s’être totalement affranchi de nos frontières actuelles. Nous sommes dans la période post écologique alors que l’homme a jeté définitivement l’éponge concernant son rêve fou de concilier progrès technique et respect de la nature. Le monde est définitivement urbain et technologique.
Fini les animaux, place aux réplicants qui sont devenus les esclaves de l’homme qui, par le biais des robots, retourne à ses vieux démons du commerce triangulaire. Pour faire bonne mesure, il a réussi à donner à ses réplicants une apparence complètement humaine, leur inoculant via des puces électroniques jusqu’à des souvenirs de l’enfance afin qu’ils ne puissent jamais détecter leur condition de robot. Malheureusement, au bout de quelques années, la machine s’enraye et le réplicant commence à développer des sentiments autonomes et du coup prend conscience de son état et surtout, par la naissance d’un moi, redoute sa propre mort qui intervient en général au bout de quatre ans. Bienvenu au malheur insondable de l’homme : la conscience de son statut de mortel. Ayant fini par recréer son véritable clone, il ne pouvait pas faire pire cadeau à sa créature.
Il faut donc désormais se méfier des réplicants, qui se rebellent en voulant obtenir une rallonge de vie. C’est par le biais d’une police d’élite que l’on repère les réplicants. C’est le beau Harrison Ford, dit Deckard, qui aura la lourde tâche d’éliminer cinq d’entre eux, dont la belle Daryl Hannah et son soupirant, le peroxydé Rutger Hauer. Victime collatérale de cette traque, une pauvre réplicante qui ne demandait rien à personne (Sean Young) sera entraînée dans les affres de sa condition de robot, révélée à son origine non biologique via un test initié par Deckard, dont elle est tombée amoureuse. Test dont on ne saura pas si le chasseur de primes se l’est appliqué à lui-même. De là naîtra la légende et la grande question du film : Deckard est il un réplicant ?
Cette longue traque aux allures hypnotiques est filmée avec une virtuosité à couper le souffle, n’en déplaise à ceux qui reproche aux frères Scott leur début dans le monde du clip. Quant à la musique de Vangelis, elle n’a jamais été aussi bien employée, donnant toute leur tonalité poétique aux images qui défilent devant les yeux du spectateur ébahi.
Les bonus du DVD de cette version reviennent sur le parcours tortueux du film et nous montrent un Ridley Scott parfaitement sûr de ses choix, obligé de se débarrasser du scénariste à la base du projet, dont les vues ne cadraient pas avec une adaptation cinématographique. On apprend aussi qu’un temps Dustin Hoffman ou Scott Glenn devaient jouer le Blade Runner !
La critique de Pierre
WAAAAAAAAOOOUUUUU Si on m'avait dit que je pourrais encore être émerveillé par un nouveau montage de "Blade Runner" (le 3e ou 4e), je ne l'aurais pas cru. Et pourtant.
Bon, "Blade Runner", c'est le cas d'école du film à director's cut successifs. Moi-même, je m'y perds complètement. Il y a le premier montage avec la voix-off et les images de "Shining" à la fin, c'est la version qu'on a (tous) découverte dans les années 80. Et puis, il y a le montage de 1992 (exit la voix-off, exit les images de "Shining"). Et puis, il y a ce nouveau montage de 2007 dans un énorme box DVD. Disons-le clairement : j'ai noté quelques différences/ajouts, mais c'est globalement très proche du cut de 1992.
En revanche, le véritable apport de cette version 2007, c'est la RÉNOVATION HALLUCINANTE DU FILM. Je n'avais jamais vu "Blade Runner" comme ça, et en fait, personne non plus, parce que tout - les éclairages, le son (très mauvais dans les montages précédents) - a été dépoussiéré, voire refait de manière imperceptible. C'est simple, j'en ai vu quelques secondes chez Album, ça m'a bluffé. Le soir même, je me le suis passé en entier tellement ça m'a impressionné. En voyant cette nouvelle version, on comprend pourquoi "Blade Runner" tient du génie.
Pourtant, on voit bien qu'il y a plein d'effets spéciaux mal foutus dans ce film, mais c'est juste assez bien fait pour stimuler l'imagination (et le film a stimulé tous les réalisateurs d'aujourd'hui, de Fincher à Aronofsky). On se dit que, qu'il s'agisse d'"Alien" ou de "Blade Runner", Ridley Scott a à chaque fois réussi à transcender les problèmes. En revanche, quand on lui a donné des moyens...
Bref, faites-vous offrir ce collector de "Blade Runner", mettez-le un soir dans votre lecteur et éteignez toutes les lumières. Moi, je ne l'ai pas regretté.
NB : la scène de la mort de la charmeuse de serpents est un des très, très grands moments de cette nouvelle version.
Hommage au sound design (parfois combiné à la musique de Vangelis) de "Blade Runner"
© Le Movie Geek
Les images utilisées proviennent de l'édition collector
(scènes coupées éparpillées dans les bonus, rushes filmés sous d'autres angles ou workprint).
Affiches alternatives de "Blade Runner"
© Last Exit to Nowhere
Storyboard inédit de "Blade Runner"
article de feu le site Forgotten Silver
Si le coffret "Blade Runner" Blu-ray et dvd a été une franche réussite artistique et technique, il manquait néanmoins plusieurs galeries de photos et dessins pour que cette édition soit complète. Ces galeries avaient pourtant été annoncées dans le communiqué de presse de la Warner et étaient au nombre de 4 :
- "Do Androids Dream of Electric Sheep Cover Gallery",
- "The Art of Blade Runner",
- "Unit Photography Gallery,
- "Marketing & Merchandise Gallery".
Elles furent semble-t-il annulées pour des questions de place. En attendant un hypothétique livre sur le sujet - c’est en tout cas le souhait du producteur Charles de Lauzirika -, voici quelques planches inédites dustoryboard de Sherman Labby. Il faut savoir que les storyboards originaux sont réputés détruits, donc ces quelques pages sont assez rares. Elles concernent une scène coupée au montage, celle où Roy Batty (Rutger Hauter) rend visite à son créateur, Tyrell, dans une chambre cryogénique.
La chronique de Gilles Penso