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"Vice Squad : Descente aux enfers"

Vice Squad - affiche

titre original "Vice Squad"
année de production 1982
réalisation Gary Sherman
photographie John Alcott
musique Joe Renzetti
interprétation Season Hubley, Gary Swanson, Wings Hauser

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Gary Sherman est un réalisateur américain obscur qui, durant sa courte et restreinte carrière (six films en dix-huit ans), n’a jamais réussi à s’extraire du cinéma de série. Son fait d’armes, assez peu glorieux, sera marqué par la réalisation du troisième épisode de la franchise "Poltergeist". Rien de très intéressant, donc, hormis "Vice Squad" sorti en 1982, qui constitue une véritable bonne surprise au sein d’un parcours plutôt terne si l’on s’en tient à ce qui vient d’être évoqué.

Dans la lignée des polars crasseux des années 1970 et alors que Lawrence Kasdan, avec "La Fièvre au corps" (1981), vient tout juste de lancer la mode des thrillers sulfureux et sophistiqués qui vont faire fureur jusqu’au mitan des années 1990, Gary Sherman propose une chasse à l’homme infernale et particulièrement haletante dans les rues d’Hollywood. Son film rude et sans afféterie prend ses sources du côté des polars à tendance réaliste comme "Les flics ne dorment pas la nuit" de Richard Fleischer, ou plus encore "Cruising" de WiIliam Friedkin, sorti seulement deux ans auparavant.

Un flic anonyme (Gary Swanson), sur la corde raide à mesure que le sentiment d’impuissance le ronge, va utiliser une prostituée (Season Hubley) comme « chèvre de Monsieur Seguin » afin de piéger un souteneur sadique (Wings Hauser) devenu incontrôlable. Le relatif anonymat des deux acteurs principaux contribue indéniablement à l’immersion d’un spectateur, à qui Gary Sherman ne propose aucun des artifices habituels du genre, comme les blagues potaches au sein du commissariat ou encore la romance entre les deux protagonistes qui, face au danger, rapprochent leurs deux solitudes.

Aidé de John Alcott, directeur de la photographie pour Stanley Kubrick ("Orange mécanique" et "Barry Lyndon"), la caméra du jeune réalisateur traque le tueur formidablement interprété par un Wings Hauser halluciné, qui déambule sauvagement à la recherche de sa proie dans la cité tentaculaire. Aucun pathos, juste le banal souvent tragique de l’underground d’une grande cité.

On comprend aisément pourquoi le critique Jean-Baptiste Thoret a tenu à rééditer en Blu-ray (la collection "Make My Day !") ce film méconnu qui, par le biais d’un réalisateur de seconde zone, marque la transition entre deux époques du film policier hollywoodien.