titre original | "Charley Varrick" |
année de production | 1973 |
réalisation | Don Siegel |
photographie | Michael C. Butler |
musique | Lalo Schifrin |
interprétation | Walter Matthau, Joe Don Baker, Andrew Robinson |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Thriller sans temps morts qui s'ouvre sur un hold-up et s'achève sur une lutte impitoyable entre le biplan de Charley et l'automobile de son poursuivant.
Un joyau ! (la critique de Pierre)
"Tuez Charley Varrick" de Don Siegel ("L'Invasion des profanateurs de sépultures", "Les Proies", "L'Évadé d'Alcatraz") est une superbe découverte.
Le pitch : Charley Varrick (Walter Matthau) est un gangster malin, il ne fait que des petits coups pour ne pas éveiller l'attention. Sauf que cette fois, il attaque une petite banque du Nouveau-Mexique dans laquelle transitait, par hasard, l'argent de la mafia... Charley Varrick se retrouve avec un tueur (Joe Don Baker) sur le dos...
Dans le rôle de l'associé de Varrick, on retrouve Andrew Robinson, le tueur du Zodia...pardon, le Scorpio de "L'Inspecteur Harry" du même Siegel.
Bon, ben, c'est super. Tout y est. La musique de Lalo Schifrin, les éclairages superbes des paysages country, les acteurs les plus tough guy qui soient, l'époque, l'absence totale de sentimentalisme, des dialogues drôles et brillants. Notons d'ailleurs que plusieurs phrases du scénario et certaines séquences sont carrément reprises telles quelles dans "Pulp Fiction" ou "True Romance", ce qui montre un peu plus chaque jour à quel point Quentin Tarantino est un imposteur.
Dommage que je n'ai pu découvrir ce film que sur un DVD - le seul qui existe - recadré et sans aucun sous-titre. Il n'y avait même pas de menu !
Globalement, c'est un film peu connu, mais j'avais gardé le souvenir d'une excellente review dans le recueil de Barry Gifford (auteur de "Lost Highway") sur les plus grands films noirs. Excellente review parfaitement méritée, donc.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
On peut le dire, Don Siegel est grand ! Certainement le plus grand réalisateur de polars américains des années 60-70. Tout d’abord, comme le dit si bien Alain Corneau dans les bonus du DVD, en nous surprenant avec la présence du comique Walter Matthau au générique, qui se verra ainsi ouvrir les portes du genre pour se trouver un an plus tard dans le cultissime "Les Pirates du métro". Ensuite, en grimant le même Matthau dans la scène d’ouverture, nous laissant croire durant un moment que nous sommes dans une comédie légère. On se rassure très vite, tous les ingrédients du polar seventies sont bien là, notamment la musique si typique de Lalo Schifrin.
On passe donc un très bon moment à suivre ce pauvre bougre obligé de rendre son magot à la mafia alors qu’il croyait avoir réalisé un casse juteux dans une petite succursale de campagne. Pour Siegel, Charley Varrick représente sans aucun doute une race en voie de disparition et fait figure de "dernier indépendant" dans une société qui est en train de s’uniformiser. C’est un thème récurrent dans les années 60, que ce soit à travers des films comme "Les Trois Jours du Condor" ou "À cause d’un assassinat", qui nous montrent des quidams en lutte, contre la machine étatique pour l’un, et politique pour l’autre.
Siegel affirme, quant à lui, que le milieu n’est pas étranger au phénomène, et qu’un homme seul est forcément condamné s’il est la cible de la « pieuvre » dont les ramifications s’étendent jusqu’au plus petit village du Nouveau-Mexique. Et ce n’est pas la fin victorieuse en trompe l’œil qui parviendra à nous rassurer. On a bien compris que Charley Varrick s’engage vers un avenir incertain.
Le casting composé de tronches connues de l’époque est magnifique. Du grand art, et l'on peut comprendre l’enthousiasme d’Alain Corneau qui plaçait "Tuez Charley Varrick" dans ses références.
La critique de Bertrand Mathieux