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"Sleeping Beauty"

« You don't dance? Well then we'll dance, and you watch. You do watch, don't you? »

Sleeping Beauty - affiche

titre original "Some Call It Loving"
année de production 1973
réalisation James B. Harris
scénario James B. Harris, d'après la nouvelle "Sleeping Beauty" de John Collier
production James B. Harris
interprétation Tisa Farrow, Zalman King, Carol White, Richard Pryor

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Connu comme le producteur de quelques films de Stanley Kubrick ("L'Ultime Razzia", "Les Sentiers de la gloire" et "Lolita"), James B. Harris aura aussi réalisé une poignée de films (5 longs métrages en 28 ans) assez atypiques, dont ce très étrange "Some Call It Loving", aussi appelé "Sleeping Beauty" comme la courte nouvelle de John Collier dont il est inspiré.

Sorte de longue digression autour du conte "La Belle au bois dormant", "Sleeping Beauty" puise son parfum entêtant dans des œuvres aussi marquantes que "Freaks" (Tod Browning, 1932), "Le Charlatan" (Edmund Goulding, 1947) ou encore "Boulevard du crépuscule" (Billy Wilder, 1950).

Esclave d'une riche héritière, Scarlett, recluse dans sa magnifique demeure de la côte méditerranéenne, un jeune Américain entretenu, Robert, se prête à tous les jeux de la jeune femme qui, refusant d'entrer dans la vraie vie, se plait à reproduire en mode fictif des états (le veuvage) ou des univers (le couvent) claustrophobes, comme petite fille elle jouait à la dînette, la dimension saphique en moins.

Quand il tombe par hasard dans une fête foraine sur une jeune fille endormie (Tisa Farrow, la sœur de Mia) devenue monstre de foire, soumise aux baisers tarifés des badauds fantasmant de la réveiller, Robert (Zalman King) pense avoir trouvé le moyen de s'échapper de cette dépendance malsaine en troquant son statut de dominé pour celui de dominant. S'engage alors une lutte avec Scarlett (Carol White) pour la possession de la jeune Jennifer enfin réveillée.

James B Harris joue parfaitement de ce canevas pour nous enivrer des rapports troubles de fascination et de répulsion qui unissent ce trio qu'il ne sera pas si facile de dissoudre. La fin aussi troublante et dérangeante que celle de "Freaks" nous rappelle qu'ailleurs que chez Walt Disney, les contes ont souvent une issue tragique.

À noter également la présence incongrue de Richard Pryor en junkie, seul lien de Robert avec le monde réel.

Film rare d'un réalisateur rare lui aussi, "Sleeping Beauty" vient d'être édité en DVD par M6 Video. Un visionnage s'impose.

Sleeping Beauty - générique