titre original | "No Way Out" |
année de production | 1987 |
réalisation | Roger Donaldson |
musique | Maurice Jarre |
interprétation | Kevin Costner, Gene Hackman, Sean Young, Will Patton, Iman |
La critique de Pierre
Voici un petit thriller des années 80, "Sens unique", réalisé par Roger Donaldson ("Cocktail", "La Recrue"), avec Costner, Hackman et Sean Young (icône des années 80, la réplicante brune de "Blade Runner"), qui a gardé la réputation d'être un solide suspense.
L'histoire, c'est celle de Tom Farrell (Costner, qui se la pète en uniforme blanc pendant tout le film), un officier des marines, qui entre au service du ministre de la défense (Hackman) grâce à son pote Pritchard, le second du ministre. Costner a une liaison avec Sean Young, qui est par ailleurs entretenue et baisée régulièrement par le Ministre du chuckle. Comprenant qu'elle a un amant, le ministre, dans une crise de jalousie, tue Sean Young. Pour maquiller tout ça, Pritchard décide de retrouver l'amant, dont il ne connait pas l'identité, en faisant passer ça pour la recherche d'un espion russe. Et le Ministre confie l'enquête à... Costner, qui se trouve dès lors chargé de se retrouver lui-même...
Alors, il y a trois choses à en dire :
1) Rarement, et je pèse mes mots comme on dit sur Allociné, on aura vu une telle ringardise années 80. Du générique au lettrage affreux à la musique inaudible de Maurice Jarre, en passant par l'apparition incongrue du top-model Iman (la femme de David Bowie) avec une coiffure improbable, tout ça passe rudement aujourd'hui. Sans parler d'une partie de baise en limousine entre Costner et Young, avec chauffeur qui mate en souriant, mainte fois parodiée depuis...
2) Ouais, le suspense fonctionne bien. Et il y a Gene Hackman, sauf qu'il faut qu'il arrête de jouer tout le temps les mêmes trucs (l'homme politique qui tue sa maitresse, je vous rappelle que c'est aussi "Les pleins pouvoirs").
3) Surtout, il y a une chose que je ne m'explique pas : l'histoire est TRÈS STRICTEMENT IDENTIQUE à celle de "Police python 357" d'Alain Corneau. Pourtant, "Sens unique" est adapté d'un livre de 1948, mais en tout cas, il y a un problème : la ressemblance est telle que ça ne peut pas être un hasard. Remplacez le chef de la police du film de Corneau par le Ministre de la défense, la femme du chef de la police par le second du Ministre, et Montand par Costner, vous obtenez le même film. Incroyable ! Peut-être que "Police python 357" est adapté du même bouquin, mais ça n'apparait pas sur IMDb. Bon sang, mais qui arnaque qui dans cette histoire ?
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"Sens unique" est le thriller typique des années 80 comme l'ont popularisé Taylor Hackford ("Contre toute attente"), Michael Apted ("Mesures d'urgence", 1985), Hal Ashby ("Huit millions de façons de mourir"), Ridley Scott ("Traquée", "Black Rain"), Robert Benton ("Nadine"), Kathryn Bigelow ("Blue Steel"), Peter Yates ("Suspect dangereux"), Peter Hyams ("Presidio"), Curtis Hanson ("Faux témoin") ou encore Michael Cimino ("L'année du dragon").
Il s'agit grosso modo de reprendre, en les actualisant, les recettes du film noir comme l'avait fait astucieusement Lawrence Kasdan en 1981 avec son très sulfureux "La fièvre au corps". Sur fond d'érotisme chic et de musique FM, le tout nimbé d'une photographie directement inspirée du monde de la publicité, se déroulent des suspenses un peu répétitifs, qui laissent plus de place à l'esthétisme qu'à la profondeur de l'intrigue et au jeu des acteurs.
Heureusement, cette vague a drainé avec elle beaucoup de réalisateurs de talent, aussi bien des professionnels aguerris comme Robert Altman, Peter Yates, Sidney Lumet ou John Schlesinger que des jeunes pousses, dont le plus doué fut assurément Michael Cimino avec son impeccable "Année du dragon".
Roger Donaldson, Australien de naissance, qui est plutôt de la race des faiseurs efficaces mais sans grande imagination, arrive ici à se tirer d'affaire d'un thriller assez référentiel, truffé de clichés mais efficacement enjolivé par un casting de premier plan avec, au premier chef, la présence toujours impeccable de Gene Hackman en politicien inconséquent et du trop méconnu Will Patton en homme de main un peu trop zélé.
Kevin Costner, qui est à l'orée de sa très grande renommée, n'est pas encore complètement assuré et flotte un peu dans son jeu à certains moments. Quant à Sean Young, la "réplicante" de "Blade Runner", elle a ce qu'il faut de piquant pour faire perdre la tête à deux hommes à la fois.
Le suspense de l'intrigue est rondement mené, même s'il peut paraître un peu mécanique. On appréciera la courte apparition du mannequin Iman. Mais pour tout dire, on est plutôt dans le domaine de l'efficacité que de celui de l'inspiration.
Le générique de "Sens unique" conçu par Pablo Ferro