Se faire la belle du bagne (for Papillon, survival was not enough, he had to be free)
titre original | "Papillon" |
année de production | 1973 |
réalisation | Franklin J. Schaffner |
scénario | Dalton Trumbo, d'après le roman éponyme d'Henri Charrière |
photographie | Fred J. Koenekamp |
musique | Jerry Goldsmith |
interprétation | Steve McQueen, Dustin Hoffman, Anthony Zerbe |
remake | "Papillon", Michael Noer, 2017 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Le scénariste n'a retenu que quelques épisodes du livre de Charrière, ce qui donne plus de force au film. La reconstitution du bagne est fidèle, sans souci d'en rajouter dans l'horreur. Quant aux interprètes, ils emportent l'adhésion malgré quelques tendances au cabotinage. La réussite est incontestable, mais ne suscite pas pour autant l'enthousiasme, peut-être parce que, disparu, le bagne a fini de faire "rêver".
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"Papillon", réalisé par Franklin J. Schaffner en 1973 à partir de la biographie romancée d’Henri Charrière (ancien bagnard de Guyane aux multiples tentatives d’évasion), offre à Steve McQueen, alors seulement âgé de 42 ans, son dernier grand rôle. L’acteur enchaîne depuis une dizaine d’années les interprétations charismatiques ("La Grande Évasion", "Le Kid de Cincinnati", "La Canonnière du Yang-Tsé", "Bullitt" ou encore "L’Affaire Thomas Crown") qui vont l’amener au rang de star. À tel point qu’il parviendra en 1974 à voler la tête d’affiche à Paul Newman pour ce qui sera son dernier grand succès populaire dans "La Tour infernale" de John Guillermin. Miné par un cancer, celui qui incarnait la « cool attitude » disparaîtra en 1980 pour devenir un mythe.
L’acteur est arrivé sur cette production franco-américaine une fois que l’idée de confier le rôle de Papillon à Jean-Paul Belmondo ou à Warren Beatty sous la direction de Roman Polanski n’a pas abouti. Même s’il doit accepter des transformations physiques qui ne sont pas très glamour, il est en terrain connu et n’a aucun mal à entrer dans la peau de cet homme épris de liberté, comme l’indique le tatouage gravé sur sa poitrine qui lui vaut son surnom. À ses côtés, Dustin Hoffman, alors en pleine ascension, interprète Louis Delga, personnage imaginaire qui serait l'émanation d'Emmanuel Delegato, petit truand marseillais condamné dans l'affaire des faux bons de la Défense Nationale.
L’alchimie entre les deux acteurs, qui ont en commun d’avoir tourné sous la direction de Sam Peckinpah, fonctionne parfaitement à l’écran. Dalton Trumbo, appelé à la rescousse pour remanier un scénario dont la rédaction traînait en longueur, est parvenu à équilibrer les scènes pour éviter que les egos ne s’affrontent trop brutalement et à tirer le meilleur parti des décors exotiques afin de donner sa dimension épique au film.
On reste donc dans la pure tradition du film d’aventures hollywoodien, construit à partir du dosage savant des moments de bravoure et des retournements de situation propres à ne jamais faire retomber la tension tout au long des deux heures que dure le film. Franklin J. Schaffner, habitué à diriger de grosses productions, assure la livraison d’un "Papillon" répondant parfaitement, mais sans génie, à son cahier des charges.
Malgré des procédés de mise en scène parfois un peu trop visibles, sans être toutefois racoleurs, les conditions d’enfermement inhumaines du dernier bagne français en activité ne sont pas édulcorées (le bagne de Saint-Laurent-sur-Maroni fermera définitivement ses portes en 1946).
Un remake réalisé en 2017 par Michael Noer avec Charlie Hunnam et Rami Malek propose une vision plus épurée et plus sombre de l’aventure d’Henri Charrière, complémentaire du film de Schaffner.
Bande-annonce modernisée de "Papillon" © Dan McBride