Le dernier film de Sam Peckinpah
titre original | "The Osterman Weekend" |
année de production | 1983 |
réalisation | Sam Peckinpah |
scénario | Alan Sharp, d'après le roman de Robert Ludlum |
photographie | John Coquillon |
musique | Lalo Schifrin |
interprétation | Rutger Hauer, John Hurt, Craig T. Nelson, Dennis Hopper, Chris Sarandon, Meg Foster, Burt Lancaster |
récompense | Prix spécial du jury au festival du film policier de Cognac 1984 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Tourné après trois années passées à travailler sur des projets avortés, "Osterman Weekend" est l'ultime film de Sam Peckinpah qui mourra un peu plus d'un an après sa finition. Adapté d'un roman - le plus court, le moins touffu et le meilleur - d'un écrivain à la mode, il s'agit, comme "Tueur d'élite", d'un film d'espionnage qui, à l'instar de celui-ci, fait grand cas du double jeu, des rapports amis-ennemis. Peckinpah, qui n'apparaît pas toujours au mieux de sa forme, sauf dans les scènes d'action, y pose un regard désabusé sur l'inhumanité du monde contemporain qu'il rend sensible par la multiplication des caméras et écrans vidéo, sources de toutes les manipulations.
La presse de l'époque
Extraits de la critique de François Thomas publiée dans le no 280 de la revue Positif (juin 1984)
À moins de découvrir avec "The Osterman Weekend" les liens qu'un scénario peut établir entre la paranoïa et les circuits intérieurs de caméras, entre la manipulation psychologique et celle d'une console vidéo, on ne serait qu'être affligé par la pauvreté du dispositif de mise en scène adopté par Peckinpah.
(...)
Le voyeurisme chez Peckinpah ne saurait avoir d'autre horizon que le sexe. La laideur commune des nudités, la fade vulgarité des actrices et l'insolite impuissance de Peckinpah à mettre en valeur par le cadrage et le maintien une poitrine féminine ou masculine, ont tôt fait de déshumaniser un voyeurisme qui ne dispose même plus de la faculté qu'à la caméra de se rapprocher des corps.
(...)
La discordance des plans d'extérieur accusent en sus la médiocrité de la couleur. L'indigence de la photographie atteste que Peckinpah, non content d'être au plus bas de sa forme (...), devient de moins en moins exigeant vis-à-vis de ses collaborateurs.
(...)
La contamination de l'image cinématographique par la vidéo dispense Peckinpah de toute recherche plastique comme de ciseler son montage.
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Lorsque il porte sur des actions trop longues ou vues de trop loin (...), le ralenti ne permet plus de cerner les gestes et les mouvements. Le ridicule n'est pas loin : comment peut-on, avec une mitraillette à laser, rater deux hommes à découvert alors qu'on les voit interminablement au ralenti ?
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Il est enfin pénible de constater à quel point la mise en scène, une fois de plus, joue contre le scénario.
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La désolante impassibilité de Peckinpah devant un script l'amène à en restituer les péripéties avec toute l'intelligence et l'humour d'une caméra vidéo.