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"Los Angeles 2013"

Carpenter nous refait le coup de "New York 1997", et c'est réussi !

Los Angeles 2013 - affiche

titre original "Escape from L.A."
année de production 1996
réalisation John Carpenter
scénario John Carpenter et Kurt Russell
musique John Carpenter
interprétation Kurt Russell, Stacy Keach, Cliff Robertson, Pam Grier, Steve Buscemi, Peter Fonda, Valeria Golino, Bruce Campbell, Robert Carradine
 
épisode précédent "New York 1997", John Carpenter, 1981
FilmsFantastiques.com, L'Encyclopédie du Cinéma Fantastique
La chronique de Gilles Penso

La critique de Mathilde

On prend les mêmes ou presque, et on recommence ! Sauf que cette fois-ci, notre héros n'est plus chargé de partir à la recherche du Président des États-Unis (qui n'est plus interprété par Donald Pleasence, mais par Cliff Robertson), mais d'aller délivrer la fille de ce dernier.

Des seconds rôles tout droit sortis des années 70, comme Peter Fonda et Pam Grier ; une scène de surf aux effets spéciaux pourris, mais tellement bon esprit : c'est plus fun que le premier épisode, mais tout aussi "rock".

Snake Plissken (merveilleux Kurt Russell), qui n'a perdu ni de sa répartie verbale, ni de sa dextérité en matière de flingues, y conforte - s'il était besoin - sa stature de personnage le plus cool du western moderne.

Quant à John Carpenter, il confirme à Hollywood qu'on n'a pas l'âge de ses artères et qu'il n'est pas prêt à lâcher l'affaire (suivront quand même "Vampires" et surtout "Ghosts of Mars").

The more things change, the more they stay the same (la critique de Pierre)

Difficile de parler objectivement de ce film, que j'ai tellement aimé, et que j'aime encore tellement que cela m'en a ôté tout esprit critique pendant un bon moment. C'est sorti sur les écrans français le 13 novembre 1996 (décidément une très grande année), le même jour que "Disjoncté". C'est à la fois la suite et le remake de "New York 1997".

Le pitch : en 2013, les États-Unis, gouvernés par un fou de Dieu, sont devenu un état totalitaire. Los Angeles est désormais le lieu de déportation pour tous les coupables d'attitude anti-américaine. Snake Plissken, le desperado le plus recherché du pays, est envoyé en mission par le président à L.A. pour éviter une nouvelle guerre mondiale...

On a dit que Carpenter était malade sur le tournage et que c'est Kurt Russell qui avait écrit, voire réalisé, une partie du film. "Los Angeles 2013", qui se termine par un regard face caméra, aurait été conçu pour être le dernier film réalisé par Carpenter. Peut-être, rien n'est très clair là-dessus. Mais c'est sûr que le Snake est tout autant la création du réalisateur que de l'acteur.

Quoi qu'il en soit, ce film est avant tout une énoooorme satire du Hollywood des années 90, vu par Carpenter. Ça reste très drôle à voir aujourd'hui, et toujours pertinent (il faut dire que le mandat de Bush créée une similarité frappante avec le président du film). La grande question, c'est : que veux dire Carpenter ? Le réalisateur est-il de droite ou de gauche, pour peu que ces deux mots aient un sens aux États-Unis ?

J'ai vu il y a peu de temps un doc sur Carpenter, qui passe en ce moment sur le câble et intitulé "Big John" (réalisé par un Français, Julien Dunand, en 2006). Le critique français Jean-Baptiste Thoret explique qu'en France, pour que les critiques aiment un cinéaste américain, il faut qu'ils le voient comme un cinéaste de gauche anti-capitaliste. Selon Thoret, Carpenter a longtemps été méprisé par la critique française, jusqu'à ce que cette dernière le classe parmi les gauchos et finisse par l'aimer, alors qu'il s'agit d'un contre-sens, car Carpenter n'a rien "d'anti-américain" ou d'un mec de gauche, au contraire. Je ne sais pas si ce passage est très compréhensible ni très bien écrit, mais bon, moi, j'ai trouvé ça très vrai.

Le point de vue de Carpenter, en fait, c'est un peu celui du desperado. Le mec n'est pas un libéral (il méprise le pouvoir de l'argent, cf. "Invasion Los Angeles"), mais il n'est pas de gauche non plus (cf. "Assaut" et ses gangs de jeunes zombifiés). Si je devais le classer quelque part, je dirais in fine "anar de droite", refusant toute autorité, toute règle. C'est bien cela qui ressort de "Los Angeles 2013". NB : faut faire attention, car le point de vue de Russell est différent, le mec est semble-t-il d'extrême droite (Carpenter dit de lui : « so much more right wing than you can imagine »)...

Bref, pour ce qui est du film lui-même, c'est un remake très fidèle de "New York 1997". Chaque personnage de "N.Y." trouve son équivalent à "L.A." :
- Donald Pleasence devient Cliff Robertson ;
- Lee van Cleef devient Stacy Keach ;
- Harry Dean Stanton devient Pam Grier ;
- Ernest Borgnine devient Steve Buscemi ;
- Isaac Hayes devient George Corraface.

J'ai longtemps pensé que "Los Angeles 2013" était supérieur à "New York 1997", plus imparfait, mais aussi plus fou, plus fun, plus outré. La musique y est tonitruante, dès le générique très sympa qui ouvre le film. Snake y est magnifié, chacune de ses attitudes est géniale. Surtout, la fin du film est vraiment impressionnante, complètement nihiliste, un grrrrrrrrand moment de la filmographie de Carpenter.

Cela étant, à la revoyure, je dois admettre que "New York 1997" est en fait meilleur. Les personnages y sont plus attachants. Dans "NY", la mort successive de tous les "gentils" fait vraiment froid dans le dos, le film a un côté un peu "Douze salopards" du futur. Dans "Los Angeles 2013", la mort de Pam Grier et de ses acolytes n'a aucun intérêt, ils disparaissent en un claquement de doigt. Pour cette attention portée aux seconds rôles, je donne finalement, après 15 ans de comparaison, un petit avantage à "New York 1997".

De toute façon, "Los Angeles 2013" est un super film. Voilà.

Los Angeles 2013 - photo de tournage
Kurt Russell et John Carpenter sur le tournage de "Los Angeles 2013"
Couverture du numéro de septembre 1996 du magazine Cinefantastique

Los Angeles 2013 - générique

Los Angeles 2013 - générique