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"Les Griffes de la nuit" version 1984

1er épisode des aventures cauchemardesques de Freddy Krueger

Les griffes de la nuit - affiche

titre original "A Nightmare on Elm Street"
année de production 1984
réalisation Wes Craven
scénario Wes Craven
musique Charles Bernstein
interprétation Robert Englund, Heather Langenkamp, John Saxon, Johnny Depp
 
récompenses • Prix de la critique au festival international du film fantastique d'Avoriaz 1985
• Mention spéciale à Heather Langenkamp pour son interprétation à ce même festival
 
remake "Freddy : les griffes de la nuit" de Samuel Bayer, 2010
 
suites • "La Revanche de Freddy" de Jack Sholder, 1985
• "Les Griffes du cauchemar" de Chuck Russell, 1987
• "Le Cauchemar de Freddy" de Renny Harlin, 1988
• "L'Enfant du cauchemar" de Stephen Hopkins, 1989
• "La Fin de Freddy - L'ultime cauchemar" de Rachel Talalay, 1991
• "Freddy sort de la nuit" de Wes Craven, 1994

La critique de Pierre

Ça date de 1984, c'est LE grand classique de Wes Craven. Vu la sortie imminente du remake, l'original vient de ressortir en Blu-ray. C'est toujours l'occasion de le revoir.

Le pitch : plusieurs adolescents d'une petite ville américaine rêvent du même tueur...

C'est vraiment un très très bon film, pour plein de raisons. La première, c'est que ça fout vraiment la frousse. C'est peut-être pas au niveau de "L'Exorciste", mais pour moi, c'est pas très loin derrière dans le facteur trouille. Et ça n'est pas un hasard, "Les Griffes de la nuit" est doté d'un excellent scénario et d'une mise en scène très intelligente et habile.

Le scénario : d'abord, un bon film d'horreur doit reposer sur l'abolition d'une règle universelle fondamentale (ici, la frontière entre rêve et réalité). Ensuite, il faut créer un suspense : Wes Craven reprend ici une formule héritée de "Body Snatchers", à savoir "il ne faut pas s'endormir". L'addition de ces deux effets (abolition d'une règle universelle fondamentale + suspense) est particulièrement efficace. Autre élément très habile du scénario : l'excellent dosage entre ce qui est raconté et ce qui est juste suggéré. Ici, le scénario joue beaucoup sur le passé des personnages des parents : c'est eux qui ont connu Freddy et l'ont tué (une trame qui ressemble fortement à celle de "La Dernière Maison sur la gauche" du même Craven). Mais on ne le découvre que petit à petit ; il n'y a pas de flash-back. La seule chose que l'on verra de l'époque où Freddy était vivant est, semble-t-il, deux scènes : le moment où il construit ses griffes (une scène franchement effrayante), les petites filles qui chantent une comptine.

Wes Craven tire tout le potentiel de son scénario par une mise en scène très bien foutue : il multiplie les fondus au noir dès le début du film, créant d'entrée de jeu une incertitude sur la question de savoir si les personnages rêvent ou non, d'où une tension permanente. Craven brouille aussi les cartes avec quelques plans très bien faits (cf. celui qui commence dans le passé, flouté, sur les petites filles qui chantent, pour finir dans le présent, en net, sur les ados).

Les acteurs sont très bien utilisés : John Saxon dans le rôle du père est super, la jeune Heather Lagenkamp, sur qui repose tout le film, est très bien. Enfin, plus discrètement si l'on peut dire, Robert Englund est un excellent Freddy.

Seule ombre au tableau : les effets spéciaux, surtout optiques, sont très datés (le film n'est pas le seul dans cette catégorie, cf. "Hellraiser").

Au final : c'est super. Le Blu-ray donne une vraie nouvelle jeunesse au film, qui est au final plutôt différent de ce que j'avais gardé en mémoire. Je pensais notamment qu'on voyait à peine le visage de Freddy dans cet épisode. En fait, on le voit carrément bien ! C'est une vraie nouveauté par rapport aux éditions précédentes du film.

Reste à aller voir le remake. Notons que les producteurs ont eu une idée de génie pour le casting : Freddy est joué par Jackie Earle Haley, aka Rorschach dans "Watchmen", clairement un excellent choix. On verra bien, mais pour surpasser l'original, faudra se lever tôt !

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

En 1984, quand Wes Craven tourne "Les Griffes de la nuit", les sagas "Halloween" et "Vendredi 13" sont déjà bien rodées avec trois épisodes chacune à leur compteur. Les chiffres du box-office ne sont certes pas à la hausse, vu le peu d'efforts imaginatifs déployés par les producteurs, mais la rentabilité reste tout de même appréciable. Wes Craven, de son côté, a déjà suscité l'intérêt avec deux longs-métrages subversifs particulièrement violents tant dans le propos que sur la forme ("La Dernière Maison sur la gauche" en 1972 et "La colline a des yeux" en 1977). Deux films également très rentables, car tournés avec des bouts de ficelle.

Quand il lit dans le New York Times un fait divers relatant la mort d'un adolescent japonais après des jours d'insomnies provoquées par sa peur de mourir pendant son sommeil, Craven imagine très vite un scénario basé sur les rêves d'adolescents hantés par un croquemitaine les poursuivant jusqu'à une mort certaine s'ils ne parviennent pas à se réveiller à temps. Mais les échecs successifs de "La Ferme de la terreur" en 1981 et de "La Créature du marais" en 1982 ne lui facilitent pas la recherche d'un producteur. C'est finalement Robert Shaye, le fondateur et PDG de New Line Cinema, société de production confidentielle, qui accepte de s'associer au projet.

La collaboration parfois houleuse entre les deux hommes fera merveille en terme d'innovation. Tout d'abord, l'introduction d'une bonne dose d'humour permettra à "A Nightmare on Elm Street" de ne pas entrer en concurrence directe avec les deux sagas précitées, qui paraissent indétrônables sur leur créneau. Ensuite, chacun des rêves où Freddy Krueger, le croquemitaine, entre en jeu est savamment pensé, puis élaboré pour apporter la dose de frissons indispensable au genre. Ce savant mixage sera la recette miracle de ce qui sera le premier opus d'une saga longue de sept épisodes.

De par sa conception, le scénario manque donc un peu de linéarité, donnant l'impression d'une ossature principalement conçue pour permettre aux scènes chocs de s'enchaîner. Sur ce dernier aspect, le film est parfaitement réussi, et les épisodes suivants auront comme challenge de plus en plus ardu de réitérer la promesse initiale faite au spectateur.

Mais par-dessus tout, c'est le personnage de Freddy campé par Robert Englund, acteur de télévision détecté par Wes Craven, qui fait tout le sel du film, les personnages d'adolescents, même campés par un Johnny Depp débutant, n'étant guère plus captivants que dans la saga "Vendredi 13". Son caractère taquin et joueur, en complet décalage avec sa vocation de serial killer, sera la grande trouvaille de Wes Craven. À tel point que Freddy Krueger deviendra rapidement le personnage central des épisodes à venir.

Le film ayant été très profitable, rapportant plus de douze fois son budget, le producteur Robert Shaye finira par convaincre Wes Craven de tourner une nouvelle scène finale pour ouvrir la voie au deuxième épisode mis en scène par Jack Sholder qui, juste un an plus tard, remplacera Wes Craven pour "La Revanche de Freddy". On connaît la suite.

On peut penser aujourd'hui en toute objectivité que, sans ce qu'il est advenu du personnage de Freddy au fil de l'avancée de la saga, "Les griffes de la nuit" n'aurait pas acquis  le même statut. Mais être le créateur d'un personnage culte, c'est déjà énorme !

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Ce film reste, à ce jour, le chef-d’œuvre de Wes Craven, auquel le jury du festival d'Avoriaz 1985 décerna, à juste titre, le prix de la critique ; la jeune Heather Langerkamp, incarnant le personnage de Nancy, reçut le prix d'interprétation féminine.

Les séquences s'enchaînent et rebondissent sans laisser au spectateur, terrifié mais séduit, le temps de reprendre haleine.

Parmi les nombreux effets horrifiques, qui seront souvent repris dans des films ultérieurs, on confessera une faiblesse pour la scène où, afin d'impressionner la jeune fille, le tueur se tranche lui-même quelques doigts avec les lames de rasoir qui lui servent de griffes : il jaillit alors des membres mutilés un liquide jaune et visqueux particulièrement répugnant.

Le personnage de Freddy Krueger, le monstre, a par la suite connu la fortune que l'on sait aussi bien au cinéma qu'à la télévision (voir la série très honorable de téléfilms sortis, chez nous, en vidéo sous le titre "Les Cauchemars de Freddy").

Craven, pour sa part, s'est envolé vers d'autres horizons, mettant, semble-t-il, un point d'honneur à aborder chaque fois un nouveau thème fantastique.

Couverture du numéro 42 de juin 2024 du magazine Rockyrama
Affiche turque des "Griffes de la nuit" © Sahin Karakoc
Publicité pour un magasin de couteaux de Montréal
Affiche alternative © Matt Ryan Tobin
Affiche alternative © Matt Ryan Tobin (variante)
Affiche alternative © Christopher Shy
© Dan Mumford
Les griffes de la nuit - photo de tournage
L'actrice Amanda Wyss et le réalisateur Wes Craven sur le tournage des "Griffes de la nuit"
Source : DGA Quarterly

Le générique des "Griffes de la nuit" conçu par Dan Perri

Les griffes de la nuit - générique

Les griffes de la nuit - générique

FilmsFantastiques.com, L'Encyclopédie du Cinéma Fantastique
La chronique de Gilles Penso