Dead man Walker
titre original | "Point Blank" |
année de production | 1967 |
réalisation | John Boorman |
scénario | d'après le roman "Comme une fleur" ("The Hunter") de Richard Stark alias Donald E. Westlake |
photographie | Philip H. Lathrop |
musique | Johnny Mandel |
interprétation | Lee Marvin, Angie Dickinson, John Vernon |
remake | "Payback" de Brian Helgeland, 1999 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Un thriller particulièrement violent, plein d'effets chocs et pimenté d'un zeste d'érotisme par la présence d'Angie Dickinson. Le film imposa Boorman.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Le film qui propulsa John Boorman vers les sommets. Un thriller froid, déshumanisé, aux images sublimes qui rappellent un peu le style d’Hitchcock dans "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses".
Comme toujours dans ces années 60, l’individu fait face à des organisations plus ou moins occultes dont on ne sait jamais très bien qui les dirigent. Lee Marvin est lui-même difficilement identifiable. D’où vient-il ? Quelle est sa profession ?
Toujours est-il qu’il est très en colère après avoir été dupé par son meilleur ami qui, en plus de sa part du butin, lui a pris sa femme. Et l’on sait bien qu’il ne faut jamais mettre Marvin en colère. Homme seul face à l’organisation, il en viendra à bout, ce qui est plutôt rare dans les films de cette époque où le héros est au final souvent broyé par la machine. Il faut dire qu’il a dans la manche la toujours délicieuse et sensuelle Angie Dickinson.
Une réussite du genre qui installe tout de suite Boorman parmi les grands. La suite ne démentira pas ce premier opus.
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Film noir onirique et funèbre. Histoire de vengeance ou dernière construction délirante d’un cerveau qui s’éteint ?
Éclatement du récit (influence d’Alain Resnais), déviances psychédéliques (les projections terrifiantes sur le visage impassible de Lee Marvin), raccords surréalistes (la chambre de la femme de Walker qui se vide en deux plans), violence baroque (Walker ne détruit que des objets symboles de la société capitaliste américaine et ne tue volontairement personne).
Le réel s’efface dès le stupéfiant générique et l’œuvre glisse inexorablement vers le fantastique.
Même le diable vient y faire un tour : Keenan Wynn, méconnaissable, dont les apparitions confinent au cauchemar. Partition expérimentale et ensorcelante de Johnny Mandel et très belle photo du légendaire Philip H. Lathrop.
Angie Dickinson est superbe et John Vernon (dans son premier rôle) est particulièrement malfaisant.
Lee Marvin (qui offrit son soutien, sa confiance et son amitié à Boorman) y trouva le rôle de sa vie.
Un chef-d’œuvre.
Référence dans la littérature française
Le film est évoqué par l'écrivain français Jean Echenoz dans son roman "Cherokee" (1983), au chapitre 8 : « La jeune femme portait un robe noire avec de minuscules détails bleu-gris, ses yeux étaient bleu-gris, ses cheveux blonds ; elle était coiffée comme Angie Dickinson dans Point Blank. » Plus loin : « Il ouvrit la porte, suivit le couloir jaune aux murs tapissés de photographies de films [...] Les photogrammes représentaient des scènes d'amour, des scènes de violence, des scènes mal définies où l'on reconnaissait Katherine Hepburn et Bette Davis, ou Jane Russell et Michael Caine, Sterling Hayden ou Ben Gazzara, et même Barbara Steele ou Fernandel, et Angie Dickinson dans Point Blank, la scène où Lee Marvin revient la voir. »