titre original | "The Legend of Lylah Clare" |
année de production | 1968 |
réalisation | Robert Aldrich |
scénario | Hugo Butler et Jean Rouverol |
photographie | Joseph F. Biroc |
musique | Frank De Vol |
interprétation | Kim Novak, Peter Finch, Ernest Borgnine, Coral Browne, George Kennedy (non crédité) |
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Film somme du maître Aldrich sur Hollywood *.
Louis B. Mayer aurait-il validé un tel projet ?
Trame vertigineuse (proche de "Sueurs froides") où la caméra enregistre froidement la beauté déjà flétrie de Kim Novak 10 ans à peine après le chef-d’œuvre d'Hitchcock. Danse macabre où le réalisateur de "Baby Jane" fait revenir d'entre les morts la monstrueuse Lylah Care : mélange déjanté de Dietrich et autres Crawford que le film exhibe telle "Une putain dégénérée" et que le doublage de Sibylle Siegfried transforme en immonde travelo...
Le cinéaste accentue le saphisme ambiant à l'aide de gros plans signifiants et, comme toujours, fustige les crétins malfaisants qui régissent notre monde (Ernest Borgnine en producteur à la Weinstein, l'hallucinante Coral Browne en Louella Parsson).
Figure centrale, l'artiste, le créateur génial, est un pervers narcissique abominable (Peter Finch, excellent).
Hollywood déchire les chairs, dévore les âmes. Farandole déviante préfigurant, dans ces excès, les grandes œuvres à venir de Rainer Werner Fassbinder.
L'avalanche de plans au couperet accentuent toujours une peu plus le morbide, la claustrophobie qui se dégagent des intérieurs, et l'ultime scène, dérisoire et cauchemardesque, annonce la fin du monde, l'apocalypse universelle.
Échec public et critique inévitable à sa sortie. Aldrich blâma Novack avant de se blâmer lui-même. La star n'apparaitra plus jamais dans un premier rôle et vécut l'expérience de la première comme une humiliation.
Un chef-d’œuvre de nihilisme.
* "Le Grand Couteau" (1955) et "Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?" (1962)
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Un gros échec commercial pour Aldrich, mais un film resté classique sur Hollywood, une construction où l'on découvre peu à peu les différents visages d'une star ; l'interprétation de Kim Novak et la violence de certaines séquences ont peut-être contribué à dérouter les spectateurs.
Robert Aldrich, un réalisateur fidèle
"Le Démon des femmes" marque sa quatrième et dernière collaboration avec l'acteur George Kennedy, après notamment "Les Douze Salopards". Il s'agit également de sa quatrième collaboration avec l'acteur Ernest Borgnine, qu'il dirigera de nouveau dans "L'Empereur du Nord" et "La Cité des dangers".