9e volet de la saga James Bond
titre original | "The Man with the Golden Gun" |
année de production | 1974 |
réalisation | Guy Hamilton |
scénario | Richard Maibaum et Tom Mankiewicz |
photographie | Ted Moore et Oswald Morris |
musique | John Barry |
production | Albert R. Broccoli et Harry Saltzman |
interprétation | Roger Moore (2e interprétation du personnage), Christopher Lee, Britt Ekland, Hervé Villechaize, Maud Adams, Clifton James, Bernard Lee ("M"), Desmond Llewelyn ("Q"), Lois Maxwell (Miss Moneypenny) |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
On prend les mêmes et on recommence chaque année. Peu original, ce film traduit l’essoufflement de la série des James Bond.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"Vivre et laisser mourir", le premier James Bond interprété par Roger Moore ayant été un énorme succès, Albert R. Broccoli et Harry Saltzman mettent très vite en chantier ce qui sera leur dernière collaboration (Harry Saltzman aux envies d’indépendance revendra ses parts à la United Artists). "L’Homme au pistolet d’or" est le dernier roman de Ian Fleming paru à titre posthume en 1965. Les deux producteurs avaient en réalité prévu d’adapter le roman à la suite de "On ne vit que deux fois", avec Roger Moore qui aurait dû faire ses débuts dans la saga en remplacement de Sean Connery. Les prises de vues au Cambodge étant rendues impossibles par le début de la guerre civile qui ravageait le pays, ce fut George Lazenby qui œuvra dans "Au service secret de Sa Majesté".
Tom Mankiewicz, pour la troisième fois, intervient à l’écriture du scénario. Il bâtit très habilement l’intrigue autour du duel à distance que se livrent Bond et Francisco Scaramanga (Christopher Lee), un tueur à gages qui s’est fixé comme but, outre de se mesurer à l’agent 007 qu’il juge comme le seul capable de lui être comparé, celui de revendre à prix d’or une pile solaire miraculeuse (dérobée), capable de délivrer à jamais la planète de la dépendance au pétrole (le premier choc pétrolier est tout récent).
Guy Hamilton, qui officie pour la quatrième fois à la réalisation d’un épisode de la saga, peut cette fois-ci compter sur un Roger Moore qui semble avoir trouvé ses marques, en attirant définitivement 007 vers ce qui fait tout le sel de son jeu, l’humour et la distinction alliée à la décontraction. Beaucoup ne se satisferont jamais de cette orientation donnée à la saga, qualifiant Roger Moore de pire James Bond de l’histoire du cinéma (six acteurs au total). Il faut tout de même préciser que Ian Fleming avait, dès 1962, estimé que l’acteur alors engagé dans la série "Le Saint" ferait un excellent James Bond. La meilleure attitude consiste peut-être à ne pas faire preuve d’un manichéisme forcené, en admettant qu’il est normal que chaque acteur apporte au rôle sa spécificité. Concernant Sean Connery, il faudrait être aveugle pour ne pas avoir constaté, dans ses deux dernières prestations, une réelle dégradation des qualités qui en ont fait pour toujours la référence ultime.
Tout cela pour dire que ce deuxième épisode de l’ère Roger Moore est en tous points réjouissant. L’intrigue, on l’a dit, particulièrement fluide, ménage de nombreux rebondissements. Les méchants, au nombre de deux en la personne de Christopher Lee (Jack Palance était initialement envisagé) et d’Hervé Villechaize, sont aussi complémentaires qu’ils sont différents. Christopher Lee est tout bonnement le meilleur dans le domaine depuis le début de la saga, juste devant le truculent Gerd Fröbe ("Goldfinger"). La présence des méchants était jusqu’ici trop réduite, n’intervenant à leur pleine mesure que lors du final. Le scénario concocté par Tom Mankiewicz initie une inclinaison heureuse, palliant ce qui pouvait être vécu par le spectateur comme une frustration.
Les deux James Bond girls en la personne de Britt Ekland et de Maud Adams offrent une dualité de bon aloi. Maud Adams à la beauté grave, sensuelle et envoûtante sera d’ailleurs la seule actrice à jouer dans trois épisodes. Les gadgets avec la voiture volante et les cascades comme toujours impressionnantes sont au rendez-vous. L’exotisme de rigueur est tout bonnement saisissant avec l’épave du Queen Mary comme QG excentré du MI6 et l’île repère majestueuse de Scaramanga située au nord-est de Phuket en Thaïlande. Quant à l’humour espiègle et toujours de bon goût, il est savamment distillé par un Roger Moore qui se rappelle avec bonheur qu’il a été, il n’y a pas si longtemps, Lord Brett Sinclair dans "Amicalement vôtre", épaulé par un Christopher Lee pince sans rire du meilleur effet.
John Barry revenu aux commandes pour la bande originale, tout était donc sur les rails pour la réussite d'un "Homme au pistolet d’or" qui mérite à coup sûr sa place dans le dix d’or de la saga. La campagne de presse qui avait tenté de discréditer Roger Moore après le succès de "Vivre et laisser mourir" a sans doute influencé le public, qui n’a pas donné au film le succès qu’il méritait, malgré un box-office tout à fait honorable. Dommage. Un film qu'il faut donc voir ou revoir.
La chronique de Gilles Penso
Le topo de Gilles Penso sur la musique du film