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"Fargo", saison 1

« There are no saints in the animal world. Just breakfast and dinner. »

Fargo saison 1 - affiche

titre original "Fargo"
année de production 2014
création Noah Hawley
scénario Noah Hawley
photographie Dana Gonzales et Matthew J. Lloyd
musique Jeff Russo
interprétation Allison Tolman, Billy Bob Thornton, Colin Hanks, Martin Freeman, Keith Carradine, Bob Odenkirk

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

C'est à coup sûr l'esprit des frères Coen (Ethan et Joel) qui règne sur cette première saison de la série "Fargo" inspirée du film éponyme sorti en 1996. Un paysage enneigé comme il se doit, une policière enceinte jusqu'aux dents et tenace comme pas permis, un naïf qui ne l'est pas tant que ça et un tueur psychopathe intello à glacer le sang. La série, qui s'étale désormais sur quatre saisons, est conduite par Noah Hawley, qui manage l'équipe de scénaristes chargés de convaincre le public que la promesse de retrouver l'univers des frères Coen est bien tenue.

Au sein de la bourgade de Bemidji située dans le fin fond du Minnesota, vont s'entremêler les destins d'un petit employé d'assurance (Martin Freeman) maltraité par sa femme, d'un tueur à gages intello et psychopathe (Billy Bob Thornton), de l'adjointe de la police locale (Allison Tolman) et d'un autre flic mal dans ses baskets de policier (Colin Hanks). L'intrigue tumultueuse aux multiples rebondissements va tournebouler la petite cité qui n'avait jamais vu une telle accumulation de meurtres. Toute l'articulation de la série vise à porter l'intérêt du téléspectateur sur le petit assureur chétif et craintif qui, au fil des dix épisodes, va voir son statut évoluer de victime expiatoire en dangereux manipulateur sans plus aucune limite morale.

Le pari est parfaitement réussi grâce à un Martin Freeman qui démontre ici avec brio qu'il peut s'extraire sans peine de la peau du gentil Bilbon Sacquet qu'il venait d'incarner dans la trilogie du "Hobbit", dirigé par Peter Jackson. Sa confrontation avec le diable incarné qu'interprète Billy Bob Thornton (un habitué des frères Coen) fait tout le sel de la série, amenant progressivement à se demander quel est le pire des deux. Et en tout cas nous rappeler qu'il vaut souvent mieux que certaines natures ne soient pas révélées à elles-mêmes, comme c'est parfois le cas en période de conflit armé.

Au fil des épisodes, on se délecte tout à la fois de l'ambiance distillée par Noah Hawley, qui rappelle par moments celle de "Twin Peaks", et des rebondissements qui relancent judicieusement l'intérêt, même si l'auteur ne s'embarrasse pas toujours d'une stricte cohérence dans le déroulement de l'intrigue. On regrettera seulement une fin un peu en queue de poisson, qui nous prive de voir le déroutant Lester Nygaard (Martin Freeman) face à ses horribles mensonges, enfin démasqué.

Pour finir, on saluera l'excellente tenue du casting avec Allison Tolman, Keith Carradine, Bob Odenkirk et Colin Hanks, le fils de son père, pour permettre à la série de tenir vaillamment les dix épisodes qui la composent.

Du film à la série télévisée

De même que de nombreuses comédies musicales ont fait l'objet d'adaptations cinématographiques, mais qu'assez peu de films ont fait l'objet d'une comédie musicale (on peut tout de même citer par exemple "La Petite Boutique des horreurs" de Roger Corman et "Les Producteurs" de Mel Brooks), de nombreuses séries télévisées ont fait l'objet d'adaptations pour le grand écran et assez peu de films, en revanche, ont fait l'objet d'adaptations pour le petit écran. Cette tendance semble cependant s'être inversée depuis les années 2010. Si "Bates Motel" (2013) est inspirée de "Psychose" en ce sens qu'elle en constitue une préquelle, "Fargo" saison 1 est en revanche un quasi remake du film du même nom, où Allison Tolman reprend le rôle de la flic enceinte tenu par précédemment par l'épouse du réalisateur Joel Coen, Frances McDormand. Ces deux séries seront notamment suivies par "Westworld", "Ash vs. Evil Dead", "Hannibal" et "The Mist".