Dérapage contrôlé
titre original | "Electra Glide in Blue" |
année de production | 1973 |
réalisation | James William Guercio |
photographie | Conrad L. Hall |
production | James William Guercio |
musique | James William Guercio |
interprétation | Robert Blake, Elisha Cook Jr., Nick Nolte |
Le titre du film
Il s'agit d'une référence au nom d'un modèle de moto de la marque américaine Harley-Davidson : Electra Glide. Cette moto de la catégorie Touring (routière), qui remplace la Duo Glide en 1965, est la première Harley-Davidson à recevoir un démarreur électrique (d'où la dénomination "electra").
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Unique film réalisé par un imprésario-compositeur, "Electra Glide in Blue" est caractéristique d'une part importante de la production américaine du début des années 1970 ayant pour sujet la mort des valeurs traditionnelles, la fuite en avant, la quête passéiste d'une Amérique mythique disparue. Plus original est le fait que tous les personnages soient mus par un sentiment de frustration. S'il ne révèle pas une personnalité hors pair, le film - qui, outre une splendide photographie, bénéficie d'une bande-son exceptionnelle - témoigne de la part de son auteur d'une maîtrise technique digne d'un vieux routier, malgré quelques maniérismes agaçants.
Extrait de l'ouvrage "10 films oubliés vers une réhabilitation" de Sébastien Miguel
La fascination qu'exerce l'industrie du cinéma des années 1970 a atteint ces dernières années une dimension incomparable. Livres dédiés à la période, biographies sur ses nababs mythiques (Bob Evans…), de ses cinéastes démiurges (Coppola, Cimino) et documentaires en tout genre. Terrain d'une extraordinaire richesse, d'autant plus stimulant que les temps sont bien révolus, les revues spécialisées ne cessent de chanter les exploits de ces hommes qui ont pu produire et tourner des films comme "L’Épouvantail" ou "Point limite zéro". Les dossiers se succèdent et, même si on ne peut jamais faire le tour complet des œuvres à découvrir, il est des films qui restent toujours et encore, hélas, oubliés.
C'est le cas d'"Electra Glide in Blue". Tourné en 1973 dans les décors grandioses de l'Arizona (Monument Valley), il s'agit de l'unique film de James William Guercio. Aux États-Unis, ce long-métrage a obtenu depuis une sorte de stature de film culte. Cela étant dit, il reste encore trop méconnu en France. James William Guercio (qui a produit, monté, collaboré au scénario et composé toute la musique de son film) est bel et bien encore un inconnu. Mais qui est James William Guercio ? Fils et petit-fils de projectionniste, James William Guercio passa toute son enfance dans l'enceinte du Royal Theater, une célèbre salle de cinéma du nord de Chicago où officiaient ses parents. Il avoue aujourd'hui avoir vu un nombre incalculable de fois "The Searchers" de John Ford et "L'Homme tranquille" du même Ford. Bien qu'ayant été bercé dès sa plus tendre enfance par les films du vieil Irlandais, il choisit la musique comme moyen d'expression artistique. Il compose très vite des chansons qui deviennent de véritables tubes comme le fameux "Distant Shores". Il occupe par la suite un poste important au sein de Columbia Records. Il lancera quelques groupes phares des années 1970 comme Chicago ou The Buckinghams. Malgré ces succès, J.W. Guercio reste relativement méconnu du grand public. Au début des années 1970, David Picker, qui occupait alors le fauteuil de président de la compagnie United Artists, propose à Guercio de tourner, pour un budget très modeste, l'histoire de son choix. L'aspect purement indépendant de la production fascine instantanément J.W. Guercio. Il comprend qu'à cause (ou grâce) aux multiples contraintes de cette petite production, il pourra parfaitement exprimer ses plus profondes intentions [...]
Bande-annonce modernisée de "Electra Glide in Blue" © Dan McBride
La critique de Bertrand Mathieux