Essai de Sébastien Miguel, 2007, 135 pages, éditions Le Manuscrit.
Sébastien Miguel, qui collabore au site Internet Plans Américains depuis 2010, est également l'auteur de "Figures du Nouvel Hollywood".
Quels sont ces 10 films oubliés ? Des œuvres internationales conçues des années 1920 aux années 1970, plus ou moins connues des spectateurs de la première heure, mais hélas largement ignorées du grand public français contemporain, dont :
• "Blast of Silence" de Allen Baron (1961)
• "Electra Glide in Blue" de James William Guercio (1973)
• "The Offence" de Sidney Lumet (1973)
• "Le Jour du fléau" de John Schlesinger (1975)
• "L'Ultimatum des trois mercenaires" de Robert Aldrich (1977)
Extrait de "10 films oubliés vers une réhabilitation"
« Tragédie de la solitude : "Electra Glide in Blue" de James William Guercio, 1973
La fascination qu'exerce l'industrie du cinéma des années 1970 a atteint ces dernières années une dimension incomparable. Livres dédiés à la période, biographies sur ses nababs mythiques (Bob Evans…), de ses cinéastes démiurges (Coppola, Cimino) et documentaires en tout genre. Terrain d'une extraordinaire richesse, d'autant plus stimulant que les temps sont bien révolus, les revues spécialisées ne cessent de chanter les exploits de ces hommes qui ont pu produire et tourner des films comme "L’Épouvantail" ou "Point limite zéro". Les dossiers se succèdent et, même si on ne peut jamais faire le tour complet des œuvres à découvrir, il est des films qui restent toujours et encore, hélas, oubliés.
C'est le cas d'"Electra Glide in Blue". Tourné en 1973 dans les décors grandioses de l'Arizona (Monument Valley), il s'agit de l'unique film de James William Guercio. Aux États-Unis, ce long-métrage a obtenu depuis une sorte de stature de film culte. Cela étant dit, il reste encore trop méconnu en France. James William Guercio (qui a produit, monté, collaboré au scénario et composé toute la musique de son film) est bel et bien encore un inconnu. Mais qui est James William Guercio ? Fils et petit-fils de projectionniste, James William Guercio passa toute son enfance dans l'enceinte du Royal Theater, une célèbre salle de cinéma du nord de Chicago où officiaient ses parents. Il avoue aujourd'hui avoir vu un nombre incalculable de fois "The Searchers" de John Ford et "L'Homme tranquille" du même Ford. Bien qu'ayant été bercé dès sa plus tendre enfance par les films du vieil Irlandais, il choisit la musique comme moyen d'expression artistique. Il compose très vite des chansons qui deviennent de véritables tubes comme le fameux Distant Shores. Il occupe par la suite un poste important au sein de Columbia Records. Il lancera quelques groupes phares des années 1970 comme Chicago ou The Buckinghams. Malgré ces succès, J.W. Guercio reste relativement méconnu du grand public. Au début des années 1970, David Picker, qui occupait alors le fauteuil de président de la compagnie United Artists, propose à Guercio de tourner, pour un budget très modeste, l'histoire de son choix. L'aspect purement indépendant de la production fascine instantanément J.W. Guercio. Il comprend qu'à cause (ou grâce) aux multiples contraintes de cette petite production, il pourra parfaitement exprimer ses plus profondes intentions [...] »