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"Nos plus belles années"

« People are more important than their principles.
– People ARE their principles. »

Nos plus belles années - affiche

titre original "The Way We Were"
année de production 1973
réalisation Sydney Pollack
scénario Arthur Laurents (et, non crédités : Francis Forc Coppola, Paddy Chayefsky, Alvin Sargent, Dalton Trumbo)
photographie Harry Stradling Jr.
musique Marvin Hamlisch
interprétation Robert Redford, Barbra Streisand, Lois Chiles, James Woods
récompenses • Oscar de la meilleure musique originale
• Oscar de la meilleure chanson originale ("The Way We Were")

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Arthur Laurents, dramaturge juif, mais aussi librettiste et scénariste ("La Corde" pour Hitchcock, "West Side Story" pour Robert Wise), est à l'origine de "Nos plus belles années", qui lui fut inspiré du souvenir d'un étudiant communiste qu'il avait connu en 1937 alors que celui-ci militait pour que son pays empêche Franco d'arriver au pouvoir en Espagne.

Des années plus tard, repensant à cette période, il décide de s'en servir comme modèle d'un scénario qui raconterait le parcours de Katie Morosky, une jeune étudiante juive éprouvant les pires difficultés à accorder ses convictions politiques avec ses sentiments amoureux pour Hubbell Gardiner, un jeune WASP, sportif accompli au physique séduisant, écrivain en herbe, devenu la coqueluche du campus.

Arthur Laurents contacte le producteur Ray Stark, qui adhère au projet. Les deux hommes portent leur choix sur Sydney Pollack pour diriger le film, Ray Stark ayant produit "Propriété interdite" en 1966 et Laurents ayant été très impressionné par "On achève bien les chevaux". Idem pour le choix de Barbra Streisand, qui est alors la seule actrice juive célèbre. L'arrivée de Sydney Pollack fait aussitôt penser que Robert Redford sera le candidat idéal pour interpréter Hubbell Gardiner.

Mais celui-ci se fait tirer l'oreille, trouvant le personnage trop insouciant et ressemblant juste à une belle gravure de mode. Ryan O'Neal est un moment envisagé, mais Robert Redford finit par céder aux assauts répétés de Pollack. S'ensuit une réécriture du scénario (participations non créditées de Donald Trumbo et de Francis Ford Coppola) pour donner plus de place à Redford devenu une star. Un conflit larvé éclate entre Laurents et Pollack.

Le résultat final pâtira sans doute de ces valses hésitations, mais les spectateurs n'y seront pas sensibles, étant conquis par la romance improbable qui se joue sur l'écran. Les critiques soulèveront de leur côté les quelques incohérences scénaristiques comme la séparation définitive du couple juste après la naissance de leur fille, qui ne semble pas vraiment raccord avec le déroulement de la relation présentée jusque-là.

Mais le plus gros reproche qui peut être fait à Pollack est de ne pas avoir su trouver le bon équilibre entre la romance passionnée et le sous-texte politique ambitieux qui balade, sans réelle accroche, Katie Morosky de la lutte anti-franquiste à la chasse aux sorcières en passant par l'isolationnisme américain qui précède Pearl Harbor. Il est vrai que l'énergie débordante et parfois envahissante de Miss Streisand au firmament de sa gloire ne facilitait pas la tâche des réalisateurs.

Il reste donc la magie de la relation inattendue entre deux acteurs charismatiques, parfaits archétypes de leurs rôles respectifs.

La chanson du film "The Way We Were", chantée bien sûr par Barbra Streisand, sera récompensée d'un Oscar de la meilleure chanson originale.

Critique extraite du Dictionnaire des films de Georges Sadoul

« Je trouve, dit Sydney Pollack (dans Écran 75, no 42), qu'il est passionnant de prendre un genre comme le western, la love story ou le thriller et d'y introduire des éléments politiques ou philosophiques pour que ce ne soit pas seulement un produit de série. » C'est donc très délibérément que Pollack a choisi les codes les plus traditionnels - et qui donc peuvent atteindre le maximum de spectateurs - pour raconter une histoire qui n'est pas traditionnelle : quinze ans de la vie d'un couple d'intellectuels américains et les ravages du maccarthysme dans le monde du cinéma.

Sydney Pollack et Robert Redford

"Nos plus belles années" marque, après "Propriété interdite" et "Jeremiah Johnson", la troisième collaboration du réalisateur avec l'acteur, qu'il dirigera de nouveau dans quatre autres films : "Les Trois Jours du Condor", "Le Cavalier électrique", "Out of Africa" et "Havana".

Nos plus belles années - générique