titre original | "Six Degrees of Separation" |
année de production | 1993 |
réalisation | Fred Schepisi |
scénario | John Guare, d'après sa propre pièce éponyme (1990) |
photographie | Ian Baker |
musique | Jerry Goldsmith |
interprétation | Stockard Channing, Will Smith, Donald Sutherland, Ian McKellen, Bruce Davison, Anthony Michael Hall, Heather Graham |
Le titre du film
Il fait référence au principe selon lequel deux personnes sont connectées par au plus six autres personnes, principe utilisé à la suite de l'exploitation de la pièce et du film par de nombreux créateurs de télévision et du cinéma. Cette théorie des six degrés de séparation (aussi appelée théorie des six poignées de main) a été établie par le Hongrois Frigyes Karinthy en 1929, qui évoqua la possibilité que toute personne sur le globe peut être reliée à n'importe quelle autre, au travers d'une chaîne de relations individuelles comprenant au plus six maillons. Cette théorie a été reprise en 1967 par le psychologue américain Stanley Milgram à travers l'étude du petit monde.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Brillante et très cinématographique adaptation par Fred Schepisi de la pièce de John Guare (qui signe le scénario) inspirée par l'histoire réelle d'un imposteur qui s'introduit dans la haute (et riche) société new-yorkaise en se faisant passer pour le fils de Sidney Poitier. Ce curieux fait divers est le prétexte à une réflexion sur la nature des rapports entre les individus, et aussi des rapports entre chaque individu et son expérience vécue. Ce dernier thème, qui n'est énoncé verbalement que dans la séquence finale (un monologue de Stockard Channing se demandant pourquoi nous transformons toujours nos expériences, même les plus importantes, en "anecdotes"), commande la structure et le style du film. Utilisant un montage virtuose, hypernerveux, Schepisi alterne constamment entre les scènes de "récit" (récits que se font les personnages au cours de dîners en ville, de cocktails, de vernissages...) et celles qui recréent les épisodes racontés : l'expérience sert, en effet, de simple matière à anecdotes destinées à alimenter la conversation mondaine (vive, spirituelle, voire brillante, mais toujours superficielle) sans que les intéressés se demandent jamais ce qu'elle signifie pour eux. La dislocation créée par le montage est encore accentuée par un mouvement continuel des personnages et de la caméra. Les options formelles de Schepisi peuvent paraître brouillonnes et gratuites dans les premières minutes du film, mais elles s'imposent vite comme nécessaires. Will Smith, un ancien rappeur, et vedette d'une sitcom TV très populaire, est remarquable dans le rôle de l'imposteur-fabulateur en quête d'un père, d'une famille, d'une identité. Stockard Channing, qui créa le rôle à la scène, et surtout Donald Sutherland sont également superbes.
Fred Schepisi et Ian Baker
"Six degrés de séparation" est la dixième collaboration du réalisateur avec le directeur de la photographie, après notamment "La Vengeance mexicaine" (1982), "Plenty" (1985), "Roxanne" (1987), "Un cri dans la nuit" (1988) et "La Maison Russie" (1990).