Robert De Niro has to get the FBI off his case, the mob off his trail,
and Charles Grodin off his back!
titre original | "Midnight Run" |
année de production | 1988 |
réalisation | Martin Brest |
scénario | George Gallo |
musique | Danny Elfman |
interprétation | Robert De Niro, Charles Grodin, Yaphet Kotto, Dennis Farina, Joe Pantoliano, John Ashton, Philip Baker Hall, Richard Foronjy, Robert Miranda |
Le titre du film
À l'origine, il s'agit d'un terme d'argot désignant un tour rapide et nocturne dans un magasin pour acheter de la bière, des cigarettes ou de quoi manger. Ici, s'agissant d'argot dans le milieu des chasseurs de primes, il signifie « mission facile ».
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Sur un scénario qui évoque les vieux westerns, un agréable polar que n'a pas dédaigné Robert De Niro qui donne à son personnage une épaisseur inhabituelle dans le genre.
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Un chasseur de primes super délavé (De Niro touchant en looser sympathique) se voit confier pour mission de retrouver un ex-comptable de la mafia (Charles Grodin, juste extraordinaire).
Scénario exceptionnel de George Gallo ("Mafia salad...") développant une multitude de seconds rôles : Joe Pantoliano est formidable en prêteur sur gages miteux, John Ashton ("Le Flic de Beverly Hills", "Le Flic de Beverly Hills 2") est un hilarant rival de De Niro ; on adore aussi le personnage d’Alonzo Mosely (Yaphet Kotto, grandiose) toujours ridiculisé par le héros ; on notera, pour souligner la richesse et la réussite du film, l’excellente caractérisation de Richard Foronjy et Robert Miranda en brutes de la mafia ; quant à Dennis Farina ("Le Solitaire", "Le Sixième Sens"), à la fois drôle et glaçant, il reste l’un des meilleurs parrains jamais vus sur un écran !
Film noir à la limite de la parodie, "Midnight Run" bascule peu à peu vers le road movie introspectif : les personnages acquièrent, au fils de délectables péripéties, une dimension et une épaisseur étonnantes. De Niro se livre à quelques facéties que Martin Brest a le bon goût de ne pas couper ! Brest qui maîtrise de bout en bout sa production : rythme, maîtrise de la narration, psychologie des personnages, numéros d’acteurs…
Mise en scène sobre et particulièrement classieuse, partition truculente (mélange de rock et de musique cajun) de l’immense Danny Elfman.
Bien au-delà du film d’action ou du buddy movie made in 80’s, "Midnight Run" s’impose comme une réussite magistrale.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
En 1988, à presque 45 ans, Robert De Niro est au sommet de sa gloire. Si les films dans lesquels il s'engage ne sont pas tous des succès au box-office, ils confirment systématiquement son talent d'acteur protéiforme et renforcent son statut d'élément incontournable du cinéma de qualité en provenance d'Hollywood aux côtés de Jack Nicholson, Al Pacino et autres Dustin Hoffman ou Gene Hackman.
Avec "Midnight Run", il tente le passage à la comédie policière sous le signe du buddy movie popularisé un an auparavant par Mel Gibson et Danny Glover dans le premier épisode de "L'Arme fatale". Martin Brest, qui vient d'exploser les compteurs du box-office avec "Le Flic de Beverly Hills" qui propulsa Eddie Murphy au rang de star, est tout à fait à l'aise dans le genre, et son association avec De Niro va faire merveille.
Le scénario concocté par George Gallo est parfaitement construit autour de l'intrigue classique du témoin gênant à convoyer en toute sécurité à bon port en évitant qu'il ne se fasse liquider par la mafia. C'est De Niro, alias Jack Walsh, qui doit convoyer Jonathan Mardukas dit "le duc", un comptable ayant détourné 15 millions de l'argent sale d'un gros ponte de Chicago (Dennis Farina) pour le redistribuer à des œuvres de bienfaisance. Une sorte de Robin des bois en gants blancs interprété par Charles Grodin, acteur de second plan uniquement connu aux États-Unis et dont l'air affable et débonnaire s'accouple fort bien avec le caractère rustre et renfrogné de Jack Walsh.
L'opposition des genres propre au buddy movie fonctionne donc à plein, au gré d'une intrigue fort bien menée qui permet aux Dennis Farina, Yaphet Kotto, John Ashton, Richard Foronjy ou Joe Pantoliano de brosser une galerie de seconds rôles mettant en valeur avec panache l'opposition de style entre les deux héros. La recette est certes classique et sans surprise, menant les deux bonshommes de l'incompréhension initiale à la complicité forgée au gré d'un voyage mouvementé aux nombreuses cascades et poursuites. Mais fort bien exécutée, elle remplit parfaitement son office.
De Niro complète ainsi de brillante manière sa palette de jeu en n'hésitant pas à reprendre, sous le trait de la caricature, nombre de mimiques de ses personnages emblématiques. Un penchant qu'il accentuera jusqu'à la limite du possible à partir des années 2000 quand il mettra son talent au service de comédies calibrées déclinées en suite comme "Mafia blues" ou "Mon beau-père, mes parents et moi".
Ceux qui aiment les comédies policières reposant sur des duos de choc auront l'occasion, avec "Midnight Run", d'en déguster une des meilleures.