titre original | "The Departed" |
année de production | 2006 |
réalisation | Martin Scorsese |
scénario | William Monahan, d'après le film hongkongais "Infernal Affairs" |
photographie | Michael Ballhaus |
musique | Howard Shore |
montage | Thelma Schoonmaker |
interprétation | Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Jack Nicholson, Mark Wahlberg, Martin Sheen, Vera Farmiga, Alec Baldwin |
récompenses | • Oscar du meilleur film |
• Oscar du meilleur réalisateur | |
• Oscar du meilleur scénario adapté | |
• Oscar du meilleur montage | |
• Prix Edgar Allan Poe pour William Monahan |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
On ne racontera pas la fin de ce brillant thriller, remake d'un petit polar de Hong Kong de 2002, "Infernal Affairs". La mise en scène de Scorsese est efficace, souvent étincelante, haletante même. En parrain, Jack Nicholson sait pour une fois ne pas trop en faire, et l'on suit avec passion la rivalité DiCaprio-Damon. Du grand film de gangsters, particulièrement violent.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"Les Infiltrés" de Martin Scorsese sorti en 2006, remake de "Infernal Affairs" (2002) d’Andrew Lau et Alan Mak, est situé pile au mitan de la collaboration du réalisateur avec Leonardo DiCaprio, qui sans doute pour des raisons d’écart générationnel additionné à une perte d’inspiration, ne sera pas aussi fructueuse que celle prestigieuse entamée avec Robert De Niro au début de leurs carrières respectives Il faudra attendre "Le Loup de Wall Street" en 2013, pour que le chef-d’œuvre attendu soit au rendez-vous.
C’est l’écrivain William Monahan qui, à partir du scénario du film hong-kongais, aménage l’intrigue pour la mettre à la main de Martin Scorsese qui souhaite approfondir la dimension psychologique des deux personnages principaux joués par Leonardo DiCaprio et Matt Damon (Brad Pitt était le premier choix de Scorsese). L’infiltration au sein de police de Boston d’une nouvelle recrue (Matt Damon) élevée au biberon par Frank Costello (Jack Nicholson), le parrain irlandais particulièrement cynique et violent des quartiers sud avec celle quasi simultanée d’un jeune agent de la même promotion (Leonardo DiCaprio) dans le même gang pour enfin faire tomber le surpuissant Costello, était une idée géniale qui offrait toute une gamme de situations complexes à haute tension.
Idée géniale certes mais hautement improbable qui peut accoucher d’une souris si la mécanique scénaristique n’est pas parfaitement huilée. Ce d’autant plus que Scorsese pour pimenter encore l’affaire et la compliquer à loisir a collé aux deux hommes une maîtresse commune à travers une psychologue (Vera Farmiga). Le pari est finalement tenu de justesse malgré la présence de cette conquête commune qui même interprétée par l’excellente Vera Farmiga pose souvent la question de la crédibilité d’une intrigue déjà sur le fil du rasoir qui n’avait pas besoin de ce handicap supplémentaire. Martin Scorsese voulant se démarquer de son modèle a sans doute été un peu trop ambitieux.
On suit malgré tout "Les Infiltrés" avec plaisir, même si l’on pourra préférer la plus grande rigueur du film hong-kongais. En particulier, le plaisir de voir pour la première fois Jack Nicholson sous la direction de Scorsese pour son dernier film important avant sa quasi-retraite prise en 2010, est à coup sûr l’un des atouts du film. Le génial acteur profitera en effet de l’occasion pour cabotiner une dernière fois comme il a toujours aimé le faire tout en restant dans les clous. Matt Damon et Leonardo DiCaprio quant à eux se renvoient parfaitement la balle comme deux alter ego qui comprennent assez vite que des deux, un seul pourra se sortir de cette situation impossible.
Scorsese et Monahan ont su donner le rythme qu’il fallait à la course contre la montre qui s’engage quand les coutures des deux costumes taillés sur mesure pour chacun d’entre eux commencent à craquer. On est loin de la dimension tragique et opératique des plus grands films de Scorsese, mais à 64 ans, le réalisateur mythique de "Taxi Driver" montre qu’il sait parfaitement venir à bout d’un exercice de style.
"Les Infiltrés" vs "Infernal Affairs" (le remake versus l'original) © Little White Lies