Menu Fermer

La Grande Dépression des années 30 et le cinéma américain des années 70

« Moi lorsque j'ai connu Clyde autrefois, c'était un gars loyal, honnête et droit
— Il faut croire que c'est la société qui m'a définitivement abîmé »


Avec "Bonnie and Clyde", l'odyssée sanglante du gang Barrow (et le triomphe critique et commercial qui suivit) emmena les cinéastes du Nouvel Hollywood à s’intéresser de nouveau aux années 30. Fascination d’une époque tragique aux turpitudes et à la violence manifestes. Les films sur la "Grande Dépression" commencèrent à inonder les écrans et, avec eux, une multitude de déracinés, de vagabonds et de parias allaient brutalement revenir sur le devant de la scène.
« Les films les plus profonds se bornent à brosser un portrait social d’une Amérique désemparée, en s’attachant à décrire les conséquences de cette crise sur les comportements et les modes de vie. Les plus superficiels y puisent une mythologie rétro, avec son lot de décors, de costumes, d’accessoires, de musiques et de personnages pittoresques propres à séduire le spectateur des années 70. »*
Après la vague des films sociaux de la Warner au début des années 30, la sympathie des auteurs de Hollywood revenait aux marginaux et aux rebelles.
« Ça n’est pas sans raison si ce contexte sociologique engendre un regain d’intérêt pour une époque marquée par une crise profonde du capitalisme. Ces cinéastes l’ont relue à leur manière, c’est-à-dire de façon assez romantique. Ils ont réécrit le passé sous la dictée du présent, comme s’ils y cherchaient des réponses à leurs interrogations. »*
Dans le chaos économique de la Grande Dépression, les âmes sensibles (et perdues…) devinrent les icônes du Nouvel Hollywood.

Sébastien Miguel

* "Leurs plus belles années ? Les cinéastes du Nouvel Hollywood face à la crise des années 30", Pascal Binétruy, Positif, novembre 2011, no 609 (dossier La Grande Crise à l'écran)

« Au cours des années 60 et 70, les changements survenus aux Etats-Unis furent immenses. Nous avions les mouvements anti-guerre, les mouvements pour les droits civiques, pour la reconnaissance des minorités, les assassinats politiques, etc. Et la génération qui arriva ressentait une sorte de parenté romantique avec les années 30. C'était une période de récession sociale, de discrédit de la politique, de dépression généralisée et dramatique. De plus, les jeunes cinéastes avaient une grande estime pour les cinéastes de cette époque et de ses films. Beaucoup plus que pour ceux des années 50, par exemple. Et puis, c'était la période de nos parents, donc très vivante dans l'esprit des gens de ma génération. C'est comme les années 60 pour nos enfants. » Walter Hill (1942-) dans "Action Man : conversation avec Walter Hill" dans Panic no 2, janvier 2006

"Le Bagarreur"
"Pas d'orchidées pour Miss Blandish"
"L'empereur du Nord"
"Bertha Boxcar"
"En route pour la gloire"
"La barbe à papa"
"Sounder"
"Nous sommes tous des voleurs"
"Bloody Mama"
"Dillinger"
"Super nanas"

Au cours de la décennie suivante, quelques films américains aborderont de nouveau le sujet de la Grande Dépression : "Ironweed", "La Rose pourpre du Caire", "Tout l'or du ciel", "Natty Gann", "Les Saisons du cœur", "Annie". Suivront, dans les années 90 et 2000, "Des souris et des hommes", "King of the Hill", "De l'ombre à la lumière", "Pur Sang, la légende de Seabiscuit" et "O' Brother".