titre original | "10 Rillington Place" |
année de production | 1971 |
réalisation | Richard Fleischer |
interprétation | Richard Attenborough, Judy Geeson, John Hurt |
Le titre du film
Le titre français fait écho au précédent film de Fleischer traitant du même sujet, "L'Étrangleur de Boston". Le titre original, lui, fait référence à l'adresse londonienne du meurtrier.
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Dans un univers en décomposition, clos comme un cauchemar, les exactions du tueur en série John Reginald Christie. Son décorum sordide, son terne quotidien et ses meurtres immondes qui aboutiront à la complète extermination de la famille Evans.
Après l'affaire DeSalvo, Fleischer adapte l'affaire Evans-Christie. Ancien étudiant en psychiatrie, Richard Fleischer parachève sa trilogie de l'exploration des comportements criminels entamée avec "Le Génie du mal" (1959) et l'admirable "Étrangleur de Boston" (1968).
Contrairement aux split screen de "L'Étrangleur de Boston", c'est dans l'observation froide des faits que le cinéaste entend illustrer la monstruosité absolue. Regard documentariste implacable dans le but de crédibiliser un drame… totalement ahurissant.
« Ma visite des lieux a été un choc. L'étroitesse de l'habitation vous donnait la chair de poule et exprimait si bien la psychologie du meurtrier. (…) Avec mon chef décorateur, j'ai transporté ce qui se trouvait dans les maisons de cette rue, qui étaient vouées à la démolition (le linoléum, l'escalier, les lampes à gaz, les moulages). En tournant, on sentait presque l'odeur du lieu d'origine ! » (dossier Richard Fleischer, Positif no 544 de juin 2006)
Supervisée techniquement par Albert Pierrepoint (bourreau aux 450 pendaisons), la scène d'exécution capitale, d'une rapidité et d'une atrocité traumatisantes, vaut tous les films à thèse du monde.
Servi par un trio d'acteurs magnifiques (Richard Attenborough, John Hurt et Judy Geeson), "L'Étrangleur de la place Rillington" est l'un des plus grands films de Fleischer.
C'est aussi un huis clos à la limite du soutenable.
Extrait de la chronique no 8 du 13 mars 2006 de Bertrand Tavernier
En zone anglaise (chez http://www.amazon.co.uk/), "10 Rillington Place" (1971 – "L'Étrangleur de la Place Rillington"), l'un des chefs-d'œuvre de Richard Fleischer, vient enfin de sortir en DVD, sans sous-titres français (juste avec sous-titres anglais pour sourds et malentendants). Cette autopsie d’un fait divers authentique permet à Richard Attenborough de fignoler une composition hallucinante dans le rôle de John Reginald Christie. Citons Jacques Lourcelles : « Aucun film, peut-être, n’a été capable depuis les débuts du cinéma de mettre les spectateurs dans un tel état d’accablement. Quinze années de violences et d’horreurs cinématographiques n’ont pas atténué l’éclat insoutenable de ce film, au demeurant très sobre visuellement… Ici, à juste titre, on peut parler de « voyage au bout de la nuit »… Comme tous les grands cinéastes, Fleischer a d’abord le génie du lieu. Une description hyper réaliste (au sens pictural du terme, de cette ruelle londonienne, mêlant studio et extérieurs, tournés sur place) va cerner l’espace où agit le tueur… Génial dans son interprétation, dans sa recréation d'une atmosphère, le film appréhende l'espace (le gouffre), qui sépare notre monde de la civilisation. Il laisse sans garde fou le spectateur devant son propre vertige ». (Dictionnaire du Cinéma)
