titre original | "One from the Heart" |
année de production | 1981 |
réalisation | Francis Ford Coppola |
scénario | Francis Ford Coppola |
photographie | Vittorio Storaro |
musique | Tom Waits |
production | American Zoetrope |
interprétation | Frederic Forrest, Raúl Juliá, Nastassja Kinski, Harry Dean Stanton, Rebecca De Mornay |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
De splendides images dues à une technique sophistiquée et une reconstitution en studio de Las Vegas, mais une intrigue bien mince : « Un film de Disney dans un monde adulte », dit de son œuvre Coppola.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Francis Ford Coppola met la réalité à la casse. Dans un Las Vegas de rêve (un immense décor ultra-stylisé de Dean Tavoularis), six personnages errent et s'entrecroisent, suivis par les caméras vidéo de Zoetrope. Énorme budget, désastre commercial et critique.
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
« Ce que je veux faire avant tout au cinéma, ce sont des films qui, dans leur forme, refléteraient leur sujet ; leur matière serait leur matériau. "Coup de cœur" parle du « show business », du jeu, du spectacle. (…) Il me paraissait aussi plus intéressant de confronter des gens ordinaires à un monde extraordinaire, car dans leur tête, ils vivent ce monde-là. » Entretien avec Francis Ford Coppola dans Positif no 262 de décembre 1982.
Ultime désastre commercial qui scella le sort du Nouvel Hollywood. Budget pharaonique pour cette première production Zoetrope. Le Coppola mégalomane d’"Apocalypse Now" est toujours là. Une reconstitution fastueuse et ouvertement artificielle de Las Vegas, des mouvements de caméra incroyables et pilotés (une première à l’époque) par une machinerie électronique, un retour au musical ‘néo-classique’. On pense assez à "New York, New York" et sa volonté de rendre hommage à Arthur Freed tout en réinjectant une dose de vérisme brutal dans l’exploration des rapports humaines.
Mais si Scorsese était plus proche du Minnelli de "Comme un torrent" que de celui du "Pirate", Coppola, lui, n’est pas Fellini. Contrairement à "The Clock" (où Minnelli reconstituait entièrement New York et n’omettait jamais la psychologie), les oripeaux éblouissants de Coppola ne recouvrent qu’une intrigue minimaliste, triviale et profondément banale. Les acteurs (tous remarquables) n’apportent pas le glamour indispensable à ce genre d’entreprise (suicidaire ?). Impossible de s’identifier à ces individus antipathiques englués dans leur minable existence, dans leurs crises existentielles et conjugales sans intérêt.
Après une avant-première désastreuse à New York, Coppola retravailla son film et déclara à Michel Ciment : « Je vais ressortir "Coup de cœur" aux États-Unis en espérant que le public le regardera, non pas pour ce qu’il ne voulait pas être délibérément, mais pour ce qu’il est. (…) En tout cas, l’expérience m’a tué. »
Devenu totalement confidentiel dans la filmographie de Coppola, "Coup de cœur" demeure une date essentielle de l’histoire du cinéma américain. Par son clinquant, sa montagne de dollars et son kitsch agressif, il annonçait prophétiquement les années 80. Débarrassées des artistes exigeants et courageux (ayant eu sur une brève période la confiance des grands studios), les eighties allaient, sans obstacle, pouvoir commencer leurs ravages désastreux…
Le générique de "Coup de cœur" conçu par Gary Gutierrez