The Bad and the Beautiful
titre original | "New York, New York" |
année de production | 1977 |
réalisation | Martin Scorsese |
scénario | Earl Mac Rauch et Mardik Martin, d'après une histoire de Earl Mac Rauch |
photographie | László Kovács |
costumes | Theadora Van Runkle |
production | Irwin Winkler et Robert Chartoff |
interprétation | Liza Minnelli, Robert De Niro, Lionel Stander, Barry Primus, Mary Kay Place, George Memmoli, Dick Miller, Diahnne Abbott |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Scorsese renoue avec la tradition des comédies musicales des années 1940 dans cet hommage, à travers sa fille, à Vincente Minnelli. Beauté visuelle et charme de la musique assurèrent le succès de ce film nostalgique.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Un musicien de jazz et une chanteuse dans le monde des grands orchestres, des boîtes de nuit et des tournées après la Seconde Guerre mondiale. Une fausse comédie musicale, un film noir et stylisé. Robert De Niro en saxophoniste (doublé par Georgie Auld) réussit presque à enlever le morceau. Une première demi-heure fracassante (Robert De Niro poursuivant inlassablement Liza Minnelli de ses assiduités dans d'immenses et superbes décors), puis des affrontements sentimentaux un peu handicapés par Liza Minnelli, qui n'est pas à la hauteur de son fulgurant partenaire.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Après la Palme d'or inattendue décrochée par "Taxi Driver" au festival de Cannes en 1976, Martin Scorsese et son acteur fétiche Robert De Niro, emportés par l'euphorie consécutive à cette gloire soudaine, ont cédé au phénomène de la prise de grosse tête et à l'abus de substances illicites. Difficile, dans ces conditions, de trouver un projet motivant. Martin Scorsese, grand cinéphile, a été marqué dans son enfance par les comédies musicales de la MGM et de la RKO. Quand il apprend qu'Irvin Winkler projette de produire une comédie musicale inspirée d'une idée d'Earl Mac Rauch, il se porte candidat pour sa réalisation.
Il écarte très rapidement le projet de casting initial, qui voulait surfer sur la popularité du duo Ryan O'Neal et Barbra Streisand, et laisse entrer dans le projet Liza Minnelli, très motivée à l'idée de faire équipe avec James Caan qu'elle juge comme étant le partenaire idéal. Mais Scorsese, comme on pouvait s'en douter, n'imagine que Robert De Niro pour interpréter Jimmy Doyle, le saxophoniste démobilisé après la victoire sur le Japon en août 1945, cherchant à reprendre le cours de sa carrière naissante.
L'idée qui germe très rapidement dans l'esprit du réalisateur, devenu un peu mégalomaniaque, est de réussir la fusion entre son univers très réaliste et celui, presque irréel, des grands maîtres de la comédie musicale que furent les George Sidney, Vincente Minnelli ou Stanley Donen. La démarche consiste à prendre à rebrousse poil les canons d'un genre axé sur l'optimisme, qui connut son heure de gloire pendant la grande crise qui a frappa les États-Unis au début des années 30. En effet, le scénario remanié par Mardik Martin (scénariste de "Mean Streets" en 1973) parle de la difficulté, voire de l'impossibilité pour deux artistes de parvenir à faire coexister leur ego envahissant avec une relation amoureuse équilibrée. Si elle n'est pas foncièrement noire, l'histoire de "New York, New York" n'est pas sans distiller des moments de doute et de déchirements entre les deux héros.
Pour ajouter à la difficulté, Scorsese propose une version de plus de 2h30, qui plombe quasiment d'entrée le succès populaire de son film. Parvenant tout juste à rentrer dans ses frais, "New York, New York" sera jugé comme une erreur d'aiguillage dans la carrière de Scorsese, qui n'aura plus accès avant longtemps à des budgets conséquents. Les critiques, qui ont quelquefois du mal à se libérer de leurs préjugés, ont estimé la démarche de Scorsese prétentieuse pour une première approche d'un genre qui ne lui était pas familier.
Pour autant, "New York, New York" s'avère un film somptueux, tant au niveau de ses décors que de ses numéros de chant, grâce au formidable talent de Liza Minnelli, toujours aussi gracieuse. Si le "Happing Endings" final s'avère un peu pesant, on doit saluer la parfaite harmonie entre l'intrigue et les partitions musicales. Enfin, il faut aussi se rappeler que les comédies musicales de l'époque bénie proposaient souvent des intrigues ennuyeuses, qui faisaient parfois trouver le temps un peu long entre deux numéros de danse de Fred Astaire et Ginger Rogers. Ce d'autant plus que Fred Astaire ou Gene Kelly dans une moindre mesure, n'étaient pas très convaincants en dehors de leurs numéros de danse.
"New York, New York", que l'on peut voir comme une comédie musicale adulte, mérite donc d'être fortement réévalué au sein de la très riche filmographie de Martin Scorsese. En tout cas, il serait injuste de parler d'un ratage ou d'une faute de goût.
La chanson-titre du film
Composée par John Kander, avec des paroles de Fred Ebb, elle est interprétée dans le film par Liza Minnelli elle-même. Deux ans plus tard, en 1979, Frank Sinatra reprend la musique en modifiant quelques paroles et l'enregistre pour son album "Trilogy: Past Present Future". Sinatra l'enregistre une seconde fois pour son album "Duets" (1993), avec le chanteur américain Tony Bennett (l'interprète de la chanson "I Left My Heart in San Francisco").
La chanson peut être entendue dans d'autres films : "Gremlins 2, la nouvelle génération", le film d'animation DreamWorks "Madagascar", "Shame" (chanson interprétée par Carey Mulligan), "007 Spectre" (pendant la course poursuite en voiture à Rome).
Photos du tournage de "New York, New York"
Le générique de "New York, New York" conçu par Dan Perri