"Boxe et cinéma : combats idéologiques"
Extrait de l'article de Régis Dubois (Le sens des images)
« Nés l’une et l’autre dans la dernière décennie du XIXe siècle, la boxe et le cinéma partagent un long passif en commun. Rarement un sport aura autant été célébré – et décrié – sur grand écran, et on ne compte plus les étoiles masculines hollywoodiennes qui ont un jour endossé le peignoir du boxeur : Charlie Chaplin, Buster Keaton, Clark Gable, Errol Flynn, John Garfield, Kirk Douglas, Burt Lancaster, Paul Newman, Elvis Presley, Robert De Niro, Sylvester Stallone, Bruce Willis, Denzel Washington… Selon un chiffre difficilement vérifiable (1), mais somme toute vraisemblable, environ cinq cents films auraient, à ce jour, pris pour objet la boxe. Aussi, de même qu’il existe des films de karaté ou de prison, on peut avancer qu’il existe des « films de boxe » constituant un genre à part entière, même si celui-ci s’est souvent trouvé dilué dans d’autres, plus prestigieux, tels notamment le film noir et le biopic. De "Charlot boxeur" à "Ali" en passant par "Gentleman Jim", "Raging Bull" et la série des "Rocky", nombreux sont ces « films de boxe » qui jalonnent l’histoire du cinéma. Partant, et soupçonnant quelques relations inavouables, il m’a paru intéressant de m’interroger sur les liens qui unissent histoire du noble art et histoire du septième art afin d’en révéler quelques aspects souvent ignorés et particulièrement à même de nous renseigner sur les rapports qu’entretiennent constamment cinéma hollywoodien et idéologie américaine. »
(1) « Depuis les origines du cinéma, on estime généralement à plus de quatre cent soixante le nombre de films dont elle [la boxe] est le sujet. » Dans La boxe dans son siècle de Michel Chemin et Gilles Lanier, La Sirène, 1991, p. 131.