Pour amateurs de Christian Bale et/ou fans de Phil Collins seulement ?
titre original | "American Psycho" |
année de production | 2000 |
réalisation | Mary Harron |
scénario | Mary Harron, d'après le roman éponyme de Bret Easton Ellis |
interprétation | Christian Bale, Josh Lucas, Chloë Sevigny, Jared Leto, Willem Dafoe, Reese Witherspoon |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"American Psycho" est l'adaptation du sulfureux livre de Bret Easton Ellis sur les années Reagan et leur promotion outrancière du fric facile symbolisé par les yuppies de Wall Street, dont on sait aujourd'hui depuis la crise de 2008 où leurs excès incontrôlés nous ont conduits. Le livre avait fait scandale à sa sortie en 1991, jugé trop misogyne avec ses meurtres abominables de jeunes femmes devenues les objets sexuels d'un yuppie serial killer. Le film de Mary Harron, pourtant plus stylisé, aura le droit au même traitement.
La face sombre criminelle de Patrick Bateman, dont le patronyme était sans doute prémonitoire pour la suite de la carrière de Christian Bale, est somme toute assez classique, déjà entrevue dans de nombreux films de genre. Le plus intéressant est sans doute le portrait proposé par Harron de ces traders dont la vacuité de la mission ne fait aucun doute, n'étant jamais montrés au travail, mais uniquement dans leurs réunions entre potes où ils passent leur temps à se jouer la surenchère sur leurs entrées dans les restaurants les plus côtés de Manhattan ou sur le grain et la calligraphie de leurs cartes de visite d'un blanc immaculé. C'est un constat implacable sur l'absurdité d'une société basée sur la recherche du profit censé, par ruissellement, arroser jusqu'au quidam perdu dans la plus petite bourgade du Minnesota.
Le ruissellement en question, quand il fonctionne, ce qui est très loin d'être automatique, ne s'arrête pas au confort matériel mais se propage aux valeurs qui régissent les élites. À ce sujet, la vue de ces jeunes crétins sûrs de leur fait ne laisse pas d'inquiéter et, là encore, les conséquences, trente ans après, sont édifiantes quant au niveau de culture générale en baisse constante des populations occidentales nourries au web et aux SMS.
À quoi sert une intelligence quand elle n'est mue par aucune transcendance ? C'est l'absence de ces valeurs transmises qui sans doute pousse Patrick Bateman vers ses instincts les plus abjects. Il évoque à plusieurs reprises la douleur qui l'étreint face à ce manque de repères affectifs et intellectuels. Plus sensible plus fragile et aussi plus conscient, il poussera la logique jusqu'au bout, se trouvant au final confronté à ce que l'on peut nommer, depuis "Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon" (1970, Italie), le syndrome Petri (du nom du réalisateur), qui veut que les puissants ne doivent jamais expier leur faute même quand ils les avouent.
Pour ce qui est du style visuel proposé par Harron avec l'aide d'Andrzej Sekulason, son chef-opérateur, il est forcément froid et aseptisé pour renforcer la déconnexion du monde réel de ces fantômes de Wall Street. Les scènes nocturnes où Christian Bale arpente les allées de Manhattan, cape au vent, qui rappellent vaguement l'impressionnisme allemand, constituent une double allusion qui illustre la contradiction de Patrick Bateman. Le mythe de Batman, tout d'abord, justicier qui arpente la cité pour y maintenir la paix, allusion contenue dans le patronyme du personnage. Les virées nocturnes sauvages de Spencer Tracy, ensuite, dans le fameux "Docteur Jekyll and Mister Hyde" de Victor Fleming (1941). De solides références pour un film aux fondements certainement plus solides que son aspect formel un peu chichiteux le laisse entrevoir.
Christian Bale est tout simplement génial dans cette composition d'un être, certes horrible, mais conscient de sa condition et certainement plus apte à la remise en question que ses compagnons de route. Son omniprésence phagocyte forcément un peu celle d'un casting de choix où, comme toujours, Willem Dafoe, caoutchouteux à souhait, tire son épingle du jeu.
Références
Si l'on apprécie la présence de références à des films comme "Massacre à la tronçonneuse" (un extrait du film) et "Terminator 2" (le fameux « Hasta la vista, baby » d'Arnold Schwarzenegger), on regrette que ne figure pas dans le film, contrairement au roman, un quelconque hommage au "Body Double" de Brian De Palma, que Patrick Bateman est quand même censé avoir loué en vidéo-club 37 fois !
Revival 80's
« Do you like Phil Collins? I've been a big Genesis fan ever since the release of their 1980 album, Duke. Before that, I really didn't understand any of their work. Too artsy, too intellectual. It was on Duke where Phil Collins' presence became more apparent. I think Invisible Touch was the group's undisputed masterpiece. It's an epic meditation on intangibility. At the same time, it deepens and enriches the meaning of the preceding three albums. (Christy, take off your robe.) Listen to the brilliant ensemble playing of Banks, Collins and Rutherford. You can practically hear every nuance of every instrument. (Sabrina, remove your dress.) In terms of lyrical craftsmanship, the sheer songwriting, this album hits a new peak of professionalism. (Sabrina, why don't you, uh, dance a little.) Take the lyrics to Land of Confusion. In this song, Phil Collins addresses the problems of abusive political authority. In Too Deep is the most moving pop song of the 1980s, about monogamy and commitment. The song is extremely uplifting. Their lyrics are as positive and affirmative as anything I've heard in rock. (Christy, get down on your knees so Sabrina can see your asshole.) Phil Collins' solo career seems to be more commercial and therefore more satisfying, in a narrower way. Especially songs like In the Air Tonight and Against All Odds. (Sabrina, don't just stare at it, eat it.) But I also think Phil Collins works best within the confines of the group, than as a solo artist, and I stress the word artist. This is Sussudio, a great, great song, a personal favorite. »
« Did you know that Whitney Houston's debut LP, called simply Whitney Houston had 4 number one singles on it? Did you know that, Christie? (...) It's hard to choose a favorite among so many great tracks, but The Greatest Love of All is one of the best, most powerful songs ever written about self-preservation, dignity. Its universal message crosses all boundaries and instills one with the hope that it's not too late to better ourselves. Since, Elizabeth, it's impossible in this world we live in to empathize with others, we can always empathize with ourselves. It's an important message, crucial really. And it's beautifully stated on the album. »
« Do you like Huey Lewis and The News? (...) Their early work was a little too new wave for my tastes, but when Sports came out in '83, I think they really came into their own, commercially and artistically. The whole album has a clear, crisp sound, and a new sheen of consummate professionalism that really gives the songs a big boost. He's been compared to Elvis Costello, but I think Huey has a far much more bitter, cynical sense of humor. (...) In '87, Huey released this, Fore!, their most accomplished album. I think their undisputed masterpiece is Hip to be Square, a song so catchy, most people probably don't listen to the lyrics. But they should, because it's not just about the pleasures of conformity, and the importance of trends, it's also a personal statement about the band itself. »
Deepfake © Ctrl Shift Face
Le deepfake, ou hypertrucage, est une technique de synthèse d'images basée sur l'intelligence artificielle. Elle sert à superposer des fichiers audio et vidéo existants sur d'autres vidéos (par exemple : le changement de visage et de voix d'une personne). Le terme est un mot-valise formé à partir de deep learning (« apprentissage profond ») et de fake (« faux »).
Ici, pour "American Psycho", le visage de Christian Bale a été remplacé par celui de Tom Cruise, dont la voix est en réalité celle d'un imitateur qui rejoue les dialogues des deux scènes.
La chronique de Gilles Penso