titre original | "The Last Temptation of Christ" |
année de production | 1988 |
réalisation | Martin Scorsese |
scénario | Paul Schrader, d'après le roman "La Dernière Tentation" de Nikos Kazantzakis (1954) |
photographie | Michael Ballhaus |
musique | Peter Gabriel |
montage | Thelma Schoonmaker |
production | Barbara De Fina |
interprétation | Willem Dafoe, Harvey Keitel, Barbara Hershey, Harry Dean Stanton, David Bowie, John Lurie, Verna Bloom |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
En dehors du scandale qu'il déclencha et des violences qui suivirent, le film paraît plutôt manqué sur le plan strictement esthétique (le lion, la résurrection de Lazare...) et terriblement long. Le bruit enfin calmé, il devrait tomber dans l'oubli.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Un Christ humain, trop (?) humain. Martin Scorsese réalise enfin le projet de sa vie, souvent différé, l'adaptation du roman révisionniste et spéculatif de Nikos Kazantzaki. Tous les thèmes du cinéaste au premier degré. Une approche contemporaine, qui dépoussière la tradition et scandalise les demeurés pour qui, hors de Saint-Sulpice, il n'est point de salut.
Critique extraite du Dictionnaire des films de Georges Sadoul
Film inégal et souvent maladroit dans sa sincérité même, cette "dernière tentation" qui suit Jésus pas à pas dans son quotidien de doutes et d'inquiète humanité, et donne un rôle central à Judas, n'est sans doute pas la meilleure "passion" qu'ait donnée Scorsese. De ce point de vue, "Raging Bull", itinéraire d'un boxeur vers le salut en passant par la chute, était plus convaincant. Mais l'ambition du projet - montrer un Christ "humain, trop humain", frère des hommes, était haute. D'autant plus basses furent les attaques portées contre lui (en France surtout, d'autres pays de même culture catholique s'étant moins fait remarquer), qui aboutirent, après de multiples incidents et agressions, à sa rapide disparition des écrans.
Référence dans la littérature française
Le film est évoqué par Pierre Safar dans son roman "Travelling fatal" (2025) :
« Chez Scorsese, c'est toujours pareil. Tous ses personnages ont le même dilemme : est-ce que je dois sauver ma peau en dénonçant mes amis ? Les Affranchis, c'était déjà ça. Henry Hill, le personnage principal, se définit depuis son enfance comme un membre de son quartier et de son milieu – et il finit par donner tout le monde pour survivre.
Dans Les Infiltrés, le mouchardage devient même un schéma global de fonctionnement du monde : le héros, interprété par Leonardo DiCaprio, est un flic infiltré qui renseigne ses supérieurs sur les activités d'un gang de mafieux. Le méchant, Matt Damon, est au contraire un truand infiltré au sein de la police, qui informe son chef des enquêtes en cours. À un moment, on comprend que même le patron des gangsters est un informateur du FBI. Tous les personnages du film sont obsédés par l'idée de trouver « la taupe », « the rat » en anglais. À la fin, il y a ce plan symbolique d'un rongeur devant le Capitole.
Mais chez Scorsese, ça va plus loin encore. La Dernière Tentation du Christ, son film ultime sur la religion, ne parle que de la relation entre Jésus et Judas, le seul de ses apôtres avec lequel il a une vraie relation. La question de la trahison et de la dénonciation, chez Scorsese, c'est biblique en fait ! »


sur le tournage de "La Dernière Tentation du Christ"

Le générique de "La Dernière Tentation du Christ" conçu par Lon Kirschner et Joe Caroff