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"Section 99"

Section 99 - affiche

titre original "Brawl in Cell Block 99"
année de production 2017
réalisation S. Craig Zahler
scénario S. Craig Zahler
photographie Benji Bakshi
musique Jeff Herriott et S. Craig Zahler
interprétation Vince Vaughn, Jennifer Carpenter, Don Johnson, Udo Kier

Pour : la critique de Didier Koch pour Plans Américains

Le talent protéiforme de S. Graig Zahler, écrivain (romans, nouvelles, BD), scénariste, musicien, puis réalisateur à partir de 2015 avec le très bien accueilli "Bone Tomahawk", s’exprime à travers une revisite très personnelle du film de genre. Après le western-gore-vaporeux (tout un programme !), il prend, avec "Section 99", la direction du film de prison, dont il emprunte tous les codes dans une deuxième partie dont la violence est aussi repoussante dans sa conclusion qu’elle peut être fascinante dans sa mise en action.

Bradley Thomas (Vince Vaughn), ancien boxeur et dealer (mule, en vérité), a bien du mal à se réinsérer. Son union avec Lauren (Jennifer Carpenter de "Dexter") bat de l’aile. Quand il rentre chez lui après s’être fait viré de son job de dépanneur de voitures et qu’il découvre que sa femme a entamé une liaison, la colère qui lui fait mettre en pièces détachées la voiture de cette dernière (scène impressionnante donnant un avant-goût de la suite), cède la place au constat qu’il lui faut s’orienter à nouveau vers son ancien statut de malfrat pour donner une chance à son couple de repartir. Le manque d’argent étant bien évidemment le leitmotiv de cette décision n’ayant de prime abord ni queue ni tête. Malgré toutes les précautions prises, les choses finissent par se compliquer salement sous la forme d’un guet-apens tendu par la police. La prison est au bout du chemin, alors que le couple attend une petite fille. Le scénario conduit tout droit Bradley dans l’impasse d’un chantage, dont il assumera avec une détermination sans faille toutes les conséquences. L’univers carcéral pour seul horizon et sa femme en danger le conduisent vers un sacrifice qui ne se fera pas sans victime collatérale.

Vince Vaughn, du haut de ses presque deux mètres, impressionne sacrément depuis qu’il a décidé, après un intermède lucratif vers la comédie en compagnie de ses potes du Frat Pack (Ben Stiller, Steve Carell, Jack Black, Will Ferrell, Owen et Luke Wilson), de revenir aux rôles de durs dans lesquels il excelle. Déjà impressionnant de justesse dans la deuxième saison de la série "True Detective", il se transforme ici en force brute dont toute l’énergie et l’intelligence sont mues par la réparation du choix inique proposé à son épouse enceinte.

Sans être le chef-d’œuvre du film de prison, "Section 99" en épouse avec agilité tous les codes, dont il pousse certains à leur paroxysme au détriment d’une crédibilité dont on a bien compris qu’elle n’est pas vitale à l’intérêt du film. Dans la tradition des meilleurs films de prison, on retiendra bien sûr la prestation d’un Don Johnson absolument génial en directeur de pénitencier onctueux et sadique à souhait, avec de surcroît un goût relativement inédit pour la corruption. Un film très efficace à prendre avec le recul nécessaire, bénéficiant des décors très immersifs de Kim Fischer, qui n’est bien sûr pas à conseiller aux âmes trop sensibles.

Contre : la critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains

Déjà culte chez les super gros beaufs adeptes de divertissement ultra violent et bien nostalgiques de l'époque antique où le plus costaud (avec les plus grosses) écrabouillait à coup de pompes la tronche des affreux vilains.

Il y avait bien de quoi faire une minuscule série B, mais notre cinéaste adoré préfère se complaire dans le sordide, le sadisme, la torture et la barbarie.

Le recours systématique au gore - gratuit, bien sûr - provoque (c'est évidemment recherché) l’écœurement le plus total.

À force de se complaire dans le nauséabond, ce type de produit ne fait que faire le jeu de l'extrême droite. Mais ça aussi, c'est certainement recherché...

Un cinéma de la honte.